HAUTE CULTURE. GENERAL IDEA
Une rétrospective. 1969-1994

Article publié dans la Lettre n° 323
du 28 février 2011


HAUTE CULTURE. GENERAL IDEA. Une rétrospective, 1969-1994. A la fin des années 60, alors que tous les systèmes - politique, éducatif, artistique - étaient contestés, des artistes se sont rencontrés à Toronto (Canada) et ont travaillé d’une manière collective et anonyme sous le nom de General Idea (idée générale). Trois d’entre eux, nés respectivement en 1944, 1945 et 1946, continuèrent à travailler exclusivement dans ce collectif, prenant les pseudonymes de Jorge Zontal, Felix Partz et AA Bronson. Les deux premiers sont morts des suites du sida en 1994. AA Bronson continue son œuvre sous son propre nom.
Leurs origines différentes (deux canadiens, un italien) et la multiplicité de leur parcours personnel permettent une profusion d’idées de toutes sortes, dans de nombreux domaines, dont le résultat est touchant, drôle et agréable à voir, tout en étant réellement profond. L’exposition, qui privilégie un parcours thématique plutôt que chronologique, l’exprime à merveille.
Lorsque ces trois artistes se rencontrent, Felix réalise des peintures, des sculptures et des performances ; Jorge pratique la photographie, le film et la performance ; AA l’architecture, la photographie et la performance tout en étant éditeur. Cela leur permet de s’exprimer à l’aide de nombreux medias, très bien représentés dans cette rétrospective. Nous avons ainsi non seulement des peintures, des sculptures, des photographies et des vidéos mais aussi du mobilier, des maquettes, des installations, etc.
Ces trouble-fêtes détournent et récupèrent tout ce qui se fait alors. Ils lancent en 1971 un concours de beauté, Miss General Idea, personnage mythique qui deviendra leur muse, métaphore de l’œuvre et de l’idée, qui ne serait révélée au public qu’en 1984, soit treize ans plus tard ! Ils construisent et détruisent un Pavillon de Miss General Idea 1984, évoqué par des photos, des palissades de chantiers, des plans d’architecture, des vestiges de bâtiments, etc. alors que ce pavillon n’est que fictif !
A côté de ces fictions qui font sourire mais qui sont bien conçues et seraient réalisables, General Idea publie un magazine, FILE, qui plagie la maquette de LIFE, destiné à partager avec d’autres artistes canadiens leurs travaux et expériences. Il en éditera 26 numéros. Parmi les œuvres exposées, on remarque tout particulièrement XXX (bleu), 1984, une parodie des performances d’Yves Klein, où les trois compères ont peint chacun un X bleu avec un caniche en peluche, leur animal fétiche ; une robe réalisée avec des stores vénitiens ; une série de peintures représentant des caniches très stylisés dans les positions du Kama Sutra (Mondo Cane Kama Sutra, 1984) ; des portraits du trio dans différentes situations comme celle de l’affiche de l’exposition (P is for Poodle, 1983) ou encore Nightschool, 1989 et encore plus amusante, Baby Makes 3, 1984-1989 ; des blasons de toutes sortes ; le détournement d’une publicité pour du lait (Nazi Milk, 1979-1990) et d’une autre pour Marlboro (Untitled (Marlboro), 1985-1986) ; des tableaux réalisés avec des pâtes alimentaires (Pasta Paintings) ; des médicaments géants, etc.
Mais le thème qui transcende encore plus le travail de General Idea est celui qu’il exprime sur le sida, en déclinant les quatre lettres AIDS sous de nombreux aspects, s’inspirant du célèbre LOVE créé en1964 par Robert Indiana. Il assimile le mode de diffusion de l’art à celui du virus et lance dans le monde entier, y compris sous forme d’affiches et de papier peint, ce tentaculaire projet qui l’occupera jusqu’en 1984. Une très belle exposition qui ne laisse pas indifférent. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris 16e. Jusqu’au 30 avril 2011. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.mam.paris.fr.


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