DALI

Article publié dans la Lettre n° 349
du 21 janvier 2013


DALI. Le parcours de cette grande rétrospective, la deuxième depuis celle, mémorable, de 1979, du vivant de l’artiste, en ce même lieu, se déroule dans un espace organisé de manière étonnante par la scénographie de Laurence Le Bris et Oscar Tusquets. Avec des murs recouverts de grandes toiles, une douzaine de kiosques au milieu du passage, pour présenter des petits formats, des ouvrages et documents divers, des vidéos, et trois salles spécialisées (théâtre, cinéma et installation Mae West) au centre, celle-ci évoque plus l’atmosphère d’un grand magasin que celle d’un musée. Au fond Dali aurait aimé cela, lui qui joua avec tous les moyens de communications et qui fit, avant l’heure, des œuvres éphémères et des évènements dans des grands magasins.
Heureusement, si les cartels sont trop petits pour être lus de loin, de grands panneaux décrivent chacune des sept étapes du parcours, permettant ainsi de s’y retrouver dans cet immense espace où sont présentées quelque deux cents œuvres (peintures, dessins, sculptures), des enregistrements filmés de quelques-unes de ses interventions dans des lieux publics, et toutes sortes de documents. L’ensemble permet d’avoir une idée très complète de cet artiste, provocateur de génie, à l’avant-garde de tous ses contemporains, dont les inventions furent nombreuses et variées.
On entre par un sas en forme d’œuf, symbole de la naissance, et l’on aborde la première étape, « L’ultralocal et l’universel », qui évoque les origines de Salvador Dali (1904-1989), sa famille et les lieux de son enfance dans la région de Figueras, en Catalogne. L’étape suivante, « De la Residencia de Estudiantes aux voies du surréalisme », nous transporte de la « résidence des étudiants » (1922-1926) à sa rencontre avec Garcia Lorca et Luis Buñuel. Dali découvre alors, par les revues et les expositions, la peinture surréaliste et se construit un monde pictural nourri de Miró, Arp ou Ernst et de l’imaginaire collectif développé à la Residencia.
Vient ensuite l’étape majeure intitulée « Le surréalisme et la méthode paranoïaque-critique ». Dali vient de rencontrer en 1929, Gala, la femme de Paul Eluard. C’est le coup de foudre et il l’épouse en 1932, faisant d’elle son unique modèle et son égérie. Il adhère au surréalisme mais en transgresse les règles (dessins automatiques, cadavres exquis, frottages, etc.) pour adopter une méthode active fondée sur le délire d’interprétation paranoïaque. Se faisant historien d’art, il « s’attaque » à des peintures célèbres comme L’Angélus de Millet, Las Meninas de Vélasquez ou encore L’Île des morts de Böcklin, auxquelles il applique ses théories.
La section suivante, « Mythes et histoire » nous présente les relations assez troubles entre Dali et les dictateurs de son époque, Franco, Hitler, Lénine, figures à ses yeux désirables et objets de projection. Artiste non engagé, Dali ne les condamne pas. On saura plus tard lui reprocher son franquisme.
Les dernières sections, « Théâtralité », « Science, mystique et théorie» et « Autoréférence et grandes machines » nous montrent le Dali sollicité par le cinéma hollywoodien ou Les Ballets russes, celui aussi de la photographie, de la télévision et autres médias. Elles évoquent aussi l’homme passionné par les découvertes scientifiques sur la matière ou sur le principe d’incertitude d’Heisenberg et l’homme de médias, agitateur et provocateur permanent. Comme l’entrée, la sortie se fait de manière symbolique par une salle circulaire évoquant les méandres d’un cerveau, le génial cerveau de Dali bien sûr. Une exposition grandiose, un peu trop peut-être ! Centre Pompidou 4e. Jusqu’au 25 mars 2013. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.centrepompidou.fr.


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