CARAMBOLAGES
Article
publié dans la Lettre n° 396
le
2 mai 2016
CARAMBOLAGES. Voici une exposition atypique dont le thème n’est ni un artiste, ni une école artistique, ni une époque, ni un pays ou une région mais tout cela à la fois. Son commissaire, Jean-Hubert Martin, qui a à son actif un grand nombre d’expositions plus classiques que celle-ci (Une image peut en cacher une autre, Lettre 299 ; Dali, Lettre 349 ; Le Maroc contemporain, Lettre 376) veut montrer qu’il y a d’autres façons de présenter des œuvres, sans référence à l’histoire de l’art et à ses conventions. Marc Restellini avait fait de même à la Pinacothèque de Paris pour la présentation de la collection permanente de cette institution, aujourd’hui fermée. Comme J-H Martin, il montrait que les collectionneurs adoptent le plus souvent des présentations par affinité entre les œuvres plutôt que spatiotemporelles ou par techniques.
Poussant à l’extrême cette notion d’affinité, le commissaire jongle avec les époques, les continents, les techniques, et associe les objets par des traits qu’ils ont en commun. Par exemple, nous avons côte à côte, sur un même panneau, une toile intitulée « ---- 115 avant Jésus-Christ ---- 2015 ---- » de Claude Rutault (2015) ; Un œil qui regarde, de l’École française du XVIIIe siècle; Sainte Lucie (XVIIe siècle) attribué à Niccolo de Simone ; Têtes d’expression comparatives – yeux (XVIIe siècle) de Charles Le Brun ; une Statuette Valdivia, Équateur (3500-1500 av. J.-C.) ; une Figure anthropomorphe, Nord de l’Inde (IIe millénaire av. J.-C.) ; un Crâne Asmat, Irian Jaya, Indonésie (XIXe-XXe siècle) ; une Idole aux yeux, région du Haut Tigre, nord de la Mésopotamie (IVe millénaire av. J.-C.). Toutes ces œuvres ont en commun de représenter quelque part, explicitement ou implicitement, une ou des paires d’yeux. Le dernier objet du panneau montre un Ex-voto, Grèce (Ier siècle ap. J.-C.) représentant une paire d’oreilles et annonçe le panneau suivant. Et on continue à déambuler ainsi, dans l’ordre établi par J-H Martin, le long des 25 panneaux, découvrant les uns après les autres les quelque 180 objets de cette exposition. Pas de cartels à côté des œuvres mais des écrans le long des murs où défilent les objets et leurs légendes. Entre les deux étages, un tableau magnétique permet aux visiteurs de classer à leur guise les objets représentés sur des dominos. Cette exposition « marabout - bout de ficelle - selle de cheval » ludique et variée, avec des objets parfois incongrus ou drôles (Coupe en forme de sein dit de Marie-Antoinette, 1788) plaira, en particulier, à tous ceux que les musées traditionnels rebutent. Grand Palais 8e. Jusqu’au 4 juillet 2016. Lien : www.rmn.fr.
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