DANS LE SILLAGE DES REQUINS

Article publié dans la Lettre n° 315


DANS LE SILLAGE DES REQUINS. Cette exposition met en avant les caractéristiques uniques et spectaculaires de ces animaux et des autres chondrichtyens, les raies et les chimères. Contrairement aux poissons dont le squelette est formé d’os (les arêtes), celui des chondrichtyens est en cartilage, ce qui le rend souple et léger. De même la reproduction de ces animaux est différente de celle des poissons. Le mâle doit s’accoupler à la femelle et les œufs, selon les espèces, sont soit déposés au fond de l’eau (ovipares), soit éclosent dans l’utérus de la femelle (ovovivipares), soit naissent dans l’utérus, avec un cordon ombilical (vivipares), comme les mammifères, mais depuis plus de 400 millions d’années !
Ces animaux présentent d’autres différences extraordinaires avec les poissons. Leurs écailles ne sont pas en os, comme pour les poissons, mais sont formées de dents, d’où cette peau plus ou moins rugueuse comme du papier de verre (le visiteur peut en palper différentes sortes), que l’on a utilisée sous le nom de galuchat en ébénisterie, gainerie et maroquinerie, et qui permet une nage optimisée grâce à un excellent écoulement laminaire le long des stries. Ces dents, comme celles de leur mâchoire, se renouvellent durant toute leur vie, en quelques jours ou en quelques mois selon les espèces, grâce à un étonnant tapis roulant.
Le plus extraordinaire est qu’ils possèdent un sixième et un septième sens. Ainsi, grâce à la chémoréception, ils sont capables de détecter une molécule diluée dans un aussi grand volume d’eau qu’une piscine olympique et grâce à l’électroréception, ils peuvent localiser des proies vivantes qui émettent de faibles champs électriques (battement de cœur, mouvement respiratoire, …). Une raie peut ainsi détecter un coquillage enfoui dans le sable, jusqu’à quinze cm de profondeur !
La diversité de ces animaux étonnants, parmi les plus anciens vivant encore sur terre, est très grande (550 espèces de requins, 650 de raies dont certaines vivent en eau douce, 35 de chimères) et l’on découvre chaque année de nouvelles espèces, y compris de très grandes alors que la plupart des requins font moins d’un mètre de long.
Malheureusement ces animaux courent un grand danger d’extinction. On estime leur capture à plus de 100 millions par an alors que leur cycle de reproduction est très lent et peu fécond. A coté des quatre ou cinq personnes mortes chaque année suite à un accident de requin, qui est le plus grand danger pour l’autre, l’homme ou le requin ? Aucun média ne rend compte des milliers de morts suite, par exemple, à des morsures de najas, alors que le moindre accident causé par un requin fait les gros titres dans le monde entier. La disparition des requins, l’espèce marine située tout en haut de la chaîne alimentaire, aurait d’incroyables conséquences sur la biodiversité en favorisant, entre autres, le développement des algues et la disparition des coraux et de leur habitat.
L’exposition met tout cela en perspective grâce à des spécimens vivants, à des animaux naturalisés, à des fossiles de dents (jusqu’à 15 cm de long !), de mâchoires (près de deux mètres de haut pour la reproduction de celle du mégalodon) et même de l’unique exemplaire d’un cerveau de chimère, trouvé au Kansas en mars 2009, à des films (Océans de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud), à des maquettes, des dessins etc.
Cette exposition, qui intéressera petits et grands, d’autant plus qu’elle permet de visiter l’aquarium tropical et ses 300 espèces d’animaux, se termine sur des images choc d’un requin auquel on a coupé les nageoires (700 dollars le kilo), rejeté à l’eau vivant, pour prendre conscience du danger injustifié qui pèse sur ces animaux. Aquarium tropical de la Porte Dorée 12e. Jusqu’au 6 mars 2011. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.aquarium-portedoree.fr.


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