CANALETTO - GUARDI.
Les deux maîtres de Venise
Article
publié dans la Lettre n° 344
du
8 octobre 2012
CANALETTO - GUARDI. Les deux maîtres de
Venise. A l’occasion du trois centième anniversaire de Francesco
Guardi, cette exposition rend hommage aux deux principaux peintres
de vedute à Venise. Le commissariat a été confié à Bozena Anna Kowalczyk,
spécialiste des « peintures de vues » du XVIIIe siècle italien qui
a obtenu des prêts des plus grands musées du monde ainsi que huit
œuvres exceptionnelles appartenant à la Reine d’Angleterre, qui
les a mises à la disposition de la commissaire, compte tenu de l’intérêt
scientifique de cette exposition.
C’est donc une cinquantaine d’œuvres que l’on peut voir, réparties
dans huit salles, depuis « Les origines de la veduta et la jeunesse
de Canaletto » jusqu’aux « Caprices, une Venise imaginaire », en
passant par les regards croisés de Canaletto et Guardi sur Venise
(salles 2 à 4), « Le triomphe de Guardi », « Les charmes de la lagune »
et la « Splendeur des fêtes et des cérémonies à Venise ». L’exposition
s’ouvre donc sur les maîtres d’Antonio Canal, dit Canaletto, né
à Venise en 1697, à savoir Gaspar van Wittel (1652-1736), qui met
au point les techniques de la veduta en utilisant l’usage
de la camera obscura et la réalisation méthodique de dessins
préparatoires, et Luca Carlevarijs (1663-1730) qui enrichit cette
approche scientifique de sa passion pour la représentation des figures.
Leur disciple y ajoute un sens de la perspective sans précédent
et accorde une place particulière à la lumière et aux effets atmosphériques.
Quand Guardi (1712-1793) commence à peindre, Canaletto connaît déjà
un grand succès qui ne le quittera jamais. Guardi renoue avec les
effets atmosphériques que cultivait Canaletto à ses débuts. L’un
des principaux intérêts de cette exposition est la confrontation
des œuvres des deux peintres sur un même sujet. Par exemple Le
Grand Canal avec l’église San Geremia, le palais Labia et l’accès
au Cannaregio (1727 pour le premier ; 1769 pour le second) ou
Le Campo Santi Giovanni e Paolo (1739 ; 1765). Au grand soin
apporté aux détails de Canaletto répondent la fantaisie et la sensibilité
de Guardi, que l’on peut tout particulièrement apprécier dans la
salle 5, qui lui est entièrement consacrée. On voit aussi des tableaux
d’autres grands védutistes comme Michele Marieschi (1710-1743) et
Bernardo Bellotto (1722-1780), neveu et disciple de Canaletto.
Venise est aussi synonyme de fêtes comme les Régates sur le Grand
Canal ou le mariage du doge avec la mer sur le Bucentaure, grosse
galère d’apparat brûlée en 1797 par les français au nom de la Révolution !
Dans la salle consacrée à ces fêtes, on voit face à face des dessins
de Canaletto et leur transposition en peinture par Guardi, à la
demande de Joseph Smith, l’ancien agent de Canaletto, après la mort
de ce dernier en 1768.
Dans la dernière salle le védutisme semble oublié puisqu’il s’agit
de représenter, au moyen de caprices, une Venise imaginaire, mais
la technique est similaire. On voit ainsi des vues de villes spectaculaires
mais tout à fait fantaisistes ou des ruines avec une végétation
luxuriante tel ce Caprice avec un arc de triomphe sur le bord
de la lagune (Bellotto, 1743). Cette exposition tout à fait
exceptionnelle bénéficie d’une belle scénographie d’Hubert le Gall
avec des pancartes et des cartels très lisibles. Un petit livret
d’une centaine de pages est distribué à l’entrée (2 €). Musée
Jacquemart-André 8e. Jusqu’au 14 janvier 2013. Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien
: www.musee-jacquemart-andre.com.
Retour
à l'index des expositions
Page
d'accueil de « Spectacles Sélection »
|