DVARAVATI
Aux sources du bouddhisme en Thaïlande

Article publié dans la Lettre n° 296


DVARAVATI, aux sources du bouddhisme en Thaïlande. Voici véritablement une exposition tout à fait exceptionnelle rendue possible grâce à la collaboration d’une douzaine de musées nationaux thaïlandais qui ont bien voulu prêter 145 œuvres illustrant, avec les 19 pièces appartenant au musée Guimet, l’art du « royaume » de Dvâravatî. Le mot royaume est une facilité de langage car on ne connaît pratiquement rien de la structure politique de la vaste région à qui l’on a donné ce nom et qui occupait une partie de la Thaïlande moderne, celle des plaines centrales. Il pouvait tout aussi bien s’agir d’un ensemble de cités-Etats dont les vestiges vont du VIe au XIe siècle et même au XIIIe siècle dans le nord du pays.
Dans ces villes les monuments, en particulier les stupas, étaient construits dans des matériaux fragiles et il ne reste que des fragments d’architecture. En revanche les pièces importantes étaient en pierre ou en bronze. Ce sont celles-ci que l’on admire tout particulièrement dans cette exposition, entièrement consacrée à l’art bouddhique de cette période de l’histoire thaïlandaise.
Cette région prospère était à la croisée des routes terrestres et maritimes reliant l’Inde et la Chine. Très tôt elle a été influencée par les religions de l’Inde, tout d’abord l’hindouisme avec des cultes à Vishnu, Siva ou au dieu soleil Surya, et ensuite le bouddhisme et en particulier le bouddhisme dit du petit véhicule (theravâda), dont l’iconographie est très caractéristique.
L’exposition commence par quelques pièces très anciennes (pièce de monnaie, objets provenant d’Inde ou de Birmanie, tablettes votives, …) puis s’organise selon un principe thématique. Nous voyons tout d’abord des roues de la Loi et les différents éléments qui s’y rattachaient. Ces roues, symbole de l’enseignement de Bouddha, sont l’une des créations les plus originales et les plus spectaculaires de l’art de Dvâravatî. Elles sont en ronde bosse et pour l’une d’entre elle, même les rayons sont sculptés. Leur décoration est très riche et ne laisse pas beaucoup de place au « vide ». Des petites sculptures en terre cuite pouvaient compléter l’ornementation de ces roues de la Loi, qui s’inspirent de leur modèle indien, celui du tout premier art bouddhique, à l’époque des empereurs maurya (IVe - IIe siècle avant J.-C.).
Après deux magnifiques stèles narratives provenant des régions excentrées du nord-est de la Thaïlande, nous entrons dans la deuxième partie de l’exposition où l’on peut voir toutes sortes d’éléments de décor architectural en stuc ou en terre cuite ayant jadis orné les monuments. Parmi ceux-ci nous avons des panneaux narratifs illustrant des vies antérieures du Buddha, les jâtaka, des têtes d’animaux ou de divinités, une scène d’orchestre, etc. C’est moins spectaculaire que les roues de la Loi mais très intéressant par les motifs et les sujets évoqués.
La dernière section regroupe les images du Buddha représentatives du style de Dvâravatî. Il s’agit de très belles sculptures en ronde-bosse, en pierre ou en bronze, qui témoignent de l’excellence des sculpteurs autour des VIIe-IXe siècles, représentant la plupart du temps Buddha ou ses disciples. L’iconographie obéit à des règles très strictes. Le Buddha est représenté habillé du vêtement monastique, avec une protubérance crânienne, une touffe de poils entre les sourcils et une position des mains symbolisant le plus souvent la méditation, l’enseignement, l’argumentation, la bienveillance, la compassion ou encore la mise en marche de la roue de la Loi. Malgré ces règles, ces sculptures dégagent presque toujours une grande douceur et le modelé des vêtements leur confère une véritable humanité. Musée Guimet 16e. Jusqu’au 25 mai. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.museeguimet.fr.


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