BRUCE NAUMAN
Article
publié dans la Lettre n° 382
le
4 mai 2015
BRUCE NAUMAN. Depuis plus de quinze
ans c’est la première exposition majeure à Paris de cet artiste
américain né en 1941. Des œuvres, parmi les plus récentes, occupent
la totalité des espaces, y compris le jardin (pièce sonore ForBeginners
(Instructed Piano)). Dès l’entrée on entend, provenant de la
petite salle, deux voix masculines répéter inlassablement mais sur
des tons différents « For Children » et « Pour les enfants
». Malgré la banalité de ces simples mots, une réelle émotion se
dégage de cette œuvre sonore, présentée pour la première fois en
anglais et en français. Dans la salle voisine, sur un immense écran
LED, deux vidéos, Pencil Lift/Mr. Rogers (2013), sont diffusées
simultanément en boucle, montrant trois crayons tenus horizontalement,
pointe contre pointe, dans un équilibre instable. Celle de gauche,
la plus longue, est sur un fond blanc, tandis que celle de droite,
environ 5 fois plus courte, est filmée dans le bureau de l’artiste
sur lequel évolue son chat, Mr. Rogers, ce qui donne beaucoup de
charme à cette œuvre.
Se superposant aux sons ambiants du rez-de-chaussée, on entend la
voix haute et forte de Rinde Eckert provenant du sous-sol. Dans
la grande salle obscure, l’installation vidéo Anthro/Socio (Rinde
Facing Camera) créée pour une exposition au MoMA en 1991 nous
montre l’artiste hurlant en boucle de durée variable, en anglais,
« Nourris-moi, Mange-moi, Anthropologie », « Aide-moi, Blesse-moi,
Sociologie » et « Nourris-moi, Aide-moi, Mange-moi, Blesse-moi ».
Son visage est projeté sur trois écrans géants et six moniteurs
couleur tandis que le son est assourdissant.
Dans la même salle, un étrange manège tourne en grinçant, trainant
sur le sol des formes d’animaux démembrés (daim, lynx et coyote),
suspendus par le cou, que l’artiste a réalisés à partir de moulage
de taxidermie. Ce sinistre Carousel (stainless steel version)
de 1988 est aux antipodes de Mr. Rogers.
Enfin dans la dernière salle, l’installation vidéo Untitled,
créée pour la biennale de Tokyo en 1970, puis réactivée pour celle
de Venise en 2009, où Bruce Nauman reçut le Lion d’or de la meilleure
participation nationale, nous invite à une méditation sur le temps
qui passe. En effet, cette vidéo, projetée simultanément sur le
sol et sur un mur, nous montre deux danseuses couchées, tournant
sur elles-mêmes sur une sorte de cadran, comme des aiguilles d’une
montre qui seraient toujours alignées, le cadran tournant parfois
en sens inverse. C’est fascinant. Il fallait bien un tel lieu pour
rendre compte de l’inventivité et des multiples aspects du travail
de ce grand artiste. Fondation Cartier 14e. Jusqu’au 21 juin
2015.
Lien : www.fondation.cartier.com.
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