LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX. Cette exposition rend hommage à la nature et à son incroyable diversité dans tous les domaines. Elle tranche avec celles que nous avons l’habitude de voir dans ce magnifique édifice de Jean Nouvel qui se fond, grâce à ses grandes verrières, avec la nature environnante, pourtant en plein cœur de Paris.
Bernie Krause est l’inspirateur de cette exposition. Musicien et acousticien ayant travaillé à Los Angeles, notamment avec les Doors et Van Morrison, ainsi qu’à la musique de Rosemary’s Baby et d’Apocalypse Now, il s’est intéressé ensuite aux bruits de la nature. Son approche est unique. Il contemple le monde naturel en poète, écoute les vocalisations des animaux en musicien et, à travers ses enregistrements, les étudie en scientifique. Il ne recherche pas à isoler les sons produits par tel ou tel animal, mais capte l’ensemble des bruits entendus dans un territoire donné. Aujourd’hui, compte tenu du vacarme fait par l’homme dans ces territoires, ses enregistrements (quelque 5000 heures) sont souvent tout ce qui reste des sons que l’on pouvait entendre autrefois. Bernie Krause nous explique que « chaque espèce résidente acquiert sa propre largeur de bande acoustique – qui lui permet de se mélanger aux autres ou de créer un contraste – un peu comme les violons, les bois, les cuivres et les percussions délimitent leur territoire acoustique dans un arrangement pour orchestre ».
Cette approche peut paraître bien technique mais Hervé Chandès, commissaire de l’exposition, la transcende avec des œuvres de toutes sortes. On commence ainsi avec un dessin de 18 mètres de long, réalisé spécialement pour cette exposition par Cai Guo-Qiang avec de la poudre pyrotechnique. Il représente toutes sortes d’animaux se désaltérant autour d’un point d’eau. Il est présenté à la manière d’une fresque rupestre sur une construction en brique évoquant un orchestre aux dires des scénographes. Des photos présentées en boucle, prises avec des « pièges photographiques » par le japonais Manabu Miyazaki, nous montrent des animaux dans des scènes étonnantes.
Nous entrons dans la deuxième salle du rez-de-chaussée en longeant un élégant mur de céramique peint d’oiseaux d’Amazonie qui relie le jardin à l’intérieur du bâtiment et à l’exposition. C’est une commande à l’artiste brésilienne Adriana Varejão qui a utilisé un guide sur les oiseaux d’Amazonie. Nous découvrons ensuite des tableaux amusants représentant des animaux musiciens en écho à des vidéos où l’on voit les parades amoureuses de ces extravagants oiseaux de paradis de Nouvelle-Guinée.
Au sous-sol c’est un autre univers qui est présenté. Une étonnante installation électronique tridimensionnelle illustre avec des graphiques les sons captés par Bernie Krause. Si cette représentation est assez austère, en revanche, dans la salle voisine, une installation avec neuf écrans disposés à même le sol, Plancton, Aux origines du vivant, nous fait découvrir le monde fascinant de ces micro-organismes invisibles à l’œil nu. Une exposition originale, riche et variée. Fondation Cartier pour l’art contemporain 14e. Jusqu’au 8 janvier 2017. Lien : www.fondation.cartier.com.