LA COLLECTION PHILLIPS A PARIS

Article publié dans la Lettre n° 252


LA COLLECTION PHILLIPS A PARIS. Grâce à la rénovation du musée où elles sont habituellement exposées à Washington, c’est la dernière occasion de voir hors de ses murs un remarquable ensemble de 67 tableaux et sculptures parmi lesquels nombre de chefs-d’œuvre.
En hommage à son père, appartenant à une riche famille d’industriels et de banquiers, mort en 1917, et à son frère, mort en 1918, avec lequel il avait eu l’idée de créer une collection qui reflèterait leur passion pour l’art contemporain, Duncan Phillips fonde avec sa mère la Phillips Art Memorial Gallery dans la grande maison familiale de Washington. La collection est ouverte au public en 1921, soit huit ans avant l’ouverture du MoMA à New York.
L’objectif de Duncan Phillips est de montrer des œuvres des créateurs qui racontent l’histoire du XXe siècle naissant, sans renier pour autant les leçons des grands aînés du passé. Les acquisitions se succèdent (déjà 230 œuvres en 1921 et 2500 à sa mort en 1966) et rendent compte de ses étonnantes rencontres avec l’art moderne qui s’est désormais émancipé de toutes ses conventions.
Par ses choix variés, il instaure une cohérence d’esprit à un ensemble en perpétuel renouveau et qui comprend de nombreux artistes. Si les liens entre les œuvres sont affectifs, ils demeurent toujours sélectifs. Un nouveau venu sera un élément déterminant, indispensable à une meilleure compréhension de l’ensemble. Duncan Phillips est ainsi l’un des premiers directeurs de collection et son musée l’un des plus importants et anciens musées privés d’art moderne au monde, mettant à la disposition de tous, la diversité de la création d’alors.
Sa collection est remarquable. L’extrait qui nous est présenté à Paris commence avec les précurseurs de l’art moderne : Delacroix, Ingres, Corot, Courbet, Daumier, Manet, Van Gogh, Puvis de Chavannes, Sisley, Gauguin et bien sûr, Cézanne. Elle se poursuit avec Redon, Degas, Renoir, de La Fresnaye, Monet, Gris, Vuillard, Klee, Kandinsky, Bonnard. Alors qu’il n’acquiert qu’un seul tableau de Renoir, le fameux Déjeuner des canotiers, un chef-d’œuvre de grand format pour une toile impressionniste, qu’il qualifie « d’une des plus belles peintures du monde qui vaut tous les Titien ou Giorgione, et mieux que tous les Rubens », il achète dix-sept œuvres de Bonnard qui viendra lui rendre visite à Washington en 1926. Plus près de nous, Duncan Phillips remarque Dufy, Matisse, Braque, Picasso, de Staël, Rouault, Giacometti, Bacon. Mais il s’intéresse aussi aux artistes américains d’après guerre, bien représentés dans sa collection avec Hopper, Diebenkorn, Still, Francis, Gottlieb, Rothko. Enfin il n’oublie pas de regarder la puissance d’évocation de Pierre Soulages. C’est donc une collection très équilibrée, bien représentative de son époque,qu’a constituée Duncan Phillips, dont le petit extrait que l’on voit ici est une admirable illustration. Musée du Luxembourg 6e. Jusqu’au 26 mars 2006. Pour voir notre sélection de diapositives, cliquez ici. Lien : www.museeduluxembourg.fr.


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