DIEU(X), MODES D’EMPLOI

Article publié dans la Lettre n° 346
du 19 novembre 2012


DIEU(X), MODES D’EMPLOI. Dans le catalogue, l’équipe de Tempora, le concepteur de cette exposition qui tourne dans le monde entier depuis 2006, explique que l’objectif d’une exposition n’est pas d’exposer des œuvres d’art mais de raconter un récit, une narration, une histoire. C’est pourquoi, à côté d’objets spectaculaires, en particulier ceux présentés à Paris (grâce au concours du Musée Guimet, du Musée du Quai Branly ou du Musée de Cluny) et qui ne l’étaient pas à Bruxelles, Madrid, Québec, Ottawa et Varsovie, nous avons des photos, des vidéos, des maquettes, des écrans interactifs, et même une installation artistique. L’ensemble est donc très riche et varié et il faut beaucoup de temps si l’ont veut tout voir en détail. L’exposition propose un voyage à travers les religions d’aujourd’hui, pratiquées aux quatre coins du globe et à Paris. On y croise les trois religions du Livre (judaïsme, christianisme et islam), les religions asiatiques (bouddhisme, hindouisme, taoïsme, sikhisme, …) et l’animisme, de l’Afrique à l’Océanie, en passant par les Amériques, dans un parcours confrontant art sacré et anthropologie.
Elie Barnavi, le concepteur de cette exposition, propose un large panorama des pratiques religieuses dans le monde entier au travers de neuf thématiques qu’il voit comme autant de « portes d’entrée » sur le fait religieux : Divinités, Cultes, Passages, Intercesseurs, Corps, Conflits et coexistence, Lieux, Cycles, Au-delà.
Après une brève introduction avec trois chefs-d’œuvre d’époques différentes montrant des mains d’hommes, tendues vers le divin (Stèle d’Hazor, XIIIe siècle avant J.-C. - Statuette dege, Dogon, Mali) ou de Dieu, dirigées vers la terre (Châsse de Saint-Aignan, XIIIe siècle), nous entrons dans la salle consacrée aux Divinités, où sont exposées, de manière spectaculaire, toutes sortes de représentations de dieux, quand on a le droit de le représenter (interdit absolu dans le Judaïsme et l’Islam) ou d’équivalents pour les animistes (objets de culte des ancêtres, masques, etc.).
La section suivante, Cultes, montre une grande variété d’objets cultuels destinés à la communication avec le divin. Les moyens sont nombreux car l’homme a fait preuve de beaucoup d’imagination pour y parvenir : prières, louanges, supplications, sacrifices, ascèse, délivrance d’une parole, tant révélée que divinatoire, etc. L’un des plus curieux est cette Boîte à divination Baoulé (Côte d’Ivoire) appelée aussi « oracle à souris », car le devin interprète les signes provoqués par une souris placée dans la boîte avec des objets, souris qui bouleverse ces derniers en mangeant le mil relié à eux.
Les Passages, d’un âge de la vie à un autre, sont évoqués par quatre documentaires de Serge Moati sur la naissance, le passage à l’âge adulte, le rite du mariage et le passage vers l’au-delà. Les Intercesseurs comme les prêtres, les moines, les prophètes, les chamanes, etc., sont représentés par des photos et la biographie de certains d’entre eux comme Jean-Paul II, le Dalaï-lama, Padre Pio, Mère Teresa, l’ayatollah Khomeiny, etc., mais aussi par celles de fondateurs de sectes comme le Révérend Moon, Claude Vorilhon, baptisé Raël par des extra-terrestres ou encore Luc Jouret, fondateur de l’Ordre du temple solaire, de sinistre mémoire (suicides collectifs).
Les sections suivantes sont illustrées par des films, des bornes multimédias, des maquettes de lieux de culte contemporains, des caricatures de Plantu replongeant le visiteur dans l’actualité des dernières années, des masques… Pour la dernière partie, Au-delà, huit personnes dont une athée, représentant sept religions différentes, répondent à la question « Que croyez-vous qu’il va advenir de vous après votre mort ? ». L’athée répond que c’est une perspective qui n’est ni rassurante ni réjouissante et que la mort l’angoisse un peu.
C’est sans doute pour éviter cela que dieu ou les dieux ont été créés, avec tout ce qui les accompagne, ce qui est très bien expliqué et documenté dans cette exposition. Petit Palais 8e. Jusqu’au 3 février 2013. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien: www.petitpalais.paris.fr.


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