LA
FABRIQUE DU PORTRAIT,
RODIN FACE A SES MODELES
Article
publié dans la Lettre n° 300
LA FABRIQUE DU PORTRAIT, RODIN FACE A
SES MODELES. Devant son portrait sculpté par Rodin, Clémenceau
s’écria : « Ce n’est pas moi ». A quoi Rodin rétorqua : « Clémenceau
se voit dans la réalité. Je le vois dans sa légende ». C’est dans
cette distance entre l’œuvre finale et le sujet portraituré que
s’exprime le génie du sculpteur. Cette exposition a pour ambition
de nous dévoiler comment procédait Rodin pour faire les portraits
de personnages célèbres, morts ou vivants, ou de simples bourgeois
fortunés.
Tout d’abord il cherche à « s’emparer du modèle » y compris
à partir de photographies annotées, de sculptures ou de peintures,
de croquis parfois pris à la volée comme pour Victor Hugo, récalcitrant
aux séances de pose, ou de sosies, comme pour Balzac où il fait
appel à un charretier tourangeau.
Ensuite il lui faut « incarner le modèle », soit par des
conventions classiques, soit en cherchant à saisir le plus justement
possible l’esprit de son modèle, construisant et déconstruisant
son portrait, réalisant ainsi un nombre impressionnant d’ébauches
comme celles de Balzac, Clémenceau, Hugo ou la danseuse Hanako,
que l’on voit ici.
Rodin cherche enfin à « dépasser le modèle », afin d’obtenir
la « ressemblance de l’âme ». Il travaille alors les échelles à
la recherche de « proportions expressives ». Par exemple, le front,
siège de la pensée, est agrandi. Le lien entre le socle et l’œuvre
est également pensé (le portrait de Baudelaire est réduit à une
tête sans cou). Le choix du matériau, bronze pour les hommes, marbre
évanescent pour les femmes, participe enfin à la juste restitution
de l’âme du sujet. Musée Rodin 7e. Jusqu’au 23 août 2009.
Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien
: www.musee-rodin.fr.
Retour
à l'index des expositions
Nota:
pour revenir à « Spectacles Sélection »
il suffit de fermer cette fenêtre ou de la mettre en réduction
|