WILLIAM HOGARTH. 1697-1764

Article publié dans la Lettre n° 261


WILLIAM HOGARTH. 1697-1764. Le Louvre a la bonne idée, grâce à la générosité des musées anglais et de la Bibliothèque Nationale de France, de nous faire connaître le premier peintre anglais reconnu, à travers 45 peintures, 40 gravures, des objets et des livres dont son traité The Analysis of Beauty, qui avait pour ambition de former le goût de ses concitoyens. Auparavant, seuls les artistes étrangers, comme Holbein, Van Dyck, voire de petits maîtres français ou italiens, étaient appréciés en Angleterre ! William Hogarth, né dans une famille modeste, devient graveur sur métal puis fréquente l'atelier du peintre de cour James Thornhill dont il enlève la fille, pour l'épouser, en 1729 ! Hogarth poursuivra toute sa vie ce travail de peintre et de graveur, concevant ses peintures à l'envers, pour que la gravure, qui inverse le modèle, soit telle qu'il le souhaitait. En effet, Homme des Lumières, il voulut créer en Angleterre un art compréhensible par tous, tirant ses sujets de la vie contemporaine, créant des séries souvent caricaturales, moralisatrices tout en étant drôles et ironiques, très explicites, commentées si besoin est, et largement diffusées grâce à la gravure. Hogarth est le premier à avoir créé des lieux publics d'exposition et il est à l'origine de la loi qui porte son nom et qui protège les droits d'auteur.
Le parcours de l'exposition, qui suit un ordre relativement chronologique, est divisé en onze parties thématiques. Dans la première qui situe le contexte de l'époque (Newton et autres savants) nous voyons le célèbre Le peintre et son carlin (1745), représentant un autoportrait dans un ovale assez classique, devant lequel trône un petit chien et des livres de Shakespeare, Milton et Swift, preuves de la puissance créatrice du pays. Ensuite viennent des séries telles que Le Zèle et la Paresse (1747) où l'on voit l'évolution de deux apprentis d'un même atelier. L'un, Goodchild (Bongarçon) devient maire de Londres tandis que l'autre, Idle (Oisif), est pendu pour ses crimes. Le souci d'éducation, l'attention portée à la jeunesse et au peuple, le souhait de mettre l'art au service de tous sont déjà présents dans cette série de 12 gravures réalisées en 1747. Le spectacle de Londres représente quatre quartiers en mêlant satire sociale, critique morale et goût de la farce et du plaisir visuel. Toujours dans le cadre de ce nouveau spectacle social, la troisième section est consacrée à ces conversation piece, dans lesquelles Hogarth représente les personnages dans leurs multiples activités en société (prendre le thé, étudier des livres, etc.).
Viennent ensuite des séries plus ou moins édifiantes. La bière et le gin (1751) fait l'apologie de la bière et montre les ravages causés par le gin. Dans les étapes de la cruauté, Néro, son personnage, torture des animaux dans la première planche et termine sur une table de dissection dans la dernière ! Nous voyons également La Carrière d'une prostituée (1732) et La Carrière du roué (1734) véritables romans sans paroles qui nous laissent imaginer ce qui a pu se passer entre deux scènes. La très plaisante série Avant et Après (1736), réduite à deux scènes, ne nous dit rien sur ce qui a pu se passer entre les deux, mais ne laisse aucun doute au spectateur !
Même dans ses portraits Hogarth est peu conventionnel, privilégiant la simplicité et l'ancrage de ses modèles dans leur temps. En 1753 il publie son Analyse de la Beauté où il montre que l'observation directe est préférable à la copie des Anciens.
Nous arrivons ensuite à la huitième section tout entière consacrée au « Marriage A-la-Mode » (1743-1745), chef d'œuvre de Hogarth en six tableaux (nous voyons les toiles et les gravures) montrant les tristes conséquences d'un mariage arrangé, sans amour, pour la seule satisfaction sociale des parents des mariés. Par une multitude de détails le peintre exprime la complexité et la richesse du sujet et les cartels, excellents dans toute cette exposition, sont bien utiles pour le visiteur pressé. Après une série de 1754, sa dernière, sur les Elections, objets de corruption et autres tricheries, l'exposition s'attache à montrer le modernisme de l'artiste, organisateur de salons d'exposition et créateur de la première collection permanente d'art britannique à Londres avec des peintres comme Gainsborough et Reynolds. Musée du Louvre 1er (01.40.20.53.17) jusqu'au 8 janvier 2007. Pour voir notre sélection de diapositives, cliquez ici.
Lien : www.louvre.fr.


Retour à l'index des expositions

Nota: pour revenir à « Spectacles Sélection » il suffit de fermer cette fenêtre ou de la mettre en réduction