ICONES
ARABES - Art chrétien du Levant
Article
publié dans la Lettre n° 216
ICONES ARABES - Art chrétien du Levant.
Cette exposition rassemble quelque quatre-vingts icônes des XVIIe
et XVIIIe siècles, des objets liturgiques et dix-sept manuscrits,
tous originaires du Liban et de Syrie, qui mettent en lumière toute
la diversité du patrimoine culturel des chrétiens d'Orient et témoignent
de l'évolution de leur vie et de leur foi au travers des siècles.
Le Levant est le berceau du Christianisme. Différents cultes s'y
sont développés : orthodoxe, nestorien, maronite, arménien, melkite
… Aujourd'hui près de vingt communautés chrétiennes sont présentes
au Levant.
Les chrétiens d'Orient connurent deux « âges d'or »,
le premier sous le califat abbasides, le second, qui fait l'objet
de cette exposition, sous l'empire ottoman, à partir de la fin du
XVIe siècle. L'Islam, en débarrassant les églises schismatiques
rejetées par Byzance de la tutelle de Constantinople au IXe siècle,
avait libéré les énergies réprimées et ouvert la voie à des expressions
singulières de la pensée et de la spiritualité, en particulier la
philosophie aristotélicienne. L'Empire ottoman, quant à lui, favorise
l'art, l'économie, la démographie, en luttant contre la concurrence
de l'Empire perse devenu chiite et de l'Empire moghol de l'Inde.
Les communautés chrétiennes, à l'exception des arméniens et des
maronites, reviennent sous la tutelle de Constantinople, les Ottomans
confiant aux Grecs-Orthodoxes la gestion des autres communautés
chrétiennes.
Mais l'Empire ottoman est aussi ouvert aux contacts avec l'Europe
et les chrétiens profitent particulièrement de cette ouverture.
Rome choisit de prêcher la foi catholique en arabe. En 1706 la première
imprimerie du monde arabe est installée à Alep, troisième ville
de l'Empire, qui devient alors le centre de la renaissance chrétienne
avec près de 20% de la population.
Les icônes occupent une place primordiale au sein de l'église d'orient.
Elles sont bien plus que des œuvres d'art et ont un rôle liturgique.
Le lien entre l'icône et la liturgie s'incarne dans l'iconostase,
cloison qui sépare la nef où se tiennent les fidèles, du sanctuaire
réservé au clergé. L'exposition nous en donne d'ailleurs une évocation.
Rappelons aussi ce que disait Saint Jean le Damascène à leur sujet
: « Ce que la Bible est aux gens instruits, l'icône l'est
pour les analphabètes, et ce que la parole est à l'ouïe, l'icône
l'est à la vue ».
Les manuscrits écrits en arabe, arménien, syriaque, grec, etc. datent
du XIIIe au XIXe siècle et illustrent à merveille les influences
auxquelles ont été exposées les artistes de la région. Parmi ceux-ci
est présenté le plus ancien manuscrit chrétien enluminé et rédigé
en arabe, le Roman de Barlaam et Joasaph (XIIIe siècle), qui vient
d'être restauré au Centre de Conservation du Livre d'Arles.
C'est donc une passionnante et très belle exposition qui nous montre
le proche orient sous un autre jour que l'actualité. Institut
du Monde Arabe 5e jusqu'au 17 août 2003. Pour
voir notre sélection de photographies, cliquez ici.
Lien: www.imarabe.org/temp/expo.html
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