ETRUSQUES. Un hymne à la vie
Article
publié dans la Lettre n° 357
du
23 septembre 2013
ETRUSQUES. Un hymne à la vie. Avec
quelque 250 œuvres prêtées par les principaux musées italiens, allemands
et britanniques, cette exposition a pour but de nous montrer qui
étaient les étrusques et comment ils vivaient. Ce peuple occupait,
à l’âge du fer, le territoire de l’actuelle Toscane et de l’Ombrie,
depuis la plaine du Pô jusqu’au nord de Rome, mais avait des colonies
dans d’autres régions de la Méditerranée.
Originaires probablement d’Anatolie, les étrusques parlaient une
langue non indo-européenne, comme les basques. Ils avaient un système
d’écriture inspiré de l’alphabet grec, dont on trouve des exemples
non seulement dans les lieux de leur habitat, mais aussi très loin
de celui-ci, montrant ainsi l’importance de leur commerce et de
leur diplomatie. Au cours de leur histoire ils durent affronter
aussi bien les grecs que les carthaginois pour protéger leur commerce
en Méditerranée et leur territoire riche et fertile. Il ne subsiste
aucun édifice à l’exception notable des tombes, réunies en nécropoles,
où l’on a trouvé de nombreux objets, sculptures, poteries ainsi
que des fresques, dans les plus somptueuses. Ce mobilier et ces
peintures permettent ainsi d’avoir une idée directe de leur vie
et de leurs coutumes, connus jusqu’alors uniquement par les descriptions
peu flatteuses que les auteurs grecs et romains, scandalisés par
leurs mœurs, firent d’eux.
Le parcours de l’exposition manque de précision pour que l’on en
parle. Nous pouvons voir toutes sortes d’objets rassemblés par époque,
ou par thème ou par provenance. Parmi ces objets nous avons tout
d’abord les urnes cinéraires en forme de cabane du IXe siècle avant
J.-C. jusqu’à l’urne dite de « L’architecte », du IIe siècle
avant J.-C. Nous trouvons aussi de nombreuses poteries, dont le
fameux bucchero negro, une terre cuite à la paroi noire et luisante,
imitant le métal, avec un décor en relief pour les plus belles,
exportée dans tout le bassin méditerranéen du VIIe au début du Ve
siècle. A partir du Ve siècle, les étrusques se passionnent pour
les magnifiques céramiques à figures rouges sur fond noir, qu’ils
importent de Grèce avant de les faire fabriquer sur leur territoire.
Nous pouvons admirer aussi des bijoux, tel ce magnifique fermoir
de vêtement décoré de figures d’animaux en or du VIIe siècle,
des armes (casque à crête du VIIIe siècle) ou des statuettes.
Dans ce dernier domaine, comme on l’avait vu à la Pinacothèque de
Paris dans l’exposition Giacometti et les étrusques (Lettre
329), ces derniers pouvaient représenter les individus avec des
statuettes en bronze de forme filiforme, sans rapport avec la réalité.
Un exemple nous est donné ici avec une statuette d’Haruspice
du IIIe siècle.
Mais la pièce la plus spectaculaire est sans conteste la reconstitution
de la tombe du navire (470 avant J.-C.) dont les fresques
ont été transposées sur toile afin de les conserver. Nous pouvons
voir ainsi à quoi ressemblent ces tombes et en particulier admirer
une représentation de ces fameux banquets, objets de l’opprobre
des grecs et des romains. En effet les femmes y tenaient le même
rang que les hommes, s’habillaient comme eux, disposaient de leur
propre klinai (lit de banquet) et buvaient à la santé de
qui leur plaisait ! Après le banquet où l’on servait les mets, venait
le symposion, où des danseurs et musiciens venaient réjouir
l’assistance. Nous avons un autre aperçu de ces tombes à fresques
avec les copies grandeur nature qu’en ont fait des archéologues
lors de leur découverte et par le film projeté à la sortie de l’exposition.
L’autre sujet de réprobation était la liberté sexuelle, comme nous
dirions aujourd’hui, des étrusques. Les auteurs grecs écrivent que
cela ne les dérangeait pas de faire l’amour en public, y compris
avec des jeunes gens, ce que confirme certaines peintures où l’on
voit des rapports homosexuels, des rapports avec plusieurs partenaires
et même des pratiques sadomasochistes ! Pour illustrer ce sujet,
l’exposition nous présente, avec un avertissement pour les jeunes
visiteurs (!), plusieurs vases à motifs érotiques qui ne laissent
aucun doute sur ces pratiques. Pour conclure nous dirons qu’il s’agit
là d’une exposition d’objets très intéressants, souvent magnifiques,
mais relativement pauvre sur le plan didactique, en dépit du dépliant
remis à l’entrée. Musée Maillol 7e. Jusqu’au 9 février 2014.
Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici.
Lien : www.museemaillol.com.
Retour
à l'index des expositions
Page
d'accueil de « Spectacles Sélection »
|