GIORGIO DE CHIRICO 1888-1978
La fabrique de rêves

Article publié dans la Lettre n° 297


GIORGIO DE CHIRICO 1888-1978 - La fabrique de rêves. Pour la première fois à Paris une exposition montre la totalité de l’œuvre de De Chirico, telle que l’artiste l’avait lui -même rêvée. Nous avons ainsi cent soixante-dix peintures, sculptures, œuvres graphiques et une sélection d’archives, provenant du monde entier, nous donnant un aperçu impressionnant de l’œuvre de l’inventeur de la peinture métaphysique. Même si cet artiste a déclaré : « Dans mon travail, il n’y a ni étapes, ni transitions d’un style à l’autre, comme parfois cela a été affirmé », les organisateurs ont présenté les œuvres selon un parcours chronologique allant des premières toiles qu’il n’aurait pas détruites, telle Le Combat des centaures (1909), jusqu’à ses dernières productions, synthèse originale des thèmes et des styles des œuvres précédentes comme La Lassitude d’Orphée (1970) ou Le Retour d’Ulysse (1968), dans la section « Dialogues mystérieux, dernières œuvres ».
Entre les deux les titres des sections évoquent bien les sujets : « Metafisica à : Florence, Paris, Ferrare (1909-1918) » avec des toiles aux titres mystérieux (L’ Enigme de l’heure ; L’ Incertitude du poète ; Le Double rêve du printemps ; Les Muses inquiétantes) représentant des places d’Italie, des tours, des bassins, des trains en marche et pourtant immobiles, des statues silencieuses, avec des objets quotidiens dans des endroits inattendus.
Avec la section « Pictor Optimus (1919-1930) », c’est le retour au classicisme avec de nombreux autoportraits dans des situations diverses mais aussi des objets de toutes sortes, lits, colonnes, armoires, morceaux de temples, etc. qu’il insère dans ses personnages (Les Archéologues) ou qui se déplacent dans des paysages d’autre temps.
Avec « Les bains mystérieux (1929-1937) » De Chirico, qui vient d’illustrer les Calligrammes d’Apollinaire et la Mythologie de Jean Cocteau, nous montre de mystérieux paysages avec des cabines de bains, des bassins reliés par des canaux sinueux, des hommes en habit de ville et des baigneurs nus (Bains mystérieux à Manhattan).
Dans la section suivante, « Classique / Anticlassique ? (1927-1934) » on s’interroge sur les sujets traités (Dioscures au bord de la mer, Gladiateurs), loin du classicisme mais également du novecento. Il s’agirait plutôt d’un néo-classicisme sceptique, de la dichotomie de la forme et du sens que le peintre ordonne dans ses combats de gladiateurs métaphysiques « en chambre ».
Vient ensuite une section étonnante, « Le Musée imaginaire (1920-1960) » qui rassemble des copies de tableaux célèbres de Raphaël, Michel-Ange, Dürer, Titien, Fragonard, Watteau, Rembrandt, Courbet, etc., réalisés par De Chirico dans des musées, afin de maîtriser les techniques picturales, indépendamment du sujet. Lui-même se représente dans des autoportraits en costumes, empruntés à tous les temps de la peinture.
Après la section consacrée à sa « Période néobaroque (1940-1966) » avec des tableaux inspirés de l’Arioste (Roger et Angélique) ou de la mythologie (Diane Chasseresse), arrive la section « Replay (1938-1973) ». Dès les années 20, mais surtout à partir des années 1940, De Chirico fait des répliques de ses tableaux métaphysiques, voulant peut-être contredire les idées reçues sur l’évolution d’un peintre, sur l’idée du chef-d’œuvre. Certains y voient un signe d’épuisement créatif, d’autres un suicide pictural ! Andy Warhol admire l’originalité de cette démarche et pense « qu’il serait formidable de le faire » (1982). Une très belle exposition, fascinante, complète et variée. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris 16e. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.mam.paris.fr.


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