DEADLINE

Article publié dans la Lettre n° 303


DEADLINE. En 1989, quelques années après la publication du livre « Admirable tremblement du temps » de Gaëtan Picon (1970), la Fondation Maeght présentait l’exposition « L’Œuvre ultime » qui montrait l’intérêt grandissant pour les œuvres tardives. On constatait une double tendance à l’apaisement d’une part et à une grande liberté formelle et à une apparente indifférence au contenu d’autre part. Les organisateurs ont aussi été impressionnés par l’exposition « La mort n’en saura rien » du musée des Arts d’Afrique et d’Océanie (Lettre 164) où l’on voyait, entre autres, des cranes humains décorés, laissant deviner une grande familiarité avec la mort.
La présente exposition veut nous faire ressentir la manière dont se comportent dans leur art des artistes qui se savent condamnés à brève échéance par la maladie. Douze artistes, travaillant dans différentes techniques (peinture, sculpture, photo, installations, vidéo), tous morts au cours des vingt dernières années ont ainsi été choisis. Ils avaient été victimes d’accident vasculaire cérébral (Hans Hartung), étaient atteints de cancer (Martin Kippenberger, James Lee Byars), du sida (Absalon, Felix Gonzalez-Torres, Robert Mapplethorpe), d’hémiplégie (Gilles Aillaud), de tuberculose (Hannah Villiger) ou de sénilité (Willem de Kooning), voire de maladies plus rares : anémie hémolytique auto-immune (Chen Zhen), sclérose latérale amyotrophique (Jörg Immendorff). Leur vie en était bouleversée et leur art également.
Le parcours de l’exposition s’organise autour de ces douze artistes, à raison d’une salle pour chacun d’entre eux. Elle commence par l’interprétation du Radeau de la Méduse de Géricault qu’en fait, à partir de photographies de son propre corps, Martin Kippenberger. Viennent ensuite les vidéos tourmentées d’Absalon et surtout l’une de ses Cellules d’habitation, ressemblant plus à un tombeau qu’à un appartement. Puis ce sont les peintures au pulvérisateur d’Hartung et surtout l’installation macabre de James Lee Byars, un sarcophage doré dans une pièce dont toutes les parois sont couvertes de feuilles d’or. Les autres artistes ne sont pas plus apaisés, sauf Gilles Aillaud qui a remplacé ses animaux dans des cages par des oiseaux volants dans un ciel serein. L’exposition se termine par les peintures cruelles et les visions d’enfer de Jörg Immendorff, qu’il réalise avec des assistants dont il guide les gestes au millimètre près pour obtenir ce qu’il recherche, à partir d’une banque d’images informatique.
Une belle exposition, toute empreinte d’émotion et que l’on peut comprendre aisément grâce au petit dépliant remis à l’entrée. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris 16e. Jusqu’au 10 janvier 2009. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.mam.paris.fr.


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