THEODORE
CHASSERIAU (1819-1856),
un autre romantisme
Article
publié dans la Lettre n° 197
THEODORE
CHASSERIAU (1819-1856).
Un autre romantisme.
C’est la première grande rétrospective depuis 1933 consacrée à ce
grand peintre romantique, à la carrière aussi intense que brève,
que l’on réduit trop souvent à l’exaltation de la beauté féminine
ou à sa composante orientaliste. Avec plus de 250 oeuvres cette
exposition qui sera ensuite présentée à Strasbourg (19 juin au 21
septembre) et à New-York (21 octobre au 5 janvier 2003) veut mettre
fin à un malentendu tenace: Chassériau ne se résume pas au double
héritage d’Ingres, dont il fut très tôt l’élève, et de Delacroix
qu’il n’a aucunement cherché à copier. L’art et l’univers si singuliers
de Chassériau ne s’y laissent pas enfermer.
Cet artiste infatigable ne se donne aucun répit pour courir au devant
de la renommée. Il affronte pour la première fois le Salon à 17
ans. Après 1840, faisant flèche de tout bois, il se met à la gravure
et élargit sa clientèle. Portraitiste saisissant (Lacordère, Les
Deux soeurs), il aborde aussi avec une grande liberté la mythologie
(Vénus, Diane, Andromène), les thèmes sacrés (Suzanne, Esther, Jésus
au jardin des Oliviers) et les sujets shakespeariens (Othello, Lear,
Macbeth).
Peintre des moments ou des états intermédiaires, des énergies contrariées
et des désirs suspendus, il l’est aussi du dédoublement des personnages
et de l’indécision des sexes. Même sa peinture monumentale (décors
pour l’église Saint-Merri, l’église Saint-Philippe-du-Roulle, la
Cour des Comptes dont on voit des fragments nouvellement restaurés
après l’incendie qui ravagea cet édifice) échappent à toute emphase.
En outre, à l’iconographie traditionnelle de la Guerre et de la
Paix, de l’Ordre et de la Force, il joint l’actualité de la « question
d’orient » et sa fascination pour les « races lointaines ». Ses
origines antillaises le sensibilise à la politique coloniale de
la France en Algérie d’où il ramènera quelques scènes de harem et
des scènes de guerre. Grand Palais 8e (01.44.13.17.17) jusqu’au
27 mai 2002. Pour
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