Parcours en images et en vidéos de l'exposition

DIVAS
D’Oum Kalthoum à Dalida

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°530 du 15 septembre 2021




Entrée de l'exposition
Divas, d’Oum Kalthoum à Dalida invite à découvrir la vie et la carrière des plus grandes artistes de la musique et du cinéma arabe des années 1920 aux années 1970.

Oum Kalthoum, Asmahan, Fayrouz, Warda, Dalida, Tahiyya Carioca, Samia Gamal, Laila Mourad, Sabah, Souad Hosni, Faten Hamama, ou encore Hind Rostom sont pour la première fois réunies et mises à l’honneur dans une exposition d'envergure.

Femmes du peuple ou issues de la grande bourgeoisie, orphelines ou exilées, musulmanes, chrétiennes ou juives, leur histoire est unique et témoigne de la diversité sociale et culturelle du monde arabe. L'exposition rend hommage à ces femmes puissantes qui ont contribué à transformer les arts dans lesquels elles ont excellé et ont permis à l'Égypte et au Liban de rayonner sur le monde arabe. Rompant avec les traditions, elles ont donné aux femmes une place alors inédite dans les domaines de la presse, de la musique, de la danse, du chant et du cinéma. Grâce à leur talent et leur charisme, elles menaient la foule souvent masculine, jusqu’à l’extase lors d’un concert et le public retenait son souffle dans les salles de cinéma. Au-delà de leur génie artistique, elles ont incarné les idéaux de la société arabe et ont, pour certaines, défendu avec ferveur leurs positions politiques. Elles ont su tirer parti des évolutions technologiques du siècle, de l’avènement du disque, de la radio et du cinéma. Dépassant les frontières, elles ont conquis le cœur du public arabe, de Damas à Casablanca, de Paris à Alger.

Leur combat pour l'émancipation trouve encore un écho dans la création d’aujourd’hui. L'exposition se termine par des installations, pour la plupart inédites, de sept artistes internationaux qui témoignent de la pérennité de l’héritage des divas dans l’art et la musique contemporaine.

Grace aux familles de ces divas, à leurs amis mais également à des collectionneurs passionnés, des œuvres uniques ont pu être réunies ici pour la première fois. En miroir du portrait intime et public de ces artistes d'exception, c'est une histoire politique, intellectuelle et sociale du monde arabe qui se dessine interrogeant la place des femmes dans les sociétés arabes.


 

La bibliothèque féministe arabe

Au XIXe siècle la lutte pour la libération des femmes a été portée par des « hommes féministes ». En ce début du XXe siècle en Égypte, ce sont de grandes autrices qui s’illustrent dans le combat des droits de la femme. Traité d’éducation, essai sur la condition de la femme arabe, réflexion sur l’accès au travail, poèmes, nouvelles composent notre bibliothèque féministe arabe. Le principal organe de diffusion de leurs idées est néanmoins la presse. En Égypte, une trentaine de périodiques de femmes sont parus entre 1892-1920. Elles s'y expriment sur leur situation et interviennent dans les différents débats qui animent leur époque en investissant la scène publique égyptienne.

Texte du panneau didactique.
 
La bibliothèque féministe arabe.


1 - Les pionnières et les années folles au Caire

Panneau consacré à Rose Al-Youssef (1898-1958)

Au début du XXe siècle, l’Égypte connaît des transformations politiques, sociétales, artistiques et technologiques importantes. La Nahda (renaissance intellectuelle) est alors à son apogée et Le Caire est une ville cosmopolite au centre de l’activité artistique du monde arabe. Né au sein de la bourgeoisie, un mouvement s’opposant au colonialisme britannique souhaite rompre avec le passé, prône des idées nationalistes et rêve de modernité. Des femmes soutiennent activement ces soulèvements et engagent en parallèle d’autres combats pour faire avancer leurs libertés. D’autres ont un rôle déterminant dans la révolution artistique qui se joue.
Premières femmes à monter sur scène, elles contribuent à l’apparition de salles de concert et de cabarets dans la capitale. Elles participent activement aux changements qui ont lieu dans la musique et sont au cœur de l’émergence d’un cinéma égyptien. Véritables pionnières elles ouvrent la voie aux grandes divas arabes en tant qu’artistes mais aussi entrepreneuses et femmes d'affaires.
Nous rendons ici hommage à leur talent et leurs actes visionnaires aujourd’hui tombés dans l’oubli.

 
Texte du panneau didactique.
 
Hoda Chaaraoui en couverture du journal « L’illustration égyptienne ». Le Caire, 1925. Paris, Institut du monde arabe.
Panneau consacré à Bahiga Hafez (1908-1983)
 
Kofler. Portrait de groupe durant un rassemblement chez Hoda Chaaraoui avec Nayla Alouba au centre, vers 1946.
 
C. Zachary. Dîner pour une conférence humanitaire chez Hoda Chaaraoui. Le Caire, Kasr al Nil, 1946. Beyrouth, Fondation Arabe pour l’image, collection Fawaz Kheiry.
Panneau consacré à Assia Dagher (1908-1986)


2 - De l'intimité à la scène :
dans la peau des grandes divas de la chanson

Scénographie

Pendant l'entre-deux-guerres, l’industrie musicale devient un acteur majeur de la scène artistique et participe à l’avènement de la starification de l’interprète. En devenant parlant en 1932, le cinéma égyptien va s’intéresser à ces chanteuses, placées au centre d’un nouveau star-system, tandis que la radio égyptienne (1930) diffuse dans tout le monde arabe leurs chansons. Portées par ces nouvelles économies du divertissement qui permettent une large audience, des femmes hors du commun s’imposent comme les ambassadrices de l'identité arabe. Elles s’appellent Oum Kalthoum, Asmahan, Warda et Fayrouz. Elles viennent d’horizons différents et ont des parcours singuliers. Elles chantent la liberté, l’exil, la douleur, l'amour et la fierté d’être arabe. Toutes, grâce à leur fougue, leur talent et leur aura sont devenues, parfois sans le vouloir, des icônes du monde arabe. Ces femmes avant-gardistes, pour certaines rebelles, mais toutes déterminées, ont su dépasser leur condition de femme et se sont imposées par leur intelligence scénique et leur capacité à incarner les aspirations de nations entières.

 

Née au tournant du XXe siècle à Tamay al-Zahayira, un petit village du delta du Nil, Oum Kalthoum commence sa formation en psalmodiant le Coran. Déguisée en garçon, elle accompagne au chant son père et étourdit la foule par sa voix. En 1923 au Caire, la jeune femme brillante et ambitieuse s’émancipe de sa famille. Entourée de grands musiciens et d'intellectuels, elle change son répertoire et se métamorphose : une diva vient d’éclore. En 1926, elle enregistre son premier disque « En kont asameh » (Si je te pardonne), sur un texte de son ami et éternel prétendant, Ahmed Rami. Dès lors, le succès ne la quittera plus. Elle chante le désir, l'amour, la douleur et l'abandon.
À partir de 1934 et pendant vingt-sept ans, tous les premiers jeudis du mois, elle donne un concert retransmis en direct sur Radio Le Caire. Elle chante et le monde arabe l’écoute. Oum Kalthoum est « l'Astre de l'Orient ». Sur scène, reine de l’improvisation et d’une puissance vocale inégalée, ses chansons pouvaient durer plus d'une heure, menant le public jusqu’à l’extase. Discrète, elle contrôle son image publique d'une main de fer. El-Sett (la Dame) est une légende musicale et politique. Son engagement auprès du président égyptien Gamal Abdel Nasser fait d'elle l'ambassadrice du panarabisme.
Le destin d'Oum Kalthoum est celui d’une jeune fille de la campagne qui s'éleva au plus haut par son talent et sa volonté, jusqu’à devenir la plus grande chanteuse du monde arabe.

Texte du panneau didactique.
 
Texte du panneau didactique.
 
Bijoux par Gerardo Sacco. Parures de bijoux pour la jeune Oum Khaltoum, interprétée par Yasmine Raeis.
Réalisés pour le film Looking for Oum Kulthum de Shirin Neshat, 2018.
Crotone, Gerardo Sacco & Co.
 
Scénographie avec des photographies, des couvertures de magazines et des pochettes de disques d'Oum Khaltoum.
Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.


Princesse druze d'origine syro-libanaise dont la beauté et les yeux verts fascinent, Amal al-Atrache est née sur un bateau entre Izmir et Beyrouth. À la mort de son père, sa mère Alia s'installe avec ses enfants au Caire, en 1924. La famille connaît alors la pauvreté tout en fréquentant les musiciens influents de la capitale. Amal et son frère Farid démontrent très tôt des talents de virtuose. Devenue Asmahan (la Sublime), elle se produit dans les salles de concert du Caire dès le début des années 1930. Avec sa voix exceptionnelle et sa maîtrise des improvisations vocales, elle rencontre très rapidement le succès. Cependant, son frère aîné Fouad ne supporte pas la voir mener une vie dissolue et lui impose, au nom de la tradition druze (courant religieux musulman), le mariage avec son cousin, Hassan al-Atrache.
Son existence sera alors marquée par de nombreuses dépressions, l'incompatibilité entre sa vie rangée de mère au foyer dans le Djebel druze (sud-ouest de la Syrie) et sa carrière d’artiste. De retour au Caire, elle s'engage aux côtés des alliés pendant la Seconde Guerre Mondiale. En 1944, alors qu'elle tourne son second film Amour et Vengeance, le réalisateur Youssef Whabi doit modifier la fin en raison de la mort soudaine de l'actrice. La carrière fulgurante de la diva, son image de femme rebelle à contre-courant de son époque et les circonstances mystérieuses de sa mort, noyée dans un accident de voiture, passionnent encore aujourd'hui.

 
Texte du panneau didactique.
 
Photographies d'Asmahan.
 
Extrait d'un montage vidéo sur plusieurs fenêtres se rapportant à la biographie d'Asmahan.
 
Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.

De mère libanaise et de père algérien, Warda al-Djazairia (« la Rose algérienne ») commence sa carrière à neuf ans dans le cabaret oriental de son père à Paris, le TAM TAM (pour Tunisie, Algérie, Maroc). Dès ses débuts, ses chansons témoignent de son engagement en faveur de l'indépendance de l’Algérie.
En 1956, elle doit s’exiler avec sa famille, alors accusée de cacher des armes du FLN (Front de Libération National algérien). A 18 ans, après trois années passées au Liban, elle s'installe en Égypte où elle connaît rapidement le succès. Les musiciens Mohammed Abdel Wahab et Riad al-Soumbati reconnaissent son talent et lui composent des morceaux. Ce n'est qu'en 1962, au moment de l'indépendance de l'Algérie qu'elle découvre enfin son pays d’origine. Elle se marie et à la demande de son époux, disparaît de la scène musicale pendant dix ans. En 1972, le président algérien Houarri Boumedienne l’invite à chanter lors des commémorations de l’indépendance de l'Algérie.
Elle redémarre alors une carrière en Égypte, épouse le compositeur Baligh Hamdi et devient une diva admirée par l'ensemble du monde arabe. Son style musical perpétue l’héritage d’Oum Kalthoum, tout en innovant par l’intégration de sonorités venues du Maghreb. Marquée par l’exil, la carrière de Warda, entre Paris, Beyrouth, Le Caire et Alger, témoigne de l’unité culturelle du monde arabe.

 

Objets ayant appartenu à Warda : djellaba, instrument de musique (oud), sac de voyage, valise, fourrure, deux passeports algériens dont un diplomatique, passeport égyptien, médailles, lunettes de soleil, poudrier, cartes de visite, stylo, parfum, pilulier, Une poignée de seigle d’Agatha Christie, portefeuille. Années 1980. Alger, collection Reyad Kesri.

Texte du panneau didactique.
 
Objets ayant appartenu à Warda.
Scénographie avec des photographies, des couvertures de magazines et des pochettes de disques de Warda.
© A. Sidoli et T. Rambaud.
Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.

Nouhad Haddad est née à Beyrouth en 1935 dans une modeste famille chrétienne. Sa voix est un don qui ne passe pas inaperçu. En 1947, Halim el-Roumi, directeur de la Radio libanaise, est fasciné par cette jeune femme qu’il baptise Fayrouz (Turquoise). Grace à lui, Assi Rahbani, son futur mari, et son frère Mansour, découvrent la voix qui portera leur révolution musicale. Désormais, on ne fera plus sans le Liban. Ils imposent un style nouveau, mêlant folklore libanais et rythmes occidentaux. Fayrouz sait tout chanter. Ils lui écriront donc des chansons, des opérettes et des pièces de théâtre. Le trio fera des « Nuits Libanaises » du festival de Baalbeck un événement de renommée internationale. Son chant devient plus tragique après 1967. Elle interpelle le monde en interprétant « El Qods » (Jérusalem), suite à la défaite des troupes arabes après la guerre des Six-Jours. Fayrouz devient une icône. L'artiste réservée mais à la volonté de fer, incarne alors pour tout le monde arabe la tolérance et l'amour. En 1975, le Liban sombre dans le cauchemar de la guerre civile. Fayrouz refuse l'exil mais décide de se taire. Pendant dix-neuf ans elle ne chantera plus au Liban. Sa carrière continue à l'international et après la mort de son mari Assi Rahbani en 1986, c’est son fils, Ziad, qui composera pour elle. Le 17 septembre 1994, Fayrouz remonte sur scène dans Beyrouth meurtrie et retrouve enfin le public libanais qui n’a eu de cesse de la chérir.

 
Texte du panneau didactique.
 
Scénographie avec des photographies et des pochettes de disques de Fayrouz.
Scénographie avec des photographies, des couvertures de magazines et des pochettes de disques de Fayrouz. © A. Sidoli et T. Rambaud.
Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.

Cet espace présente Oum Kalthoum, Fayrouz et Warda en concert. Le talent des trois chanteuses se mesure dans la qualité de leurs prestations scéniques. Interprète de génie au charisme exceptionnel, elles sont capables de mener la foule jusqu'au tarab.
Ce phénomène propre à la musique arabe, est généré par la concentration du public et la performance de la chanteuse. Par la répétition, la variation de la même phrase et la créativité de son improvisation, elle mène le public jusqu’à une émotion artistique d’une grande intensité, proche de l’extase musicale.
Oum Kalthoum est la plus grande représentante du tarab et fut, à ce titre, une source d’inspiration pour ses héritières. Elle entrait dans une forme de transe et provoquait de vives réactions des spectateurs, allant jusqu’à se jeter à ses pieds.

 
Texte du panneau didactique.
 
Projection d'un extrait du concert de Fayrouz à l'Olympia, à Paris, les 4 et 5 mai 1979 (voir plus bas).
Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.
 
Projection d'extraits de trois concerts de Oum Khaltoum, Fayrouz et Warda.
 


3 - L'âge d'or des stars d'« Hollywood sur le Nil »

Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.

Les années 1940 voient la montée en puissance du cinéma égyptien marqué par le succès des Studios Misr crées en1935 par l’économiste Talaat Harb. Sans rival, l'industrie cinématographique égyptienne, Nilwood, inonde le marché du cinéma arabe. Avec près de 225 films musicaux entre 1945 et 1965, c’est l’« Âge d’or » des comédies musicales. Le cinéma égyptien est avant tout chantant et dansant ! Les films cherchent à divertir le public : les scénarios sont simples et au service des épisodes musicaux. On s’aime, on se dispute et on se réconcilie. Cette entreprise féconde met sous le feu des projecteurs des femmes exceptionnelles, actrices, chanteuses et danseuses. Samia Gamal et Tahiyya Carioca popularisent la danse orientale. Laila Mourad, Sabah excellent dans le domaine du chant. Hind Rostom, Souad Hosni, Faten Hamama et tant d'autres crèvent l'écran en jouant aussi bien dans des comédies musicales que des mélodrames. On y découvre aussi des talents comme Dalida qui, avant de s’envoler pour la France, doit ses débuts de carrière au cinéma égyptien. Le 7e art est aussi un projet politique exportant un modèle social « à l’égyptienne» dans tout le monde arabe. Si le genre musical est omniprésent et offre des rôles consensuels, les cinéastes du Réalisme égyptien s’appuieront également sur ces artistes pour tourner leurs chefs-d’œuvre.


 
Texte du panneau didactique.
 
Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.
Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.
 
Robes portées par Sabah pour des représentations théâtrales. © A. Sidoli et T. Rambaud.
 
Robes portées par Sabah pour des représentations théâtrales. © A. Sidoli et T. Rambaud.
Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.
 

D’origine libanaise, Sabah est une des plus grandes chanteuses et actrices de l’« âge d’or » du cinéma égyptien. Elle apparaît dans une centaine de films et interprète plus de 3500 chansons.
Au cinéma, elle joue aux côtés d’acteurs et musiciens reconnus tels que Farid al-Atrache, Abdel Halim Hafez, Farid Chawki et Rouchdi Abaza. Dans les années 1960, les frères Rahbani lui écrivent plusieurs comédies musicales qui feront les riches heures du festival de Baalbeck.
Sabah se tourne aussi vers les cabarets et enregistre son tube Allô Beyrouth qui sera le clip le plus vu sur les scopitones des cafés arabes parisiens contribuant ainsi à faire rayonner la musique libanaise à travers le monde. Extrêmement populaire, elle a également été l'une des premières artistes arabes à jouer au Carnegie Hall à New York, à l'Olympia de Paris et à |'Opéra de Sydney. Son sourire, ses boucles d’or, son regard pétillant et ses robes fantaisistes ont fait d’elle une icône populaire dont la générosité et la joie de vivre sont légendaires.

Sabah en couverture du magazine « Al-Kawakeb » (Les planètes). Égypte, 1962. Beyrouth, collection Abboudi Bou Jawde.
 
Texte du panneau didactique.
 
William Khoury. Combinaison, cape, couronne et bottes portées par Sabah pour la pièce de théâtre Phénicie 80. Beyrouth, 1971. Beyrouth, collection Madonna Khoury.
 
William Khoury. Robe noire portée par Sabah pour la pièce de théâtre Le trésor de la légende (Kinz al-Ustura). Beyrouth, 1993. Beyrouth, collection Madonna Khoury.

Surnommée la « Marilyn de l’Orient », elle est connue pour être une des plus belles femmes du monde arabe et une de ses plus grandes actrices. Elle tourne son premier film à l’âge de seize ans, Fleurs et épines (1947) mais il faudra attendre 1955 pour qu’elle obtienne son premier grand rôle dans Les filles de la nuit. Danseuse et actrice à la beauté hypnotique, elle travaille avec les plus grands réalisateurs et incarne en 1958 l’inoubliable Hanuma dans Gare centrale de Youssef Chahine. Cette actrice d’exception est également une femme de caractère. De la pin-up, à l’amante, de la mère à la religieuse, Hind Rostom a incarné différentes facettes de la féminité.

À l’aise dans le vaudeville comme dans le mélodrame, elle aime mettre en avant la large palette de son jeu d’actrice mais c’est comme grande séductrice qu’elle continue à briller dans le cœur des amoureux du cinéma arabe.
 
Texte du panneau didactique.
 
Hind Rostom en couverture du magazine « Al-Kawakeb » (Les planètes). Égypte, 1958. Beyrouth, collection Abboudi Bou Jawde.

Elle débute sa carrière en 1935 dans la troupe de Badia Massabni. Très vite, elle devient danseuse solo et excelle dans le domaine de la danse orientale (sharqi) contribuant à populariser le genre. Son style singulier mêle les influences hollywoodiennes, sud-américaines et du ballet classique. Elle forme un couple mythique dans la vie comme à l'écran avec le chanteur Farid al-Atrache et tourne avec lui ses plus grands succès entre 1944 et 1949. Ses numéros dansés dans Madame la Diablesse (1949) d’Henri Barakat resteront le témoignage de sa grande maîtrise technique. Après leur séparation, elle entreprend une tournée aux États-Unis et se retire définitivement du cinéma en 1972.

 
Texte du panneau didactique.
 
Scénographie (photographies de Samia Gamal)
 
Loomis Dean. Photographie de la danseuse égyptienne Samia Gamal pour le magazine LIFE lors de sa tournée américaine organisée par son mari Sheppard King en 1952. Tirages modernes. The Picture Collection Inc., New York.
 
Samia Gamal en couverture du magazine « Al-Kawakeb » (Les planètes). Égypte, 1956. Beyrouth, collection Abboudi Bou Jawde.
Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.

Très aimée du grand public, elle est une icône du cinéma égyptien qu’elle marque par son talent pendant un demi-siècle. Elle débute sa carrière à l’âge de sept ans et apparaît dans plus de cinquante-sept films jusqu’en 1993. Elle tourne pour les plus grands réalisateurs égyptiens tels qu’Ezzedine Zoul-Fikar, Henri Barakat et Youssef Chahine. Capable d’interpréter tous les rôles, elle apparaît dans des mélodrames populaires, des comédies musicales et des films réalistes et engagés. Elle rencontre l’acteur Omar Sharif grâce à Youssef Chahine qui les réunit en 1954 dans Ciel d’enfer. Ils vivront une histoire d’amour passionnelle et resteront un des couples les plus légendaires du cinéma égyptien.

 
Texte du panneau didactique.
 
Faten Hamama en couverture du magazine « Al-Kawakeb » (Les planètes). Égypte, 1954. Beyrouth, collection Abboudi Bou Jawde.

D’origine juive, elle commence sa carrière à l’âge de quinze ans. Chanteuse à la voix sublime, elle est repérée par le compositeur Mohammed Abdel Wahab qui la choisit en 1938 pour son film Viva l'amour ! Sa beauté photogénique séduit les plus grands réalisateurs. Togo Misrahi lui offre le rôle de Laila qu’elle interprète dans la série de films éponymes de 1940 à 1947. Elle devient alors l'actrice incontournable des comédies musicales. En 1945, elle épouse le réalisateur Anwar Wagdi et se convertit à l'islam. Cette relation orageuse sera rythmée par trois divorces et auréolée des quatre plus grands films de l’actrice dont Flirts de jeunes filles en 1949. Sous le régime nationaliste du Président Gamal Abdel Nasser, ses origines juives compromettent sa carrière. Malgré sa très grande popularité, Leila Mourad décide de se retirer de la scène en 1955. Elle reste jusqu’à ce jour une des actrices les plus aimées du cinéma musical égyptien.

 
Texte du panneau didactique.
 
Photographies de Laila Mourad.
 
Fac-similé de la coiffeuse de Laila Mourad d'après l'original datant des années 1950.
 
Laila Mourad en couverture du magazine « Dunia al-fan » (Le monde de l’art). Égypte, 1948. Beyrouth, collection Abboudi Bou Jawde.

Actrice emblématique du cinéma égyptien, elle est connue comme la « Cendrillon de l’écran arabe ». Elle débute au cinéma à l’âge de quinze ans dans une comédie musicale d'Henri Barakat intitulée Hassan et Naima (1959) puis apparaît dans soixante-quinze films, allant de la comédie aux films policiers et mélodramatiques. Cette brune espiègle et souriante incarne à merveille la jeunesse rêvée des années 1970. Elle devient célèbre dans le monde arabe grâce à Méfie-toi de Zouzou (1972). Cette comédie musicale reste plus d'un an à l'affiche. Elle est également l’icône du réalisme égyptien, avec ses rôles mémorables dans Le Caire 1930 (1966) et La Seconde Femme (1967) du réalisateur Salah Abou Seif. Cette grande amoureuse se marie cinq fois. Sa mort tragique en 2001 pendant son exil londonien continue d’alimenter sa légende.



 
Texte du panneau didactique.
 
Souad Hosni en couverture du magazine « Al-Kawakeb » (Les planètes). Égypte, 1961. Beyrouth, collection Abboudi Bou Jawde.
Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.
 

Légende de la danse orientale égyptienne, elle débute au Caire dans le cabaret de Badia Massabni après avoir fui sa famille à douze ans. Elle y devient rapidement danseuse soliste. Elle introduit dans ses performances des rythmes d'Amérique latine, notamment la carioca (samba). Elle trouve ainsi son nom. Danseuse et actrice, elle tourne au cinéma dans plus de cent-vingt films. Elle y joue souvent des rôles de femmes séductrices. Actrice confirmée, elle apparaît au sommet de son art dans La Sangsue, présenté en 1956 au Festival international du Film de Cannes. Elle met fin à sa carrière de danseuse en 1963 pour diriger son propre théâtre. Sa danse toute en lenteur et en sensualité a fait sa renommée; sa beauté et son tempérament volcanique, sa légende. Elle se marie quatorze fois et en 1953, elle est arrêtée et emprisonnée trois mois pour ses activités communistes.

Tahiyya Carioca en couverture du magazine « Al-Kawakeb » (Les planètes). Égypte, 1956. Beyrouth, collection Abboudi Bou Jawde.
 
Texte du panneau didactique.

lolanda Gigliotti, issue d’une famille italienne, est née au Caire. En 1954, elle remporte le concours de Miss Égypte. Ce titre lui ouvre les portes du cinéma égyptien. La même année, elle incarne une « vamp » dans le film Un verre, une cigarette puis une femme fatale dans Le masque de Toutankamon, l’or du Nil. Elle part ensuite à Paris où elle débute une carrière de chanteuse. C’est auréolée de gloire qu’en 1977, la star internationale, reprend une chanson du folklore égyptien, « Salama Ya Salama ». Le succès en France et au Moyen-Orient est vertigineux. Son second titre enregistré en arabe « Helwa Ya Baladi », rencontre le même enthousiasme. Le rêve cinématographique de Dalida, attendra trente-deux ans avant de se réaliser et c’est l’Égypte qui le lui offrira. Le grand réalisateur égyptien Youssef Chahine la choisit pour être l'héroïne du bouleversant film Le Sixième Jour (1986). Elle y incarne, en arabe, Saddika, une blanchisseuse, occasion inespérée de rompre avec son personnage glamour de chanteuse.



 
Texte du panneau didactique.
 
Panneau consacré à Dalida.
 
William Khouri. Caftan long porté par Dalida. Beyrouth, circa 1970. Organza polyester brodé de paillettes à grands motifs de fleur. Paris, Palais galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. Don Bruno Gigliotti, dit Orlando.
 
Zuhal Yorgancioglu (attribué à). Combinaison-pantalon et ceinture-écharpe portée par Dalida pour la chanson « Salama ya Salama », 1977. Paris, Palais galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. Don Bruno Gigliotti, dit Orlando.

Ces artistes ont imposé, peut-être sans trop le prévoir, une esthétique où l'image de la femme sur les grands écrans est en soi une véritable révolution : glamour, sensuelle, ingénue ou fantasque... L'iconographie n’a rien à envier aux tabloïds américains. Évoluant dans un univers bourgeois et cosmopolite, ces femmes ont incarné une certaine liberté dans leur carrière et dans leur vie. Le star system et la passion immense que le public a voué durant des décennies à ces femmes ne doit pas cacher les conséquences, parfois dures, de leur exposition publique. Derrière les flashs et les paillettes, toutes ont témoigné des problématiques liées à leur choix de vie et au jugement moral que certains n'hésitaient pas à exprimer.

 
Texte du panneau didactique.
 
Scénographie.


4 - Héritage et résonances contemporaines

Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.

Les lourdes conséquences de la guerre des Six-Jours en 1967 puis la mort de Gamal Abdel Nasser en 1970 signent la fin du rêve panarabe. La crise économique après les deux chocs pétroliers (1973 et 1979), la guerre du Liban (1975-1990) et la montée d’une mouvance religieuse conservatrice, marquent aussi un tournant important dans l’histoire politique, sociétale et artistique du monde arabe. La prééminence culturelle de l’Égypte et du Liban décline alors au profit de la montée en puissance des monarchies du Golfe. D’un point de vue artistique, les comédies musicales disparaissent et les grands représentants de la musique arabe tels qu’Oum Kalthoum ou Mohammed Abdel Wahab s'éteignent. La fermeture de nombreux cinémas au Caire et à Alexandrie témoigne la fin de l'« Âge d'or » du cinéma égyptien.


 
Texte du panneau didactique.
 
Nabil Boutros (né en 1954). Futur antérieur (détail). Photomontage avec un photogramme de film. Paris, collection de l'artiste.
 
Nabil Boutros (né en 1954). Futur antérieur (détail). Photomontage avec un photogramme de film. Paris, collection de l'artiste.
 
Nabil Boutros (né en 1954). Futur antérieur (détail). Photomontage avec un photogramme de film. Paris, collection de l'artiste.
Scénographie

Les grandes divas des années 1930-1970 ont enrichi le patrimoine musical et cinématographique des pays arabes. Leur héritage est visible depuis plusieurs années dans les arts plastiques, la musique, la littérature, et le cinéma.

L'art contemporain démontre un intérêt pour l’univers esthétique des années 1940-60. Les films de l'«Âge d’or» du cinéma égyptien, souvent ponctués de baisers et de scènes de danses orientales sensuelles interrogent les artistes sur l’évolution de la place des femmes dans la société. Dans leurs œuvres, ils ne traduisent donc pas seulement un sentiment de nostalgie à l’égard de cette période mais s'y référent aussi dans le but de questionner la société contemporaine. Les divas sont parfois érigées au rang d’icônes et deviennent des symboles d’émancipation de la femme. Cette époque fait aussi parfois objet d’une remise en question par des artistes qui critiquent une certaine tendance à l’instrumentalisation du corps des femmes dans les comédies musicales.

Depuis plusieurs années, les Dj et beatmakers samplent ou remixent certains extraits musicaux de cet « âge d’or ». Ce patrimoine est le socle d'une identité et d'une culture commune transmis de génération en génération. Les divas bénéficient alors d’un nouvel engouement et leurs morceaux sont écoutés dans les boîtes de nuit du Caire,
Beyrouth, Casablanca ou Paris. Si certains musiciens reconnaissent avoir été bercés par ces musiques, ils en renouvellent le style en explorant de nouveaux registres et en s'inscrivant sur la scène musicale internationale.

 

 

Texte du panneau didactique.
 
© A. Sidoli et T. Rambaud.
Nabil Boutros (né en 1954). Futur antérieur (vue d'ensemble). Photomontages avec des photogrammes de films. Paris, collection de l'artiste.
Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.
 
« Ô Nuit Ô mes Yeux »
Le mur des curiosités de Lamia Ziadé


Cette installation inédite est la transposition du roman graphique « Ô Nuit Ô mes Yeux » dans lequel Lamia Ziadé nous transporte dans l’« Âge d’or » de la chanson et du cinéma arabe, avec en arrière fond les évolutions politiques du Moyen-Orient. Les femmes sont au cœur de cet ouvrage où l'on découvre l'intimité et la dureté de certaines existences. C'est surtout un remarquable témoignage d’amour pour ces chanteuses et actrices lumineuses. Dans cette installation, l'artiste a rassemblé des œuvres personnelles et des objets de son quotidien. Se compose devant nous une cartographie de ses inspirations, de ses passions qui ont permis la construction de son roman et alimenté sa créativité.
Scénographie. © A. Sidoli et T. Rambaud.
 
Texte du panneau didactique.
Vue partielle de l'installation « Ô Nuit Ô mes Yeux »
LA DERNIÈRE DANSE

Cette installation visuelle et sonore a été réalisée spécialement pour l’exposition. Elle s’inscrit à la suite de performances mises en scène par Waël Kodeih et Randa Mirza qui, depuis 2014, rendent hommage à l’« Âge d’or » de la musique et du cinéma arabe.
Waël Kodeih créé des compositions de musique électronique en remixant des morceaux de l’époque alors que Randa Mirza retravaille les films en accélérant ou ralentissant l'image. Tahiyya Carioca et Samia Gamal reprennent ici vie sous la forme d’hologrammes et dansent devant les artistes filmés peu de temps avant l’exposition. Leur travail est aussi une remise en question du corps des femmes en tant qu’objet de désir.
 
Texte du panneau didactique.
 
La dernière danse. © A. Sidoli et T. Rambaud.