CANALETTO A VENISE
Article
publié dans la Lettre n° 344
du
8 octobre 2012
CANALETTO A VENISE. Depuis quelques
années, les expositions sur Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto,
se succèdent de par le monde pour commémorer le trois centième anniversaire
de sa naissance en 1697. Celle-ci est exclusivement consacrée à
la période vénitienne de ce peintre né justement à Venise où il
travaille de 1722 à 1746, réalisant plus de 900 toiles, avant de
partir pour Londres, sur les conseils de Joseph Smith, marchand
et consul britannique à Venise. Il reste à Londres jusqu’en 1755
où sa gloire est immense. Bien que débordé, il ne refuse aucune
commande et impose son prix et ses délais. Smith, devenu son agent,
écrit « qu’il a tant de succès que les gens sont prêts à payer ce
qu’il demande ». Le climat politique redevenu plus calme sur le
continent, Canaletto revient à Venise où il meurt en 1768.
Dans une magnifique scénographie d’Hubert le Gall, nous pouvons
voir quelque quarante peintures de Canaletto, une dizaine de dessins
dont le fameux carnet de croquis de Venise, qui rassemble sept fascicules
reliés ensemble, que l’on peut feuilleter virtuellement, et autant
de gravures. D’autres toiles (Francesco Guardi, Bernardo Canal)
et divers objets sont exposés en contrepoint.
La spécialité de Canaletto est la veduta. Ce terme, qui signifie
en italien « ce qui se voit », s’applique à un genre pictural né
en Flandre représentant les édifices ou les ensembles urbains avec
précision et réalisme de détails. Les voyageurs qui faisaient le
« Grand Tour » en Europe étaient heureux de rentrer chez eux avec
des toiles montrant précisément ce qu’ils avaient vu. Cela explique
qu’au fil du temps, la dimension de ces vedute ait été réduite
afin de faciliter leur transport !
Ces tableaux permettent encore aujourd’hui de reconnaître les lieux
peints par Canaletto (Grand Canal, Palais Ducal, Basilique de la
Salute, Piazzetta, Eglise du Redentore, vues diverses de la Lagune,
etc.), tant le travail est minutieux. Pour y parvenir, il utilisait
un procédé connu sous le nom de « camera obscura ». Cette chambre
optique, dérivée du procédé utilisé par Caravage permettait à l’artiste
de voir dans une chambre noire, à travers un jeu de loupes et de
miroir, le paysage situé derrière lui et de le dessiner, à l’horizontal,
sur la feuille où l’image était projetée, tel qu’il apparaissait
à l’intérieur de cette chambre noire. Pour nous permettre de bien
comprendre le procédé, une telle chambre a été reproduite. Elle
permet aux visiteurs qui passent la tête à l’intérieur de celle-ci
de visualiser la maquette située derrière eux. Comme on peut le
voir, cet instrument n’est pas très grand et Canaletto pouvait donc
parcourir les canaux de Venise avec lui pour dessiner les édifices
qu’il allait ensuite peindre dans son atelier, s’aidant en outre
de croquis dessinés de manière traditionnelle, comme ceux que l’on
voit dans le fameux carnet ci-dessus.
En dehors de la représentation minutieuse des édifices, on peut
aussi admirer la multitude de barques, de gondoles et de petits
personnages qui remplissent l’espace. Certains, malgré leur très
petite taille, sont de véritables portraits qui donnent beaucoup
de vie à ces tableaux.
Une très belle exposition, bien documentée, avec des panneaux clairs
et précis, des cartels lisibles et un petit guide gratuit bien utile.
Musée Maillol 7e. Jusqu’au 10 février 2013. Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien
: www.museemaillol.com.
Retour
à l'index des expositions
Page
d'accueil de « Spectacles Sélection »
|