GASTON FEBUS (1331-1391).
PRINCE SOLEIL

Article publié dans la Lettre n° 335
du 16 janvier 2012


GASTON FEBUS (1331-1391). PRINCE SOLEIL. Cette exposition est consacrée à l’une des figures marquantes du XIVe siècle, Gaston III de Foix-Béarn, qui se fait appeler « Fébus » (écrit avec un F selon la graphie occitane) qui signifie Apollon ou Soleil. C’est un personnage complexe, génie diplomate et politique, qui n’a de cesse de réunir ses principales possessions, le Comté de Foix et le Vicomté de Béarn, à cheval entre la France et l’Espagne, et séparés par le Comté de Comminges et le Comté de Bigorre. En ce début de ce qu’on allait appeler la « guerre de Cent ans » (1337-1453), Gaston Fébus réussit à ne pas faire acte d’allégeance au camp anglais conduit par le Prince Noir, tout en ne soutenant pas les rois de France successifs, Jean II, Charles V et Charles VI, alors que son père avait été au coté de Philippe VI en 1340, lors de l’« ost de Bouvines ».
Gaston Fébus était un prince fastueux, aimant les cérémonies somptueuses comme ce diner de Noël 1388 où il rassembla plus de 200 chevaliers servis par les nobles et les jeunes fils du comte. Il aimait et soutenait la poésie et la musique comme celle de Guillaume de Machaut. Il accueillit à sa cour le chroniqueur Jean Froissart, qui lui consacra son Livre III. C’était aussi l’homme le plus riche du royaume, gardant jalousement son trésor dans sa forteresse d’Orthez. Il avait également sa part d’ombre. Il était impétueux, avare et n’aimait ni sa femme, Agnès de Navarre, petite fille du roi Louis X le Hutin, qu’il répudia, ni Gaston, son unique fils encore vivant qu’il tua de ses mains au cours d’un accès de colère. Mais de cette vie foisonnante, l’histoire retint surtout celle d’un homme aimant la chasse et les animaux, auteur du plus célèbre ouvrage de cynégétique, Le Livre de la chasse, rédigé à partir de 1387.
Pour rendre compte de tout cela, l’exposition est divisée en trois sections. La première « Un prince dans la tourmente » relate les faits. Elle est illustrée de monnaies et de poids de l’époque, et de traités divers comme la promesse faite par Gaston Fébus de respecter la paix conclue avec Jean III, comte d’Armagnac, son grand rival.
La deuxième nous montre des « Images du Prince Soleil » et décrit « La cour d’Orthez » à travers des documents iconographiques de diverses époques (on n’a aucun portrait du prince), des ouvrages comme les chroniques illustrées de Jean Froissart (1137-1404) et de somptueux objets (vaisselles, aiguières, etc...).
Enfin, avant l’épilogue qui relate la mort brutale de Fébus au retour d’une chasse à l’ours, la section III, « La passion des animaux », est largement consacrée au Livre de la chasse dont on peut admirer l’un des plus beaux exemplaires, réalisé à partir de 1407 à la demande de Jean Sans Peur à partir de l’original (aujourd’hui au Musée de l’Ermitage) qu’il avait reçu de son père et dont il fit faire deux copies. Les illustrations sont magnifiques et l’on peut les admirer à loisir grâce à une vidéo. Gaston Fébus, grand chasseur - il alla même traquer le renne en Scandinavie - s’appuie sur sa connaissance concrète de la faune et de son environnement. Cerfs, sangliers, lièvres, ours, isards, etc... n’ont aucun secret pour lui. Ce livre eut un retentissement extraordinaire et fut même traduit en anglais. Une exposition intéressante au sein d’un musée passionnant. Musée de Cluny - musée national du Moyen Âge 5e. Jusqu’au 5 mars 2012. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.musee-moyenage.fr.


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