GIRODET
(1767-1824)
Article
publié dans la Lettre n° 246
GIRODET (1767-1824). Voici une magnifique
exposition consacrée à ce très grand peintre « redécouvert » à l’occasion
de l’exposition organisée en 1967 à Montargis, sa ville natale,
pour commémorer le bicentenaire de sa naissance. La présente rétrospective
le met à sa vraie place, celle d’un peintre parmi les plus importants
à ce tournant de l’histoire de l’art, entre la fin du 18e siècle
classique et le début du19e siècle romantique.
Girodet est sans doute le peintre le plus cultivé de son époque
grâce à l’éducation que lui fit donner ses parents et celle qu’il
reçut d’un ami de la famille, le docteur Trioson. A la mort de ses
parents, celui-ci adoptera le jeune homme et le fera entrer dans
l’atelier de David, le plus prestigieux de l’époque. Grâce à l’enseignement
très compétitif du maître, Girodet fut reçu au grand prix de Rome
en 1789 avec « Joseph se faisant reconnaître de ses frères ».
La visite commence par « La Révolte du Caire », tableau-clé
de l’Empire, spectaculaire et saisissant, où s’expriment la virtuosité
et la sensualité de Girodet, puis suit un ordre globalement chronologique
permettant d’apprécier l’évolution de l’artiste marquée par les
bouleversements de l’Histoire : Révolution française, Empire, retour
des Bourbons.
La sensualité est l’un des principaux traits de la peinture de Girodet.
Citons « Le Sommeil d’Endymion » (1791), peint à Rome, montrant
le jeune berger nu endormi pour l’éternité visité par Vénus symbolisée
par la lumière de la Lune, « Pygmalion et Galatée » (1819)
et même « Mademoiselle Lange en Danaé », tout à la fois vengeance
de l’artiste envers son commanditaire qui n’avait pas apprécié le
portrait de celle-ci et satire féroce des nouveaux riches du Directoire.
Ce dernier tableau provoqua un énorme scandale, assurant la célébrité
de l’actrice et … celle du peintre !
Girodet fit aussi de nombreux portraits, depuis ceux du fils du
docteur Trioson (1797-1800-1803), sortes d’illustrations de « l’Emile »
de Rousseau, jusqu’à celui du général vendéen « Jacques Cathelineau »
(1816-1824), en passant par le troublant « Portrait de Chateaubriand »
(1808) dont il illustra magnifiquement l’œuvre avec « Atala au
tombeau », ceux de la « Reine Hortense » ou de la « Comtesse
de Bonneval » et l’un des 36 portraits (il n’alla pas jusqu’au
bout !) commandés par l’empereur - « Napoléon en costume impérial »
(1812) - sur lequel il était pourtant plutôt réservé.
Avant Géricault et Delacroix il s’intéressa aux physiques orientaux
dans des études de têtes (Odalisque, Amazone). Il
traita aussi des sujets très personnels comme celui d’Ossian « L’Apothéose
des héros français morts pour la Patrie pendant la guerre de la
Liberté » (1801) au sujet duquel David, stupéfait, parlera de
« personnages de cristal » ou le monumental (4,41 m x 3,41 m) « Une
Scène de déluge » où un homme cherche à arracher de l’eau tumultueuse
toute sa famille agrippée à lui.
En résumé une exposition somptueuse et complète montrant que Girodet
est bien l’un des plus grands peintres de son époque. Musée du
Louvre 1er (01.40.20.53.17) jusqu’au 2 janvier 2006.
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Lien : www.louvre.fr.
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