BACCARAT. LA LEGENDE DU CRISTAL
Article
publié dans la Lettre n° 373
le
27 octobre 2014
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.
BACCARAT. LA LEGENDE DU CRISTAL. Pour
fêter le 250e anniversaire de la plus célèbre cristallerie du monde,
fondée en 1764 par l’évêque de Metz dans le village de Baccarat,
en Lorraine, le Petit Palais présente des centaines d’objets réalisés
par celle-ci. L’histoire de Baccarat commence véritablement en 1816
lorsque l’industriel Aimé-Gabriel d’Artigues, propriétaire des verreries
et cristalleries de Vonêche (Belgique), acquiert la verrerie Sainte-Anne
de Baccarat. En 1919, celle-ci fournit à Mme Désarnaud, propriétaire
de l’Escalier de cristal, un célèbre magasin du Palais Royal, le
cristal qui lui permettra de réaliser une table et un fauteuil de
toilette. Cet ensemble, présenté à l’exposition nationale des produits
de l’industrie française en 1819, est acquis par la duchesse de
Berry, mère du duc de Bordeaux. A partir de là, Baccarat participera
en tant que telle à toutes les grandes expositions, que ce soient
celles des produits de l’industrie ou, plus tard, à partir de 1855
les expositions universelles.
Le parcours reprend ces grandes expositions pour nous montrer les
œuvres de Baccarat. Après 1855 où Baccarat présente de nombreux
vases et des pièces monumentales (grand lustre comportant 140 lumières
et deux grands candélabres), nous avons l’Exposition universelle
de 1867 où la cristallerie se fait remarquer par une fontaine de
plus de 7 mètres de haut et, entre autres, la fameuse paire de vases
couleur rouge rubis appelés « Vases Simon », du nom de leur créateur,
dont l’exécution a demandé, pour chacun d’eux, plus d’un an de travail.
Vient ensuite l’Exposition universelle de 1878 qui se tient dans
le Palais du Trocadéro et dont le temple de Mercure, structure entièrement
en cristal, fait sensation.
Avec le passage du service « à la française » au service « à la
russe », au milieu du XIXe siècle, les verres ne sont plus apportés
aux convives mais disposés sur la table dès le début du repas. Le
cristal s’impose alors comme un symbole des arts de la table et
Baccarat produit une multitude de verres de toutes les tailles et
de toutes les formes. Nous en avons un grand nombre présentés ici,
objets de commandes des cours du monde entier, Europe, Russie, Orient,
Asie ainsi que des Etats-Unis. En 1909, Baccarat participe hors-concours,
son directeur étant l’organisateur de la manifestation et le président
du Jury, à l’exposition internationale de l’Est de la France, à
Nancy. Ses vases Renaissance, ses torchères, ses lustres et ses
candélabres émerveillent le public. Il en est de même en 1925 avec
l’exposition, maintes fois reportée, consacrées aux arts décoratifs.
Associée à l’orfèvre Christofle, Baccarat se fait remarquer par
les créations de Georges Chevalier, qui travaillera avec elle de
1916 jusqu’à la fin des années 1970, marquées par un retour à la
transparence allant de pair avec la simplification des formes. Nous
avons également des objets présentés à l’Exposition internationale
de 1937 où Baccarat n’a pas de pavillon particulier mais invite
les visiteurs à se rendre dans son magasin parisien !
L’exposition se termine par la présentation d’une série de lustres
majestueux qui s’éclairent alternativement. Le plus grand, présenté
dans la grande galerie, ne possède pas moins de 250 lumières. A
côté des objets, sont présentées quelques peintures où l’on peut
voir ces lustres et candélabres et surtout des dessins montrant
comment étaient conçus ces objets en cristal.
La scénographie se veut originale mais le résultat est inégal. Bien
sûr, comme souvent, les cartels, très détaillés, sont difficiles
à lire par manque d’éclairage ou à cause de leur position. A côté
de belles trouvailles comme l’évocation du temple de Mercure, ou
une table dressée avec des pièces ayant appartenu à des personnalités
célèbres (Aga Khan III, la Reine du Siam, Isabelle II d’Espagne,
Nicolas II, etc.) trop d’objets sont présentés dans des vitrines
sans fond, laissant voir les autres vitrines, avec des éclairages
maladroits malgré les moyens employés. Les cercles en résille qui
ponctuent le début de l’exposition provoquent des impasses à certains
endroits, et des objets monumentaux comme ce magnifique ensemble
d’une table et d’un bateau sont carrément à contre-jour. Mis à part
ces quelques griefs, cette exposition est exceptionnelle par la
qualité des objets présentés. Petit Palais 8e. Jusqu’au 4
janvier 2015. Lien: www.petitpalais.paris.fr.
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