LA DYNASTIE BRUEGHEL

Article publié dans la Lettre n° 364
du 10 février 2014


LA DYNASTIE BRUEGHEL. C’est l’une des trois expositions que la Pinacothèque de Paris présente sous le thème « Les peintres témoins de leur temps ». Est-ce que des tableaux représentant La résurrection (1563), une allégorie sur Les flatteurs (1592), une Danse de mariage en extérieur (vers 1610), des Paysans se battant à propos d’une partie de cartes (vers 1615-1618) ou encore un Paysage fluvial avec des paysans (vers 1640) témoignent de ce qu’était la vie en Flandres aux XVIe et XVIIe siècles ? C’est assurément très réducteur. En revanche, nous avons la chance de voir côte à côte des tableaux de cette grande famille de peintres ainsi que de peintres qui leur furent proches. Parmi ceux-ci nous avons Jérôme Bosch qui encouragea sans doute Pieter Brueghel l’Ancien (1525/1530-1569) à faire, comme tant d’autres, le voyage en Italie aux alentours de 1553. Ce n’est semble-t-il qu’à cette époque que l’artiste, qui ne s’était consacré jusque-là qu’au dessin et à l’estampe, réalisa ses premières peintures, fortement inspirées par Jérôme Bosch, à tel point que certaines furent gravées sous le nom de ce dernier, plus connu que le sien !
En 1563 Pieter Brueghel l’Ancien épouse Mayken, la fille de Pieter Coecke, déjà mort et qui fut peut-être son maître. Celle-ci était peintre elle aussi et c’est sans doute elle qui initia à la peinture les enfants nés de cette union. Le premier est Pieter Brueghel le Jeune (1564/1565-1638) dit Brueghel d’Enfer, suite à une confusion avec certains tableaux de son frère, Jan Brueghel l’Ancien (1568-1625), dit Brueghel de Velours. Ils eurent aussi une fille, Maria, dont on ne sait rien.
Pieter Brueghel le Jeune, comme bien d’autres artistes de son temps, consacra une grande partie de sa carrière à copier les tableaux de son illustre père. Sur les quarante-cinq tableaux de ce dernier qui nous sont parvenus, plus de la moitié furent copiés, parfois à des dizaines d’exemplaires, ce qui ne facilite pas le travail des historiens. Certains, disparus, ne nous sont connus que par ces copies. Dans la mesure où la plupart de ces tableaux étaient dans des collections, on peut penser que Pieter Brueghel le Jeune utilisa des estampes et son imagination pour les reproduire. Ses propres œuvres, comme Le Piège à oiseaux (1605) traduisent un charme indéniable.
Jan Brueghel l’Ancien eu une carrière brillante et prolifique. Comme son père il entreprit le voyage en Italie en 1589. Il rencontra à Rome une importante communauté d’artistes flamands, dont Paul Bril, qui eut une influence considérable sur les autres peintres jusqu’à Poussin et Claude Lorrain, ainsi que l’artiste allemand Hans Rottenhammer avec qui il débuta une fructueuse collaboration. Ce dernier peuplait de petites figures les paysages de Jan Brueghel, selon un partage des tâches fréquent à cette époque chez les artistes flamands où certaines parties du tableau étaient confiés à des « spécialistes ». Rubens lui-même exécuta pour lui des figures nues avec lesquelles il n’était pas familier, tandis que lui-même ornait certaines toiles à sujets religieux ou mythologiques du premier, de guirlandes de fleurs où il excellait (Fleurs dans un vase bleu, vers 1608).
Parmi les enfants de Jan Brueghel l’Ancien, dont trois moururent avec lui du choléra en 1625, Jan Brueghel le Jeune (1601-1678), après un apprentissage chez son père, partit pour Rome en 1622. Il en revint à la mort de celui-ci pour reprendre son atelier où, après avoir achevé les toiles laissées par son père, il réalisa de nombreux tableaux de natures mortes, de fleurs et de paysages, sans oublier des copies des tableaux de son père ou de son grand-père, toujours aussi recherchés. Ses compositions sont moins denses que celles de ses aïeux mais ont encore beaucoup d’attraits comme cette Allégorie de l’Odorat (1645-1650).
Parmi les onze enfants de Jan Brueghel le Jeune, cinq devinrent peintres et continuèrent, avec d’autres membres de la famille, à faire rayonner le nom de Brueghel jusqu’en 1719. Cette exposition ne peut donner qu’une vue très partielle de cette dynastie de peintres mais est tout à fait significative et exemplaire. Pinacothèque de Paris 8e. Jusqu’au 16 mars 2014.
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