ILONE ET GEORGE KREMER
HERITIERS DE L’ÂGE D’OR HOLLANDAIS

Article publié dans la Lettre n° 336
du 6 février 2012


ILONE ET GEORGE KREMER HERITIERS DE L’ÂGE D’OR HOLLANDAIS. Après avoir fait fortune dans le trading et l’immobilier, le couple Kremer commence, en 1995, une collection de peintures hollandaises du XVIIe siècle. Dès le début, il suscite l’évènement quand on découvre que le Vieil homme en buste avec turban attribué à Jacques des Rousseaux est en réalité un Rembrandt. Les Kremer se sentent alors obligés de remonter le niveau d’exigence de leur collection, revendant les oeuvres les plus modestes, se documentant le plus possible et faisant appel à des spécialistes, parmi lesquels ils sont aujourd’hui certainement les meilleurs. Il nous est permis de voir en ce moment les 58 tableaux de leur collection, en tout point exceptionnelle, avec leurs teintes d’époque car débarrassés de leurs vernis, l’une des obsessions de leurs propriétaires.
Ce que l’on appelle « l’âge d’or hollandais » est cette période très particulière durant laquelle, une fois débarrassés des espagnols, de l’inquisition et de l’intolérance religieuse, la Hollande devient la République des Provinces-Unies (1580). Elle accueille alors les libres penseurs et les juifs persécutés de l’Europe entière ainsi que les huguenots français et elle finance les grandes compagnies maritimes, la Compagnie des Indes orientales en 1602 et la Compagnie des Indes occidentales en 1621. Tandis que leurs voisins sont empêtrés dans des guerres terrestres, les hollandais monopolisent le trafic maritime. La Hollande devient le pays le plus riche d’Europe avec une bourgeoisie aisée et cultivée, qui collectionne les « curiosités », les objets d’art et les tableaux.
Les peintres ne sont plus enfermés dans le carcan des règles et des sujets imposés par l’Eglise devenue « catholique » après le Concile de Trente (1545-1563). Au lieu de peindre des fresques religieuses, ils s’intéressent à la vie de tous les jours. Leur peinture est faite de portraits, de paysages, de scènes de genre qui plaisent à leurs commanditaires. Cette période exceptionnelle commence avec l’école maniériste d’Haarlem en 1620 et s’achève peu après la mort de Rembrandt (1669).
La collection est présentée en reprenant tout d’abord un à un tous ces genres. Elle commence par « Les gens » avec des portraits de Frans Hals (Portrait d’homme, vers 1637/1640), Rembrandt, Jacob Backer, Gerrit Dou. Puis viennent des scènes de « La Vie quotidienne » comme cet Homme lisant une lettre à une femme de Pieter de Hooch (vers 1683/1684) ou cette Femme préparant des crêpes avec un jeune garçon (vers 1650/1655) ou encore ce Jeune Garçon mangeant du gruau de Jan Hals (vers 1650), des sujets inimaginables avant cette époque.
Les dix-huit tableaux suivants sont consacrés aux « Paysages, animaux, objets ». Parmi ceux-ci on remarque cette Chaumière et Paysans trayant leurs chèvres de Abraham Bloemaert (vers 1620), ce Paysage d’hiver près d’une auberge d’Isack van Ostende (1643), ce Paysage boisé avec une ferme de Meindert Hobbema (vers 1663/1668), l’un des peintres de paysage les plus emblématiques d’Amsterdam, voire du pays tout entier, ces Navires sur une mer déchaînée ou dans une violente tempête de Ludolf Backhuysen (1702), Aernout Smit (vers 1670-1710) et Lieve Verschuier (1650) ou encore cette Nature morte à la corbeille de fruits de Judith Leyster (vers 1635/1640), la seule femme dans cet univers d’homme.
Les tableaux suivants illustrent « Le Clair et l’Obscur » avec, par exemple, ce Vieil Homme en buste avec turban de Rembrandt (vers 1627/1628) déjà mentionné, cette Vieille Femme examinant une pièce de monnaie à la lumière d’une lanterne (Allégorie de l’Avarice) de Gerrit van Honthorst (1623) ou cette Jeune Servante de Michael Sweerts (1660).
Enfin nous avons dix tableaux, dont la dernière acquisition des Kremer, Saint Marc de Jan van Bylert (1623-1630), dont on apprécie le minutieux travail de restauration, qui représentent des « Scènes religieuses et mystiques ». Une très belle collection et donc une très belle exposition. Pinacothèque de Paris 8e. Jusqu’au 25 mars 2012. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.pinacotheque.com.


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