Parcours en images de l'exposition

COMME EN 40

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°510 du 28 octobre 2020




Introduction



 
MARC BLOCH. L'étrange défaite

Ces quelques mots rédigés à l’été 1940 par Marc Bloch (1886-1944) témoignent tout autant de la sidération de voir l'armée française ainsi écrasée, que de la difficulté à expliquer un désastre aussi absolu. Quatre-vingts ans après, et alors même que disparaissent les derniers témoins, comprendre cette période dramatique de notre histoire nationale nécessite d’en revenir aux faits tels qu'ils ont été connus et perçus, « à hauteur d’homme », par nos concitoyens d’alors. La première salle, chronologique, présente l’enchaînement des événements, de l'entrée en guerre à la conclusion de l'armistice. La deuxième propose une approche géopolitique : comment un Français vit-il le deuxième semestre 1940 en fonction du territoire où il se trouve, au sein de l'Empire, en exil, engagé, ou non, au sein de la France libre ?

Affiche de l'exposition.
 
Texte du panneau introductif
Scénographie
Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
L'EUROPE DE 1933-1939

La nomination d’Hitler, le 30 Janvier 1933, comme chancelier bouleverse l'équilibre européen et précipite l'Europe dans la guerre.

Dès octobre 1933, l'Allemagne se retire de la conférence du désarmement de Genève, ainsi que de la Société des Nations. En 1935, le service militaire y est rétabli. Le 7 mars 1836, l'armée allemande occupe la Rhénanie en violation du traité de Versailles (1919), sans réaction militaire de la part de la France ou de la Grande-Bretagne ; les démocraties occidentales assistant sans réagir au démantèlement de l'équilibre européen. En octobre 1936, un programme de réarmement et de préparation de l'économie allemande à la guerre est mis en place. Les 12 et 13 mars 1938, Hitler annexe l’Autriche (Anschluss), puis les Sudètes en octobre grâce aux accords de Munich des 28 et 30 septembre signés avec la France, la Grande-Bretagne et l’Italie. Il démantèle ensuite, en mars 1939, ce qui reste de la Tchécoslovaquie et crée le protectorat de Bohème-Moravie, annexé de fait au Reich. La signature du pacte Molotov-Ribbentrop de non-agression entre l’Allemagne et l'URSS, le 23 août 1939, scelle le destin de l'Europe.

Quelques jours plus tard, le 1er septembre, les troupes allemandes envahissent la Pologne. Elles sont rejointes, le 17, par l’Armée rouge de l’URSS. L’ère des compromis à tout prix est terminée. Le 3 septembre, la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne.

 
Texte du panneau didactique
 
Carte du Pacte Germano-Soviétique, avec les annotations de Staline et de Ribbentrop. Berlin. Fac-similé.
 
Adolf Hitler. Mein Kampf, eine Abrechnung. Munich, Franz Eher, 1926. Paris, BnF.
 
- Charles de Gaulle. Vers l’armée de métier.
- Heinz Guderian. Les troupes blindées et leur coopération avec les autres armes.

1 - DE LA « DRÔLE DE GUERRE » À LA DÉFAITE
1.1 - La drôle de guerre

Scénographie
LA DRÔLE DE GUERRE

Quelques jours après la déclaration de guerre à l’Allemagne, l’armée française pénètre en Sarre, en deçà de la ligne Siegfried, pour soutenir l’armée polonaise. Elle se retire peu après sans résultats significatifs.

Les perspectives d’une attaque allemande s’estompent un temps. Après la défaite et l’occupation de la Pologne, les Allemands n’ont pas encore défini un plan pour attaquer la France. Les généraux allemands estiment que leur armée n’est pas encore prête. La campagne de Pologne a révélé des déficiences qu’il faut corriger. Les conditions ne sont pas encore réunies pour lancer une offensive à l’Ouest.

Ce répit de plusieurs mois est mal exploité par la France. L’entraînement des troupes et les exercices interarmes sont négligés, surtout par les unités de réservistes où le moral baisse et la discipline se relâche. Contre l’inaction et l’ennui, le commandement réagit en organisant des distractions (théâtres aux armées, entre autres). En avril 1940, les troupes franco-polono-britanniques portent secours à la Norvège soudainement envahie par les Allemands.

À l’arrière, les Français acceptent avec résignation la guerre. Pas d’ « union sacrée » comme en 1914 ; les tensions politiques internes persistent. Le gouvernement et le Haut commandement restent persuadés qu’au moment de l’affrontement, un sursaut national se produira et que les qualités traditionnelles du soldat français se manifesteront.

 
Texte du panneau didactique
 
Ordre de mobilisation générale du 2 septembre 1939. Paris, musée de l’Armée | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.
 
Chanson satirique « viens Hitler sur la ligne Maginot ». Cette chanson satirique est interprétée sur l’air de la chanson à boire de Georgius « il y a de la mise en bouteille au château ».
 
Aquarelle humoristique. Œuvre d’un soldat français pendant la « drôle de guerre », période d’attente marquée du côté français par une certaine légèreté d’esprit où l’on se prenait à rêver « d’aller pendre notre linge sur la ligne Siegfried ».
Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
1940, masque à gaz pour bébés.
 
- Drapeau des Services sanitaires de la Défense passive (Paris et département de la Seine). Paris, Musée de l’Armée.
- Alerte aux avions. Illustré par Marcel Jeanjean, peintre du département de l’Air, ce manuel officiel de défense passive contre les attaques aériennes s’adresse aux élèves des écoles primaires, ainsi qu’à leurs maîtres et à leurs parents.
Paris, Musée de l’Armée.
© Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Masque à gaz avec sac de transport en forme de sac à main utilisé par une femme. Collection particulière | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Soldats allemands de la Luftwaffe jouant aux cartes sur le front pendant la drôle de guerre. ECPAD.


1.2 - La Ligne Maginot



Scénographie
LA LIGNE MAGINOT

Dans le cadre de sa politique défensive, la France construit la ligne Maginot, du nom de son créateur, le ministre de la Guerre André Maginot. Il s'agit d'un vaste système fortifié le long des frontières avec l'Allemagne et l’Italie. Entre septembre 1939 et juin 1940, ce sont près de 200 000 soldats formant une nouvelle arme, les troupes de forteresse, qui sont ainsi cantonnés dans ces ouvrages bétonnés équipés du confort le plus moderne de l'époque. La vie quotidienne au cœur des galeries souterraines est pourtant particulièrement difficile, marquée par l’ennui, la lassitude face à une inaction prolongée, l‘absence des familles et d’ouverture sur l'extérieur... Cet enfermement provoque notamment la « bétonite », maladie psychologique répandue chez des soldats démoralisés ne supportant plus d'être enfermés.

 
Texte du panneau didactique
 
Ligne Maginot, ouvrage du Hackenberg, galerie principale. Vincennes, Service historique de la Défense. ECPAD © Photographe inconnu / Service Cinématographique des Armées / ECPAD.
Reproduction d'une casemate de la ligne Maginot.
Encrier représentant deux blocs du secteur fortifié de l’Escaut.
Réalisé en 1940 par le soldat Lucien Lecœuvre du 54e régiment d’infanterie de forteresse pour le concours de bricolage du 3e corps d’armée. Il est offert au général Georges.
Paris, Musée de l’Armée. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.


1.3 - La campagne de France



Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
LA CAMPAGNE DE FRANCE

Le 10 mai 1940, les troupes allemandes pénètrent en Hollande, en Belgique et au Luxembourg. Les troupes françaises de la 7e et de la 1ère armée, ainsi que le corps expéditionnaires britannique, en conformité avec le plan Dyle-Breda, se portent immédiatement à leur rencontre à la hauteur du canal Albert, en Belgique.

Plus au sud, le 14 mai, dans les Ardennes, là où l'armée allemande fait porter son effort principal, les troupes blindées du général Guderian percent, entre Sedan et Dinant, le dispositif défensif français, entre la 9e et !a 2e armées. Malgré plusieurs tentatives infructueuses pour stopper la progression des unités blindées allemandes, celles-ci atteignent les côtes de la Manche, le 21 mai. En Belgique, après avoir défait les troupes néerlandaises en cinq jours, les troupes allemandes, après des combats d'une extrême violence, bousculent et encerclent progressivement les troupes alliées. Celles-ci se replient vers Dunkerque : plus de 300 000 soldats sont évacuée vers l’Angleterre par les marines alliées.

Le 4 juin, ce qui reste de l'armée française se rétablit sur la ligne Weygand, le long de la Somme et de l’Aisne. Elle n'est plus en mesure d'arrêter l'armée allemande qui perce le front les 7 et 10 juin et poursuit sa progression vers le sud. Le 14 juin, les troupes allemandes défilent dans Paris. Entre-temps, le 10 juin, l’Italie déclare la guerre à la France, mais les troupes italiennes sont contenues dans les Alpes. Le 22 juin 1940, la France signe avec l’Allemagne l'armistice à Rethondes, qui entre en vigueur le 25 après la signature de l'armistice franco-italien signé le 24.

 
Texte du panneau didactique
 
Feldwebel (adjudant) du 1. Panzer-Regiment 8 (10e Panzerdivision). Paris, musée de l’Armée | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.
Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
14-15 mai. Motocycliste allemand dans la région de Sedan. ECPAD | © Photographe inconnu / ECPAD.
 
Une Colonne de chars allemands Panzer 1 à Gembloux (Belgique) les 10-12 mai 1940. ECPAD | © Erich Borchert / ECPAD.
Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Sur la RN2 entre Soissons et Laon, des réfugiés refluent vers Soissons. Un prêtre pousse une femme âgée assise dans une remorque de vélo. ECPAD | © Photographe inconnu, Luftwaffe K.B.K. 4 / ECPAD.
 
Mai 1940, des chars Renault D2 de la 345e Compagnie autonome de chars de combat (CACC) croisent des réfugiés sur la N2 entre Soissons et Laon. ECPAD | © SGA /ECPAD.
Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Canon de 37 mm antiaérien. Ce canon provient de l’épave du Cérons, cargo transformé en patrouilleur auxiliaire. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Secteur de Dunkerque, mai-juin. Casques français abandonnés. ECPAD | © Luftwaffe K.B.K. 4 / ECPAD.
Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Casque britannique MK II. Le soldat à qui appartenait ce casque, considéré comme un souvenir de ses campagnes en 1940, a gravé les noms des deux pays dans lesquels il s’est battu et celui de la ville de Dunkerque, où il fut réembarqué.
 
Reliquaire des cendres du drapeau du 86e régiment d’infanterie (RI). Pour éviter que son drapeau ne tombe dans les mains allemandes, le 86e RI le brûle dans la forêt des Charmes (Vosges), le 19 juin 1940. Les cendres sont ensuite recueillies et conservées depuis dans ce reliquaire.


1.4 - Le choc politique de la défaite



Scénographie
LE CHOC POLITIQUE DE LA DÉFAITE

Dès le 15 mai, date du premier appel à l'aide du président du Conseil français Paul Reynaud au Premier ministre britannique Winston Churchill, le pouvoir politique français oscille entre volonté de fermeté et irrésolution. Le remplacement du général en chef Gamelin par le général Weygand, qui ne change pas fondamentalement de stratégie, tout comme les différents remaniements ministériels, témoignent de cette hésitation permanente face à un désastre chaque jour plus perceptible.

À partir de la rupture de la ligne Weygand, le gouvernement, auquel appartient maintenant Charles de Gaulle, est confronté à un terrible dilemme : l'option militaire de faire capituler tout ou partie des armées et de continuer la guerre hors du territoire métropolitain, ou bien le choix politique de cesser le combat et d’accepter la défaite, en négociant avec l'ennemi un armistice, et de rester sur le territoire français. Le 16 juin au soir, Paul Reynaud démissionne laissant la place aux partisans déclarés d'une négociation avec l'Allemagne. Huit millions de Français sont sur les routes de l’exode, et les Allemands sont à Paris depuis deux jours.

Le désastre militaire se double d’un naufrage politique. Après avoir vu disparaître son armée, sa force terrestre étant alors considérée comme la plus puissante au monde, la France voit vaciller son autre pilier : la force d’un régime républicain qui lui avait pourtant permis de résister et de vaincre lors de la Grande Guerre.

 
Texte du panneau didactique
 
Texte des armistices de juin 1940.
Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Soldats allemands devant le wagon de Rethondes. ECPAD | © ECPAD.
 
Microphone de la BBC, 1940. Paris, musée de l’Armée. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.


2 - LES CONSÉQUENCES DE LA DÉFAITE
2.1 - Les déracinés



Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.

 
LES DÉRACINÉS

Au lendemain de la défaite, la France est divisée en différentes zones et les Français dispersés aux quatre coins du pays et à l'étranger. Après seulement 6 semaines de combats, 1,8 million de soldats sont faits prisonniers, ce qui constitue un véritable choc. Si la plupart sont envoyés en Allemagne (les officiers dans des Oflags, les autres dans des Stalags), ceux issus de l'empire colonial sont emprisonnés en France dans des Frontstalags pour ne pas, selon l’idéologie raciste nazie, « salir » le sol allemand. Les troupes françaises et les Polonais du 45e corps d’armée qui ont traversé la frontière sont internés en Suisse.

Après avoir fui les combats et pris la route de l’exode, les populations évacuées sont autorisées à retourner chez elles à condition de se munir d'un certificat de rapatriement pour pouvoir franchir la ligne de démarcation, devenue une véritable frontière. La subdivision de la zone occupée en différentes entités et le rattachement des départements du Nord et du Pas-de-Calais au Commandement militaire de Bruxelles ajoutent à l’éclatement du pays.

Après presque vingt ans d'appartenance à la France, l’Alsace et la Moselle sont de fait rattachées au Reich dès le 24 juin avant d’être également annexées en novembre. Les Allemands invitent fortement les Alsaciens et les Mosellans à regagner leurs foyers. Ils créent a cet effet le « Elsässische Hilfsdienst » dont l'action s‘inscrit dans l'effort de propagande de l'Allemagne. Considérés comme indésirables ou inassimilables, les juifs, les étrangers - naturalisés ou non - et de nombreux citoyens français sont expulsés.

Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Texte du panneau didactique
 
Prisonniers français, après la prise du village de Thulin, entre le 12 et le 15 mai 1940. ECPAD | © Erich Borchert / ECPAD.
 
Pull-over d’un prisonnier de guerre (en allemand Kriegsgefanger ou KG). Paris, musée de l’Armée | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Marie Bruggeman.


2.2 - L'Allemagne sur le territoire métropolitain



Scénographie
L'ALLEMAGNE SUR LE TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN

« Pour assurer les intérêts du Reich allemand,
le territoire français situé au nord et à l’ouest de la ligne
tracée sur la carte ci-annexée sera occupé
par les troupes allemandes. »


(ARTICLE 2 DE LA CONVENTION D'ARMISTICE FRANCO-ALLEMANDE)

Cet article est explicite. En revanche, les modalités de cette occupation ne sont pas précisées et le tracé de la carte est approximatif. De fait, la zone « nord », soit 55 % du territoire métropolitain - occupé militairement et administrativement - fait l’objet de plusieurs traitements. La zone « occupée », dite improprement zone « nord », comprend également toute la bande littorale atlantique, qui devient « zone interdite » en 1941. Est aussi « interdite » au retour des réfugiés une zone nord-est, de la Somme à la Bourgogne, sorte d’espace tampon entre l’Alsace-Moselle annexée et la zone occupée. Enfin, le Commandement militaire allemand en Belgique reçoit la gestion des départements du Nord et du Pas-de-Calais.

L’armistice franco-italien du 24 juin prévoit la création d'une zone occupée italienne beaucoup plus modeste, 800 km2 et 28 000 habitants, situés à l'Est de la zone non occupées, et englobant, sinon de grandes villes, les fortifications de la ligne Maginot des Alpes.

La ligne de démarcation entre les deux zones coupe 13 départements, et le Reich en fait une frontière non seulement politique, mais aussi sociale et économique, le transport de ressources entre les deux zones étant interdit.

 
Texte du panneau didactique
 
Guide touristique allemand de Paris à destination des troupes allemandes d’Occupation. Collection particulière | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.
 
Guide touristique allemand de Paris à destination des troupes allemandes d’Occupation. Collection particulière | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.
 
Liste Otto. Complétée en 1942 puis en 1943, la liste Otto recense les livres autocensurés par les éditeurs ou interdits par l’occupant allemand. Photo : Paris, BnF.
Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Affiche de propagande allemande réalisée par Theo Matejko. Paris, musée de l’Armée | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais.
 
Armet à masque de lion du comte palatin Wolfgang l’Ancien (1494-1558) spolié par les troupes d’Occupation à l’été 1940. Paris, musée de l’Armée | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Ségrette.
Scénographie avec la plaque d’une rue à Colmar renommée "Hermann-Göring-Straße" à la suite de l’Annexion de l’Alsace par le IIIe Reich.
Paris, musée de l’Armée
 

Jean Texcier (1888-1957) est l’auteur de ces conseils à l’occupé, 33 au total, imprimés en août 1940 sous forme de brochure. Avec son ton ironique et son aire de connivence avec le lecteur qu’il tutoie, il est à l’origine d’une des premières brochures clandestines de l’Occupation.

Cliquer ici ou sur l’image pour voir un agrandissement de la photo.

 

Tract et tickets de rationnement.
La désorganisation de l’économie suite au désastre et le maintien en captivité de centaines de milliers de jeunes hommes se conjuguent aux pillages de l’occupant provoquant d’importantes difficultés dans la vie quotidienne des Français. Des pénuries commencent dès l’été 1040. Les Français ont faim et le rationnement se met en place, accentuant les critiques vis-à-vis de l’occupant et du gouvernement de Vichy. Dès l'automne, des rassemblements, le plus souvent spontanés, mobilisent des femmes, parfois accompagnées de leurs enfants, dans des « manifestations de ménagères » qui constituent l'un des premiers exemples de réactions collectives à la défaite.
Bibliothèque historique de la Ville de Paris.



2.3 - La France de Vichy



Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.

 
LA FRANCE DE VICHY

« Le gouvernement français est libre de choisir son siège
dans le territoire non occupé, ou bien s'il le désire,
de le transférer même à Paris »

(ARTICLE 3 DE LA CONVENTION D’ARMISTICE FRANCO-ALLEMANDE)

 

Bordeaux étant en zone occupée, le gouvernement qui s'y était replié s’installe début juillet à Vichy, à proximité de Chateldon où réside Laval. Vichy dispose d'un standard téléphonique moderne et d'infrastructures hôtelières suffisantes pour accueillir les parlementaires et le gouvernement.

Le maréchal Pétain, auquel les parlementaires ont attribué le 10 juillet les pleins pouvoirs par vote, choisit donc Vichy, par défaut, comme capitale provisoire de la « zone non occupée », zone citée comme telle dans la convention d’armistice mais rapidement surnommée zone « libre » par sa propagande.

Dès ses premiers discours radiodiffusés, le maréchal Pétain considère que la défaite est directement liée à la décadence de la France républicaine et qu'il entend mener une politique de régénération morale intitulée « révolution nationale ». De multiples lois violent les règles démocratiques traditionnelles et une législation d’exclusion politique et raciale est mise en place, conduisant à l'internement de dizaines de milliers de personnes et à l’exclusion de fait des juifs de France de la communauté nationale. Mais l'interdiction des partis politiques n’entraîne pas pour-autant la création d'un parti unique à l'image des autres régimes autoritaires. C’est la figure personnelle du Maréchal qui est censée assurer la relation privilégiée entre les Français et son chef de l’État qui espère encore, fin 1940, pouvoir déménager son gouvernement en région parisienne.

Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Texte du panneau didactique.
 
Portrait du maréchal Pétain. Tapisserie d’Aubusson. Paris, musée de l’Armée | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Uniforme du type, porté au Groupement 38 des Chantiers de la jeunesse. Collection particulière | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.


2.4 - L'Empire français : un enjeu



Scénographie avec affiche en faveur de La Renaissance Franco-Vietnamienne.
Le 25 juin 1940, l'amiral Jean Decoux remplace comme gouverneur général de l’Indochine le général Georges Catroux soupçonné par le régime de Vichy d’avoir des velléités de poursuivre le combat. L'Indochine s’engage dans une attitude très conciliante avec le Japon qui garantit à son administration la souveraineté en échange de l’installation de bases militaires. Dès septembre 1940, 25 000 soldats nippons stationnent aux frais de la France au Tonkin et bénéficient de la mise à disposition de trois aérodromes qui vont servir de rampe de lancement dans ses offensives contre les possessions britanniques. L’Indochine devient progressivement un condominium franco-japonais.
Paris, BnF.
© Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
L'EMPIRE FRANÇAIS : UN ENJEU

Si l’Appel du 18 Juin est celui d'un chef militaire cherchant à rallier les bonnes volontés, celui du 22 pose déjà les prémices d’une nouvelle légitimité qui entend poursuivre le combat hors du territoire national. L’empire colonial devient donc un enjeu majeur, pour la France libre comme pour le régime de Vichy, mais aussi pour l’Allemagne, dont la volonté de tenir l’empire français hors de la guerre est l’une des raisons de la relative modération des conditions de l’armistice.

La plupart des chefs politiques et militaires de l’Empire font le choix de la fidélité au gouvernement légal. C’est seulement le 20 juillet qu’un premier territoire, les Nouvelles-Hébrides, se rallie à « la dissidence ». L’événement décisif qui permet au mouvement gaulliste de disposer d’une base territoriale est le ralliement des territoires du Tchad, du Cameroun, de l’Oubangui-Chari et du Congo durant les « Trois Glorieuses » du 26 au 28 août, impulsion prolongée en septembre par le ralliement des territoires indiens et océaniens, enrayé lors des premiers combats fratricides de Dakar du 23 au 25 septembre, puis suivi, en novembre, du ralliement par la force du Gabon.

Fin 1940, la France libre dispose d'un territoire largement africain et excentré par rapport au reste de l’Empire, mais non dénué d’intérêts stratégiques et économiques. Il permet de poser les bases d’un État souverain et de disposer d'une frontière commune avec l’ennemi italien afin de reprendre le combat de manière autonome.

 
Texte du panneau didactique
 
Fanion de la section motocycliste du régiment de tirailleurs camerounais. Paris, musée de l’Armée | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.
Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Affiche de propagande antibritannique diffusée en France après l’attaque de Mers el-Kébir le 3 juillet 1940. Paris, musée de l’Armée | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.
 
Tirailleur du régiment de Tirailleurs sénégalais du Tchad.


2.5 - Londres, capitale du monde libre



Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
LONDRES, CAPITALE DU MONDE LIBRE

Le 18 juin 1940, Churchill appelle les Britanniques à continuer le combat  et à écrire les « plus belles heures » [au singulier chez Churchill] de leur histoire. La victoire, à l'automne, des pilotes de la Royal Air Force lors de la bataille d’Angleterre, et cette volonté farouche de son leader de ne rien céder, fait de Londres où se réfugient les gouvernements des pays envahis, la capitale du monde libre.

Au sein de cette capitale, malgré le soutien affirmé de Churchill et l'amitié du peuple à l’égard des volontaires, la France libre est le seul mouvement en exil à devoir combattre à la fois les Allemands et le gouvernement légal de son pays. Cette situation singulière conduit le général de Gaulle à se montrer particulièrement intransigeant sur les questions de souveraineté et à vouloir très vite affirmer son mouvement comme étant, non pas une « légion » au service des Britanniques, mais bien une entité qui maintient la France dans la guerre. Le 7 août, les accords négociés par le juriste René Cassin posent les bases de la relation entre le mouvement gaulliste et le gouvernement britannique.

Cette volonté de s'affirmer comme le représentant légitime de la France amène la France libre à tenter de mettre en place une politique étrangère autonome et à créer des comités de soutien, sur les différents continents, pour concurrencer les représentations diplomatiques vichystes. Mais de nombreux Français en exil, en Grande-Bretagne comme dans le reste du monde, ne rejoignent pas alors la France libre.

 
Texte du panneau didactique
 
Affiche « Appel aux Français de Liverpool ». Paris, musée de l’Armée | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.
Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Charles de Gaulle. © Fondation Charles de Gaulle.
 
Poudrier vendu au profit du Comité France Forever aux États-Unis.
Le mouvement France Forever est créé le 28 septembre 1940 par l’industriel Eugene Houdry pour rassembler la communauté française aux États-Unis dans le refus de la défaite. Du fait des réticences du gouvernement américain envers de Gaulle et des nombreuses oppositions au sein des expatriés français, c'est seulement en 1942 que France Forever représente véritablement le mouvement gaulliste aux États-Unis. Son efficacité repose sur un réseau d’influence associant scientifiques, intellectuels et artistes, comme Alexander Calder, qui réalise en 1942 un mobile « au bénéfice de la Résistance française », récemment acquis par le musée de l‘Armée pour son historial de Gaulle. Paris, musée de l’Armée.
Scénographie. © Paris, musée de l’Armée. Anne-Sylvaine Marre-Noël.
 
Membre d’équipage de bombardier de la Royal Air Force en 1940. Paris, musée de l’Armée et musée de l’Air et de l’Espace | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.
 
Veston en cuir modèle 1935 du colonel Charles de Gaulle. Paris, musée de l’Armée | © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Laurent Sully-Jaulmes.