IL ETAIT UNE FOIS L’ORIENT EXPRESS

Article publié dans la Lettre n° 370
le 16 juin 2014


IL ETAIT UNE FOIS L’ORIENT EXPRESS. Ce train mythique, qui a inspiré plus d’un livre et d’un film, dont le fameux Le Crime de l’Orient Express, d’Agatha Christie (1934), nous évoque avant tout la traversée de l’Europe jusqu’à Istanbul. Quel rapport avec le monde arabe ? La réponse nous est donnée dans la partie documentaire de cette exposition spectaculaire. L’homme d’affaires belge Georges Nagelmackers, créateur de ce qui allait s’appeler huit ans après son voyage inaugural entre Paris et Constantinople en 1883, L’Orient Express, voulait permettre aux européens de visiter le Moyen Orient et l’Egypte. Une gare existait de l’autre côté du Bosphore, sur la rive asiatique. Grâce au Taurus Express, elle permettait de rallier la Syrie, Tripoli du Liban, Bagdad, le Caire, Louxor et Assouan et, bien plus tard, en 1971, Téhéran.
La première partie de l’exposition (mais on peut inverser, surtout si la queue est longue) commence sur le parvis de l’IMA. La SNCF y a installé une de ses dernières locomotives à vapeur, celle qu’elle prête pour des tournages de films, et quatre wagons dont un wagon restaurant où les plus fortunés peuvent se régaler de la cuisine du chef multi-étoilé Yannick Alléno.
Les trois wagons que l’on visite sont incroyablement luxueux. Le premier est une Voiture Salon Pullman. Elle est composée d’un salon central avec dix tables et vingt fauteuils, encadré par deux compartiments-salons de quatre places. La décoration est l’œuvre du maître-joailler et verrier René Lalique. Le deuxième est une Voiture Lit qui accueillait 25 voyageurs. Les onze compartiments, aux boiseries en acajou verni, comprennent chacun un lavabo et une armoire de toilette. Le troisième est une Voiture Bar Pullman « Train Bleu » équipée d’une salle de restaurant de huit tables avec vingt-deux fauteuils bridge, d’un salon avec tables et petits fauteuils, d’un piano, d’un bar et d’un office. Là aussi la décoration est de René Lalique. Enfin nous avons la Voiture Restaurant Anatolie réservée au restaurant éphémère !
Les commissaires ont réalisé une mise en scène exemplaire et ludique en disposant sur les tables, les banquettes, les couchettes, etc. un grand nombre d’objets copiés sur ceux de l’époque, en évoquant certains voyageurs célèbres comme Pierre Loti, Agatha Christie, Graham Green ou la chanteuse orientale Asmahan, en reconstituant le crime de l’Orient Express, etc. C’est très bien fait, très vivant et il ne manque que les voyageurs.
La deuxième partie, dans les salles d’exposition de l’IMA, nous explique la genèse de ce train, ses itinéraires avec toutes leurs ramifications à travers l’Europe et l’Orient et nous montre, dans une scénographie constituée de sortes de grandes malles semblables à celles de l’époque, comme celles du malletier Moynat, les aménagements de ces voitures avec des objets anciens authentiques. On y voit aussi des maquettes de train, des affiches pour la promotion de la compagnie, des photographies anciennes des voyageurs, des hôtels et des sites, des billets de train et divers souvenirs. Des tableaux inspirés par cet Orient qui faisait fantasmer complètent cette évocation : Odalisque de Louis Courtat, 1882 ; La Baigneuse, dite de Valpinçon, d’Ingres, 1828 ; L’Âge de fer de Paul Delvaux, 1951 ou encore ce plaisant Portrait de Pierre Loti déguisé en guerrier arabe de fantaisie de Edmond de Pury, 1895. Une exposition très intéressante, sur un train qui fait toujours autant rêver. Institut du monde arabe 5e. Jusqu’au 31 août 2014. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.imarabe.org.


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