FLORENCE
Portraits à la cour des Médicis

Article publié dans la Lettre n° 386
le 5 octobre 2015


 
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FLORENCE. Portraits à la cour des Médicis. Cette exposition est la première consacrée au portrait florentin du XVIe siècle, tant en France qu’à l’étranger. Avec une quarantaine de portraits provenant du musée lui-même et de diverses institutions, nous avons un panorama complet de cet art si particulier qui permet de comprendre la modernité et la complexité des arts à Florence durant ce siècle. Après la « bella maniera » ou manière parfaite, selon Giorgio Vasari, du début du XVIe siècle dont les maîtres sont Leonard de Vinci, Michel-Ange, Raphaël et Andrea del Sarto, apparaît la « maniera moderna », qualifiée de maniériste par la critique, au XIXe siècle. Ce courant est né à Rome et en Toscane mais a essaimé dans toute l’Italie - Parme, Bologne, Venise - ainsi qu’en dehors des frontières, soit ramené par des artistes ayant séjourné en Italie, soit importé par des artistes italiens, tels Rosso Fiorentino et Primatice, venus en France à la demande de François Ier.
Le maniérisme a été défini comme un art qui s’exprimait à travers un style élégant et sophistiqué, antinaturaliste. Mais il a pris des formes variées selon les interprètes, les lieux et les époques. Parmi ses manifestations les plus courantes, mentionnons l’allongement des formes, l’angularité, le dynamisme, l’alanguissement, les silhouettes serpentines ou renflées à mi-corps.
Les sept salles de l’exposition illustrent tour à tour ces deux « manières » dans une présentation remarquable d’Hubert le Gall, à la fois chronologique et thématique.
Chronologique, car on commence avec des portraits peints durant la République de Florence (1494-1512) qui avait vu les Médicis fuir Florence et céder le pouvoir à Savonarole. Les portraits sont peints sur des fonds noirs ou avec des paysages parfaitement identifiables derrière eux, comme dans La Dame au voile de Ghirlandaio (1510-1515). Avec la reconquête par les Médicis, ce sont les portraits d’hommes en armes qui sont à l’honneur, comme le Portrait d’Alexandre de Médicis devant la ville de Florence, de Vasari (vers 1534). Peu après, sous Cosme Ier, de son mariage en 1539 à sa mort en 1574, fleurissent les portraits du Duc, puis de ses héritiers et des courtisans. Si les portraits du Duc doivent mettre en valeur son pouvoir, ceux des courtisans peuvent aussi retranscrire le caractère, les goûts et le statut social du modèle. Le grand maître de cette époque est Bronzino dont on voit les portraits du Duc et de son épouse, Eléonore de Tolède.
Thématique, car les deux dernières salles sont consacrées à des portraits typiquement maniéristes. La première présente des portraits de musiciens, Portrait d’un joueur de luth de Salviati (1529-1530) et des portraits d’hommes ou de femmes munis d’un livre, comme ce Portrait d’une jeune femme au recueil de Pétrarque d’Andrea del Sarto (vers 1528). La seconde, « La noblesse du grand portrait », nous montre des portraits de la reine Marie de Médicis, de courtisans et d’enfants, une spécialité des Tito père et fils. Ils sont peints en s’attachant minutieusement à la figuration des détails somptuaires. Une exposition remarquable et instructive. Musée Jacquemart André 8e. Jusqu’au 25 janvier 2016. Lien : www.musee-jacquemart-andre.com.


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