« MARC DESGRANDCHAMPS »

Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n° 328
du 13 juin 2011


MARC DESGRANDCHAMPS. C'est la première grande exposition à caractère rétrospectif de cet artiste né en 1960 à Sallanches en Haute Savoie. La plupart des toiles exposées, de grandes dimensions, donne une impression de paix, de repos, d'apaisement et de tranquillité. A ses débuts, dans les années 80, ses tableaux sont figuratifs, inspirés tout autant des grands peintres contemporains comme Giorgio de Chirico ou Max Beckmann que des primitifs italiens. Ils deviennent ensuite des ensembles fantasmatiques dans lesquels évoluent des bribes de souvenirs de l'artiste, des fragments d'objets et des personnages à l'allure calme, souvent des femmes, de dos, le regard lointain, monumentales, au milieu de la toile, comme dans Gradiva (2008), l'un des rares tableaux ayant un titre. Tout est identifiable dans ses toiles mais par le jeu des transparences et des coulures, le sujet n'est plus une représentation exacte d'une scène. Le parcours de l'exposition tente néanmoins des regroupements par thèmes. Les débuts et les peintures d'Histoire sont faciles à « classer ». Par contre les toiles illustrant les autres thèmes : Objets délaissés ; Figures en marche ; Plages ; Chevaux ; Figures en élévation ; Tempêtes et explosions, pourraient être disposées autrement tant ces thèmes s'entremêlent.
A la quarantaine de peintures de grand format ci-dessus, s'ajoute une importante sélection d'œuvres sur papier (gouaches, dessins, collages, lavis, lithographies). Dans un film présenté à l'entrée de l'exposition, Marc Desgrandchamps explique comment s'opère son processus créatif. Il s'inspire ainsi du cinéma où il voit certaines scènes comme des tableaux. C'est le cas de L'Eau à la bouche, un film de Jacques Doniol-Valcroze de 1960, qui lui a inspiré la série des Terrasse (2010) avec des personnages en mouvement, suspendus sur une jambe. Blow Up, de Michelangelo Antonioni, l'a beaucoup intéressé car ce film montre qu'une photo peut révéler quelque chose que l'on n'a pas vu en la prenant, un peu comme ses tableaux qui deviennent « le lieu de rencontre entre ce qui relève aussi bien du réel et de l'observation que du rêve et de l'imaginaire ». Dans Le Silence d'Ingmar Bergman, l'artiste s'est intéressé au miroir qui provoque une opposition entre ombre et lumière. Dans Je t'aime, je t'aime, d'Alain Resnais, c'est le fait de revivre des expériences de son passé jusqu'à son suicide qui l'a inspiré. Ses dessins peuvent être très épurés, allant à l'essentiel, tout autant que très travaillés, par le biais des contrastes. L'ensemble est très intéressant, tant au plan émotionnel qu'au plan intellectuel. Une bien belle exposition. Musée d'Art moderne de la Ville de Paris 16e (01.53.67.40.00) jusqu'au 4 septembre 2011. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.mam.paris.fr.


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