« L'EPEE. USAGES, MYTHES ET SYMBOLES »

Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n° 328
du 13 juin 2011


L'EPEE. USAGES, MYTHES ET SYMBOLES. L'épée est présente dans toutes les civilisations pratiquant la métallurgie, de l'âge du cuivre jusqu'à notre époque. Mais c'est au Moyen Âge qu'elle devient l'un des objets les plus représentatifs de cette époque, avec de multiples usages très éloignés de son objet primitif, l'arme de combat et de défense destinée à vaincre l'ennemi et à donner la mort.
C'est aussi assez naturellement un objet de loisir, pour l'escrime et pour la chasse. L'exposition nous montre d'ailleurs deux épées de chasse prestigieuses, celle de Philippe le Beau, père de Charles Quint (XVIe siècle) et celle de René d'Anjou. Justement l'épée est aussi un objet de prestige et de pouvoir. Elle illustre la prérogative royale en matière de droit et sert à rendre la justice. Elle est utilisée lors de rituels fondamentaux comme l'adoubement, où le nouveau chevalier se voit remettre une épée qui témoigne d'une sorte de seconde naissance, ou le sacre, où le connétable remet au nouveau roi l'épée qui lui permet d'assurer sa charge.
Il existe ainsi des épées nationales dont plusieurs sont exposées. La plus intéressante, pour nous, est bien sûr la célèbre Joyeuse, l'épée de Charlemagne, qui servit pour les sacres des rois de France et que l'on voit au côté de Louis XIV dans le tableau de Hyacinthe Rigaud. On peut voir également les restes de l'épée de Childéric, trouvée en fouilles en 1653 et que Louis XIV, très conscient du symbole que cela représentait, mit douze ans à acquérir avec le trésor auquel elle appartenait.
L'exposition nous donne aussi des explications très intéressantes sur le maniement des armes (mettant même à la disposition des visiteurs une épée pour s'exercer !) ; sur les très nombreux types d'épées existants de par le monde, même si toutes possèdent les quatre mêmes éléments : la lame, la garde, la fusée et le pommeau ; sur leur classement en fonction de leurs formes ; sur la littérature qui les met en valeur, etc.
Mais l'épée est aussi un objet de fantasme. On leur donne des noms comme pour les célèbres Durandal, Excalibur et Hauteclaire. Elles peuvent être dotées de propriétés extraordinaires comme voler, briser un roc, rendre invincible son propriétaire. Leur utilisation confine alors à la magie. On fait même des épées de saints, pour les saints militaires avant leur conversion. On a ainsi l'épée de saints Côme et Damien, l'épée de saint Maurice, l'épée de saint Georges.
Mais l'épée est avant tout un instrument viril. On trouve bien de petites épées qui servaient à l'entraînement des enfants mais nous n'avons qu'une épée de femme, trouvée dans sa tombe. Enfin, aujourd'hui encore, l'épée est un objet symbolique. Les académiciens portent une épée et dans certains cantons suisses c'est un symbole du droit de vote ! Une exposition très instructive qui nous permet de voir quelques très beaux spécimens. Musée de Cluny 5e. Jusqu'au 26 septembre 2011. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.musee-moyenage.fr.


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