L'ENFANT
CHERI au siècle des Lumières
Article
publié dans la Lettre n° 214
L’ENFANT CHERI au siècle des Lumières.
Jean-Jacques Rousseau, l’inspirateur des nouvelles théories éducatives
des XVIIIe et XIXe siècle mit ses cinq enfants aux Enfants-Trouvés,
s’excusant au motif qu’en tant qu’auteur il n’aurait pu travailler
en paix pour les nourrir à cause du tracas qu’ils auraient engendré !
Ces excuses ne le satisfaisaient pas et c’est le remords qui le
détermina à écrire l’Emile.
Lors de sa publication en 1662 le succès fut immédiat et ses principes
furent aussitôt débattus dans les salons comme dans les journaux.
Rousseau engage les mères à allaiter et les pères à enseigner au
lieu de confier leurs fils et filles à des nourrices et précepteurs
« mercenaires ». S’exprimant avec passion, Rousseau convainc
ses contemporains de l’intérêt de cette démarche : « L’attrait
de la vie domestique est le meilleur contrepoison des mauvaises
mœurs. Le tracas des enfants rend le père et la mère plus nécessaires,
plus chers l’un à l’autre ; il resserre entre eux le lien conjugal.
Qu’une fois les femmes redeviennent mères, bientôt les hommes redeviendront
pères et maris ».
Ainsi cet enfant acquiert le statut d’une personne pensante mais
dont les besoins et attitudes sont différents de l’adulte, selon
les mots de Rousseau : « Il faut considérer l’homme dans l’homme
et l’enfant dans l’enfant ».
La reconnaissance de l’enfant comme un être à part entière et de
l’enfance comme un moment essentiel à la formation de l’adulte modifient
les relations familiales et leur représentation vers une plus grande
intimité, empreinte de tendresse et de spontanéité.
C’est cela que nous explique cette très rafraîchissante exposition,
dans un cadre bucolique propice à la flânerie avec quelque sept
thèmes : Portraits de familles – Gravures – Peindre l’enfance :
les nouvelles conventions – Les visages changeants de la petite
enfance – Les enfants et leurs jeux – L’adolescence – Le portrait
aristocratique, illustrés par près de 80 œuvres de Vigée-Lebrun,
Greuze, Fragonard, Mosnier, Trinquesse, etc. Musée-Promenade,
Marly le Roi / Louveciennes 78 (01.39.69.06.26) jusqu’au
15 juin 2003 (puis au Musée de Cholet du 10 juillet au
12 octobre 2003).
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