« BERTILLE BAK.
CIRCUITS »
Article
publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n°
345
du
29 octobre 2012
BERTILLE BAK. CIRCUITS. Cette jeune
artiste française, née en 1983, présente deux projets composés chacun
de vidéos et d'objets divers.
Le premier en entrant, Transport à dos d'hommes, s'articule
autour d'un film de 15 minutes tourné dans un campement de Roms,
situé dans la région parisienne, à Ivry-sur-Seine. L'artiste a installé
sa caravane pendant plusieurs mois à coté d'eux, filmant leurs déplacements,
enregistrant leur musique, interrogeant les enfants et dessinant
avec ceux-ci. Le film est néanmoins plus une fiction, souvent amusante,
qu'un documentaire. Tout autour de l'écran l'artiste a disposé des
objets de sa fabrication. On voit ainsi un rideau de porte fait
avec des bouchons, imitant ceux qui servent à masquer les portes
et à empêcher les insectes d'entrer ; un rouleau de toile multicolore,
dont on ne voit que des étiquettes accrochées aux différents morceaux
de la toile, et qui retracerait tous les paysages traversés par
les Roms entre Dorohoï et Paris (Dorohoï- Paris via Bucarest
et Nuremberg, 2012) ; des PILI (plans indicateurs lumineux d'itinéraires),
réalisés par l'artiste à partir des plans de métro de cinq capitales
européennes (Notes englouties, 2012) et encore, plus mystérieux,
des graphiques d'enregistrements sonores réalisés dans les lignes
de métro de ces cinq grandes villes (Paris, Londres, Berlin, Rome,
Madrid), pour trouver les lignes les plus favorables aux musiciens
tsiganes, n'étouffant pas leurs mélodies (Notes englouties 2,
2012). A ce niveau, ce n'est plus de l'art, mais carrément de la
physique !
Le second projet, plus ancien, Ô quatrième, se déroule lui
aussi dans une communauté, de religieuses cette fois, vivant à Paris
rue du Bac. Il est constitué d'un film mêlant également documentaire
et fiction, qui nous montre la vie de ces religieuses qui, au fur
et à mesure qu'elles vieillissent et que leur état se dégrade, gagnent
les étages supérieurs jusqu'au quatrième et dernier. Bertille Bak
nous montre en particulier le passe-temps d'une vieille sœur, Marie-Agnès
Marret, qui réalise des petites poupées avec des bouchons habillés
de vêtements en tricot. Des œuvres complètent ce court métrage de
17 minutes, comme cette sculpture mécanique fabriquée avec un fauteuil
monte personnes et une rampe (Sans titre, 2012) ou cette
installation composée de huit socles présentant les objets personnels
des sœurs (verre, boîte de cirage, paire de ciseaux, lampe de poche,
etc.).
Ces deux projets traduisent une profonde humanité qui nous touche
beaucoup dès qu'on a compris ce que l'artiste, très proche de ces
communauté et d'autres, comme elle l'avait montré auparavant, cherche
à nous transmettre. Musée d'Art moderne de la Ville de Paris
16e. Jusqu'au 16 décembre 2012. Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien
: www.mam.paris.fr.
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