EMILE BERNARD (1868-1941)
Article
publié dans la Lettre n° 372
le
6 octobre 2014
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EMILE BERNARD (1868-1941). C’est la
première rétrospective consacrée à cet artiste protéiforme, peintre,
graveur, mais aussi critique d’art, écrivain et poète, à la longue
carrière. Si la place capitale qu’il tient dans l’élaboration de
l’art moderne n’a pas toujours été reconnue, cette exposition répare
tardivement cet oubli. Après une courte période impressionniste
(mouvement né en 1874), il inaugure le style cloisonniste (La
Moisson d’un champ de blé, 1888), une « théorie contraire »
au pointillisme de Signac qu’il rejette. Il s’agit d’une peinture
en compartiments rappelant le vitrail, les émaux cloisonnés et les
estampes japonaises que Van Gogh, qui sera son ami, promeut avec
vigueur. A Pont Aven, il fait la connaissance de Gauguin avec lequel
il se brouillera, lors du retour de celui-ci de Tahiti, en 1891,
lui reprochant de s’approprier l’invention du symbolisme !
Bernard décide alors de partir pour l’Orient en passant par Rome
où il admire les fresques de la chapelle Sixtine, Constantinople,
l’île de Samos où il décore une chapelle et enfin le Caire où il
arrive en 1893. Comme Delacroix, il sera séduit par cet Orient si
différent et ne reviendra définitivement en France qu’en 1904. Là-bas,
il épouse une jeune chrétienne d’origine syrienne qu’il abandonnera
à son retour. Durant cette longue période il fait aussi un séjour
en Espagne, où il se lie d’amitié avec le peintre Zuloaga, et à
Venise, où il découvre les maîtres anciens et où il participera
à plusieurs éditions de la Biennale jusqu’en 1930. Il s’ensuit pour
lui un « Retour à l’ordre », titre de la dernière section du parcours,
où il peint de grandes toiles, un peu à la manière de Cézanne, qu’il
considérait comme son maître, mais revue par les Maîtres italiens.
Le parcours suit les différentes étapes de la vie d’Emile Bernard.
On voit tout d’abord ses tableaux « symboliques » (Ponts de fer
à Asnières, 1887 ; Madeleine au bois d’amour, 1888 ;
La Marchande de rubans, vers 1888-1890 ; Les Baigneuses
à la vache rouge, 1889). Viennent ensuite ceux qu’il a peints
durant son exil oriental (Autoportrait au turban jaune, 1894 ;
Pleureuses au Caire, 1895 ; Mendiants espagnols, 1897 ;
Les Trois races, 1898 ; Femmes au bord du Nil, 1900 ;
Sur un pont à Venise, 1903). Puis une section intitulée « Cézannisme »
où l’on remarque, entre autres, trois vues de la ville de Tonnerre
(1904) et une Nature morte aux pêches et aux poires, 1938.
Dans la dernière section, déjà mentionnée, on voit de grandes compositions,
comme celles de Courbet ou des maîtres italiens. Citons Les Nymphes
(Après le bain) (1908) ; La Famille à Tonnerre (1908-1910) ;
Baigneuses (1926) ; Scène de bordel (vers 1934).
Deux sections sont consacrées aux autres activités artistiques de
Bernard. La première concerne les arts décoratifs avec notamment
un cabinet (1902). La seconde nous propose un large choix
d’œuvres graphiques. Bernard utilise une multitude de procédés et
de moyens : gravure sur bois, zincographie, lithographie, gouache,
crayon, plume, aquarelle. Il réalise des affiches, des illustrations
de livres (Victor Hugo, La Fin de Satan, 1935), des dessins,
etc. Cette exposition est un enchantement tant les œuvres exposées
sont variées, dans leurs styles et leurs sujets. Musée de l’Orangerie
1er. Jusqu’au 5 janvier 2015.
Lien : www.musee-orangerie.fr.
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