ESQUISSES PEINTES DE L’EPOQUE ROMANTIQUE :
Delacroix, Cogniet, Scheffer …
Article
publié dans la Lettre n° 357
du
23 septembre 2013
ESQUISSES PEINTES DE L’EPOQUE ROMANTIQUE :
Delacroix, Cogniet, Scheffer … Personne n’achèterait la première
version d’un livre ou d’un morceau de musique, avant tous les changements,
modifications, retouches et corrections apportés par son auteur.
C’est cependant ce qui se passe en peinture ! Pour sa réouverture
le Musée de la Vie romantique, présente une exposition consacrée
à l’esquisse qui, « pour n’être qu’une ébauche, n’en doit pas moins
présenter les conditions d’un tableau : composition, dessin, couleur,
perspective, clair-obscur ». C’est en pensant à toutes les toiles
et donc aux esquisses peintes par Ary Scheffer, en ce lieu, où il
avait fait construire les deux ateliers qui accueillent aujourd’hui
les expositions temporaires, que l’idée lui en est venue.
Le parcours de l’exposition se développe en quatre parties. La première
« De l’idée au tableau » montre comment l’esquisse est une étape
dans l’élaboration de l’œuvre définitive. Nous y voyons les esquisses
d’œuvres célèbres comme Le Radeau de la Méduse (vers 1819)
de Géricault ou L’Arrestation de Charlotte Corday (vers 1830)
d’Henry Scheffer, frère cadet d’Ary. Celles-ci ont été réalisées
par des peintres connus comme Chassériau, Guérin, Gros et surtout
Delacroix, ou moins connus comme Papety, Roqueplan ou Louis Hersant
dont l’ébauche de Des religieux du Saint Gothard portent secours
à une famille (vers 1824) est très proche d’un tableau achevé,
s’il n’était d’un petit format. Dominant la salle, l’imposante esquisse
du Combat de Nazareth du baron Gros nous montre l’ébauche
d’une importante commande de Napoléon qui ne fut jamais exécutée.
La salle suivante est entièrement consacrée à des « Esquisses peintes
d’Ary Scheffer » (1795-1858) nous permettant de connaître la genèse
de ses peintures. Cet artiste, exigeant, travaillait sur certains
sujets, qui le hantaient, durant plusieurs années. C’est ainsi qu’il
peignit dès 1822-1824 une esquisse de son célèbre Les Ombres
de Paolo et Francesca apparaissent à Dante et à Virgile, qu’il
ne réalisa qu’en 1835, pour en faire une seconde version en 1854
et enfin une troisième en 1858.
La troisième salle, « L’esquisse comme exercice », nous montre comment
se déroulait le concours permettant de décerner le Prix de Rome
à partir de 1813. Celui-ci se déroulait en trois épreuves éliminatoires
durant lesquelles les candidats devaient faire des esquisses en
Composition historique ou en Paysage historique, puis
une Etude de figure nue, avant de travailler, pour la petite
dizaine de finalistes, durant soixante-douze jours, sur le tableau
final dont ils avaient fait une esquisse, en loges séparées, durant
douze heures. Nous pouvons voir un grand nombre de ces esquisses,
conservées aujourd’hui à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts,
peintes par Cogniet, Fleury, Giroux, Potier, Schopin, Signol, Serrur,
Zier … Nous avons aussi l’esquisse et le tableau final du Samson
et Dalila de Court, qui permit à ce dernier de remporter le Grand
Prix de Rome en 1821.
La dernière salle, « L’esquisse comme validation », est consacrée
aux esquisses permettant aux autorités de passer commande d’une
œuvre. Ces commandes officielles furent légion sous la restauration
et la monarchie de Juillet. De nombreux concours furent organisés
pour la décoration des églises, rendues au culte après la signature
du Concordat en 1801, ou des édifices publics comme l’Hôtel de Ville,
la Chambre des députés ou la galerie des Batailles du château de
Versailles. Ces esquisses sont conservées aujourd’hui par le Musée
du Petit Palais. Comme dans les salles précédentes, nous pouvons
voir plusieurs esquisses successives d’un même tableau. C’est en
particulier le cas de Cogniet dont on voit quatre esquisses pour
Les Saintes Femmes au Tombeau (vers 1836) ou de Langlois
avec deux esquisses du Mariage de la Vierge (1833). Mais
dans cette salle c’est encore Delacroix qui est à l’honneur avec
plusieurs esquisses dont celle du plafond du Salon de la Paix
de l’Hôtel de Ville de Paris (1852), détruit lors de l’incendie
de 1871. Une exposition originale et passionnante. Musée de la
Vie romantique 9e. Jusqu’au 2 février 2014.
Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici.
Lien : www.vie-romantique.paris.fr.
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