LES BAS-FONDS DU BAROQUE La Rome
du vice et de la misère
Article
publié dans la Lettre n° 381
le
13 avril 2015
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LES BAS-FONDS DU BAROQUE. La Rome du vice
et de la misère. A côté des tableaux bien connus célébrant les
fastes et la grandeur de Rome au XVIIe siècle, il existe des œuvres
étonnantes évoquant l’univers clandestin et interlope de la capitale.
A travers quelque 70 toiles, cette exposition nous les fait découvrir
dans une magnifique scénographie de Pier Luigi Pizzi dont nous avions
déjà apprécié le travail au Grand Palais et à Versailles.
L’exposition commence par une évocation de Rome avec des agrandissements
de gravures et des statues antiques. Nous pénétrons ensuite dans
des salles évoquant, pour les premières, le cadre des sujets représentés
et, pour les deux dernières le faste des palais romains. En effet,
ces tableaux étant l’œuvre de grands maîtres comme les français
Valentin de Boulogne, Simon Vouet, Nicolas Tournier, Claude Lorrain,
de peintres venus du nord comme Pieter van Laer, Gerrit van Honthorst,
Jan Miel et d’autres venus du sud comme Bartolomeo Manfredi, Giovanni
Lanfranco, Salvator Rosa ou Jusepe de Ribera, ils sont dignes d’entrer
dans les demeures des riches collectionneurs.
Après l’introduction, le parcours comprend huit sections thématiques.
La première est consacrée à Bacchus, qui est aussi le dieu de l’inspiration
créatrice. Rien d’étonnant à ce que Caravage et ses émules se représentent
sous ses traits ou sous ceux de ses acolytes, satyres, silènes ou
Pan. Il en est de même pour les membres de la joyeuse compagnie
des « oiseaux de la bande », les Bentvueghels, venus du Nord
de l’Europe, attirés par les nombreux chantiers de Rome, qui regroupent
de nombreux artistes et qui choisissent Bacchus comme figure tutélaire.
Parmi les thèmes traités, nous avons les magiciens et les sorcières,
à une époque où l’Europe est en proie à l’Inquisition ; des scènes
de tavernes, lieux d’excès de boisson, de jeu et d’érotisme, représentées
peut-être pour exhorter le spectateur à la vertu (?); des scènes
dramatiques tirées de la vie à Rome à cette époque, où les rapines,
les viols et les meurtres sont monnaie courante, sujets qui fascinent
le spectateur ; des représentations de Rome moins prestigieuses
que celles que l’on aime à décrire d’habitude, avec des personnages
de basse condition, ceux des « bas-fonds ». Les artistes s’intéressent
ainsi à cette foule de bohémiens, mendiants, prostituées, bandits
de grand chemin, dont ils font des portraits avec le même talent
que pour des gens illustres, recherchant le naturel et sublimant
le sujet.
La dernière section « La taverne mélancolique : méditer les plaisirs »
nous montre des scènes d’où toute exubérance est bannie avec des
personnages enivrés par l’alcool, qui s’abandonnent aux pouvoirs
de la musique, indifférents aux autres, dans un état de vertige
entre le vice et la vertu. Une exposition singulière, belle et très
originale. Petit Palais 8e. Jusqu’au 24 mai 2015.
Lien: www.petitpalais.paris.fr.
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