GEORGE DESVALLIERES
La peinture corps et âme
Article
publié dans la Lettre n° 395
le
11 avril 2016
GEORGE DESVALLIERES. La peinture corps et âme. Une fois de plus le Petit Palais rend hommage à un peintre pratiquement tombé dans l’oubli. Pourtant il n’est pas rare que dans une exposition généraliste une œuvre de George Desvallières (1861-1950) soit exposée. Cette fois, il s’agit de la première rétrospective qui lui soit consacrée, avec 90 œuvres (peintures, dessins, vitraux, tapisserie…) issues de musées français et de collections privées. Un catalogue raisonné de son œuvre complet, très intéressant, est également publié à cette occasion.
A la demande de son grand-père, George Desvallières, doué pour le dessin, est encouragé dans la voie artistique. Son maître est Gustave Moreau, un habitué de la famille, qu’il préfère à l’Ecole des beaux-arts, qu’il quitte un an après son admission. En 1883 il est reçu au Salon des artistes français où il expose tous les ans jusqu’en 1901. En 1903 il est l’un des fondateurs du Salon d’automne, qui s’annonce comme un Salon de combat et d’avant-garde et se tient, les premières années, au Petit Palais. Il est nommé président de la section de peinture et défend avec vigueur les « fauves », d’anciens élèves de Moreau réunis autour de Matisse, qui déchaînent la critique en 1905. C’est dans ces années-là qu’il revient à la foi chrétienne en l’église Notre-Dame-des-Victoires et qu’il rencontre Jacques Rouché, passionné de théâtre, qui devient son mécène et lui fait décorer, avec Maurice Denis, son hôtel particulier.
En 1914, Desvallières abandonne la peinture pour rejoindre le 6e bataillon des chasseurs à pied. Ses fils Richard et Daniel sont également mobilisés. Daniel sera tué en 1915. Richard et son père reviendront indemnes de cette guerre mais George avait fait le vœu, au cours d’une mission périlleuse, de consacrer sa peinture à Dieu. Dès lors, à partir de 1918, il ne peint que des œuvres religieuses, en particulier de vastes décors pour divers édifices religieux, souvent en collaboration avec Maurice Denis, avec lequel il fonde les Ateliers d’art sacré, et Georges Rouault. Un diaporama nous donne un aperçu de ces compositions. Il décède en 1950 à l’âge de 89 ans.
L’exposition suit un parcours chronologique. On y voit tout d’abord des portraits de famille et des autoportraits, où il se représente fièrement, des tableaux mythologiques, des athlètes. On note sa prédilection pour la technique du pastel dont il a une telle maîtrise qu’il est capable de faire avec elle de très grands tableaux comme Les Tireurs d’arc (1895). A partir de 1903, Desvallières se détache de l’emprise esthétique de Moreau, mort en 1898, et s’intéresse à la vie nocturne des théâtres et des grands hôtels. De cette période nous voyons de magnifiques portraits comme ce Un coin du Moulin-Rouge (1904). Après sa conversion, toutes ses œuvres sont donc consacrées à des sujets religieux, tels que des scènes de la vie du Christ, l’Hommage à la Bienheureuse Jeanne d’Arc (1912) ou encore l’étonnant Ascension du Poilu (1920). En regard de celles de Desvallières, nous pouvons voir des œuvres de Jules Elie-Delaunay, qui initia l’artiste au dessin, de Gustave Moreau, de Georges Rouault, de Maurice Denis, ainsi que de son fils Richard, ferronnier d’art, qui réalisa pour son père son épée d’académicien. Une très belle exposition bénéficiant d’une scénographie tout à fait remarquable. Petit Palais 8e. Jusqu’au 17 juillet 2016. Lien: www.petitpalais.paris.fr.
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