GAULOIS, UNE EXPO RENVERSANTE
Article
publié dans la Lettre n° 342
du
11 juin 2012
GAULOIS, UNE EXPO RENVERSANTE. Le
titre de cette exposition est tout à fait mérité car bien des idées
reçues, depuis longtemps et encore de nos jours avec certaines bandes
dessinées, sont mises à mal, tout au long d’un parcours en cinq
étapes, où se mêlent didactisme, pédagogie, sciences et jeux.
La première partie est un prologue où sont montrés, à travers des
reproductions, les nombreux clichés véhiculés depuis 2000 ans sur
« nos ancêtres les gaulois ». L’essentiel de nos connaissances sur
les gaulois provient de La Guerre des Gaules de Jules César,
qui rendait compte ainsi au Sénat de son travail et faisait sa propre
promotion. Comme, jusqu’à une époque récente, on n’avait que peu
de vestiges de cette civilisation, les artistes et les « historiens »
ont inventé un mythe servant le régime et la cause du moment. Les
rois avaient des ancêtres, il fallait que le peuple en eût aussi !
La deuxième partie nous montre tout le travail effectué, enfin,
par les archéologues sur le territoire national, depuis André Malraux
et, plus récemment, par l’archéologie des LGV et des autoroutes
(!). C’est la partie la plus ludique du parcours et les enfants
s’en donnent à cœur joie dans les deux chantiers de fouilles et
les sept ateliers où ils découvrent « pour de vrai » des objets
enterrés dans le sol, reconstituent des poteries à partir des tessons
retrouvés, et font bien d’autres choses encore.
C’est grâce à ces travaux récents que l’on a découvert que les gaulois,
même s’ils n’ont pas laissé de grands monuments comme les arènes
de Nîmes ou le Pont du Gard, habitaient des maisons en bois et torchis
confortables, où ils ne passaient que peu de temps, car ils aimaient
la vie au grand air. Il n’y avait pas de ville - les oppida n’ont
été construits qu’au Ier siècle avant J.-C. pour lutter contre les
invasions des Cimbres et des Teutons et n’étaient pas d’authentiques
villes - mais il y avait des habitations sur tout le territoire,
proches les unes des autres ce qui facilitait la vie sociale et
politique, une passion chez les gaulois, qui élisaient leurs chefs.
Il y avait un réseau de communications dense et efficace que Jules
César mit à profit pour sa conquête et compléta par une voie allant
d’Italie en Espagne. Enfin, pour ne pas tout citer, les druides
ne ressemblaient pas vraiment à Panoramix. C’étaient des érudits
et des savants parlant latin et grec, ayant développé une communauté
fermée, analogue à celle de Pythagore, avec laquelle ils avaient
des relations, gardant leurs connaissances secrètes en interdisant
l’écriture (hélas !), réalisant les calendriers, prônant l’immortalité
de l’âme et sa réincarnation, rendant la justice et éduquant les
jeunes nobles qui devaient leur succéder.
On pénètre ensuite dans la troisième partie où l’on a reconstitué
des tombes et un sanctuaire. On peut voir que les tombes différaient
selon l’identité du défunt. Certains étaient inhumés, d’autres incinérés.
Les tombes pouvaient être vides ou remplies d’objets et d’aliments,
comme en Egypte et ailleurs. Cela a permis de mettre au jour les
magnifiques objets qui sont exposés dans cette partie, les originaux
ou des reproductions, dont un casque oiseau haut de 43 cm
découvert en 2004 à Tintignac (Corrèze) avec deux carnyx
(trompe de guerre) l’une à tête de serpent, l’autre de sanglier.
Ces objets témoignent de la maîtrise technique et artistique des
gaulois, qui n’a rien à envier à celle des grecs et des romains,
tout en sachant que les représentations humaines et divines leur
étaient interdites !
Dans la quatrième partie on voit un film de circonstance d’une quinzaine
de minutes, Légères perturbations en Centre-Gaule, mettant
en scène les aventures d’un aristocrate gaulois devant se rendre
à Bibracte. Enfin, après cet intermède plutôt amusant, on termine
la visite avec la cinquième partie « Adieu les mythes ? », qui fait
la boucle avec le tout début de l’exposition. Parmi les mythes,
citons les gaulois hirsutes alors que César, parlant de « la Gaule
chevelue », faisait référence à ses arbres; les sangliers qui n’étaient
que des cochons domestiques; le coq gaulois qui n’a jamais été l’emblème
des gaulois mais celui de la Nation à l’époque de la Révolution
et bien d’autres. Il faudra tout particulièrement lire le document
intitulé « la
Gaule aurait-elle abrité des « dahuts » ? » qui jette un doute
sur le sérieux de La Guerre des Gaules de Jules César. Aussi
passionnante que « renversante », voici une exposition qui intéressera
tous les publics, dès sept ans. Cité des sciences et de l’Industrie
19e. Jusqu’au 2 septembre 2012. Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien
: www.cite-sciences.fr.
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