DE MIRO A WHAROL
LA COLLECTION BERARDO A PARIS

Article publié dans la Lettre n° 292

DE MIRO A WHAROL - LA COLLECTION BERARDO A PARIS. Cette exposition nous donne une idée de cette impressionnante collection privée constituée à partir de 1992 seulement par l’achat dans une vente aux enchères d’un premier tableau, Composition, de Vieira da Silva. José Berardo, fils de paysan portugais de Madère, cadet d’une famille de sept enfants, suit ses parents en Afrique du Sud où il exerce toutes sortes de petits métiers jusqu’à acheter une mine d’or abandonnée, avec laquelle commence sa fortune. Ensuite il se lance dans d’autres activités (finance, banque, hôtels, etc.) qui en font, depuis qu’il est revenu au Portugal en 1986, l’un des entrepreneurs les plus importants de son pays avec une fortune évaluée à deux milliards de dollars.
José Berardo est aussi un collectionneur né. Enfant, il collectionnait les cartes postales, les boîtes d’allumettes, les timbres. En Afrique du Sud il a constitué une collection d’œuvres d’artistes de ce pays. Il a aujourd’hui des collections d’azulejos, d’art africain, d’art brésilien, de mobilier Art Déco, de minéraux, de faïences, d’étains, de botanique, etc. Dans le cas présent, ce qui l’a intéressé c’était de constituer au Portugal, où il n’y en avait pas, une collection de référence en art moderne. En quelques années, bien conseillé, il a acquis près de mille œuvres du XXe siècle, rassemblées en ensembles cohérents comme le Surréalisme, le Pop Art, etc. Les artistes portugais ne sont pas surreprésentés car, pour José Berardo, « l’art n’a pas de frontières ».
Une autre particularité intéressante de cette collection est de l’avoir mise à la disposition de l’Etat pour que tous les portugais puissent la voir. Un accord a été signé en 2006. L’Etat apporte le musée (le Centre culturel de Belém) et José Berardo un ensemble de 862 œuvres, représentant 505 artistes. Une nouvelle fondation est créée, pour une période de dix ans, qui continue l’acquisition d’œuvres. Durant cette période, l’Etat a une option exclusive d’achat de cette collection pour la somme de 316 millions d’euros, selon l’estimation faite par Christie’s. La ville de Toulouse avait souhaité faire de même mais sans succès. Dès son ouverture, le 25 juin 2007, les visiteurs affluent et un an après il y a déjà eu plus de 400 000 entrées ! Un effort très important a été fait en direction de divers publics et en particulier celui des écoles.
A Paris les organisateurs nous montrent 75 œuvres, à commencer par une grande statue en bronze de César, Hommage à Léon (1958-1964) qui trône à l’extérieur du musée, regroupées en cinq sections permettant de présenter d’une manière didactique les différents courants de l’art du siècle dernier. La première salle nous donne une idée de la collection avec les coups de cœur du collectionneur : Tête de femme de Picasso (1909), petit tableau de 17 x 11 cm, La Mante, grande, de Germaine Richier (1946-1951) ou encore un paysage (Sans titre, Pont, 1914) d’Amadeo de Souza-Cardoso, le plus grand peintre portugais du début du siècle.
Vient ensuite une séquence consacrée au Surréalisme, l’un des points forts de la collection, évoquant le mouvement Dada et les origines du Surréalisme avec des œuvres de Miró, Magritte, de Chirico, Masson, Man Ray, Brauner, etc.
La troisième partie présente les différents courants de l’abstraction géométrique en Europe entre les deux guerres : Mondrian, Gorin, Balla, Hélion et bien d’autres.
La quatrième partie présente le Pop Art américain et le Nouveau réalisme français : Warhol, Wesselmann, Lichtenstein, entres autres, pour le premier, Klein, Fontana, Rotella pour le second.
Enfin la dernière section offre un panorama significatif des recherches de l’après-guerre. Abstraction géométrique avec Vieira da Silva ou Vasarely, abstraction lyrique avec Riopelle ou Soulages, etc. C’est donc un tour d’horizon intéressant sur la peinture moderne que l’on peut voir tout en appréciant le travail de ce collectionneur avisé et mécène à ses heures. Musée du Luxembourg 6e. Jusqu’au 22 février 2009. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.museeduluxembourg.fr.

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