Matisse, Cézanne, Picasso,
L'AVENTURE DES STEIN

Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n° 332
du 14 novembre 2011


MATISSE, CÉZANNE, PICASSO, L'AVENTURE DES STEIN. Cette exposition originale ne nous présente pas la collection d'un grand collectionneur richissime comme Albert Barnes au Musée d'Orsay (Lettre 77) ou José Berardo au Musée du Luxembourg (Lettre 292) mais nous explique l'action de cette fratrie américaine venue s'installer à Paris au début du XXe siècle et reconstitue en partie leurs collections.
Au décès de leur père, en 1891, Michael, l'aîné des cinq enfants, prend en charge avec succès la fortune et les destinées de sa famille. Son frère Leo part pour l'Europe en 1900 afin de faire des études d'art. Sa sœur Gertrude le rejoint en 1903 et s'installe avec lui dans son atelier-maison au 27 rue de Fleurus à Paris. L'année suivante c'est au tour de Michael et de sa femme Sarah de les rejoindre. Ces derniers s'installent rue Madame.
C'est Leo qui commence la collection en achetant, en 1902, La Conduite d'eau de Cézanne. Tous les quatre se mettent alors à acheter des tableaux de peintres alors peu connus comme Picasso ou Matisse. Contrairement aux milliardaires qui achetaient à tour de bras sur le marché de l'art à Paris à cette époque, les Stein, selon le célèbre marchand d'art Ambroise Vollard, achetaient des tableaux « non pas parce qu'ils étaient riches, mais malgré le fait qu'ils ne l'étaient pas ». Ils deviennent les amis des peintres dont ils achètent les œuvres. C'est particulièrement vrai entre Picasso et Gertrude et entre Matisse et Sarah. Leur collection ne se limite pas à ces deux artistes dont les prix leur deviennent inaccessibles ! Ils achètent aussi des œuvres de Renoir, Manguin, Bonnard, Vallotton, Laurencin, Gris, Masson, Picabia, etc.
Au début du siècle, tous les quatre contribuent à faire connaître l'art moderne, notamment en organisant, dans leurs demeures respectives, les « Samedis des Stein », des salons prisés du Tout-Paris artistique. Plus tard, dans les années 1920-1930, Gertrude encourage de jeunes peintres tels les Néo-humanistes comme Francis Rose, Bérard ou Tchelitchew ou encore les peintres hyperréalistes, au contraire de Leo qui ne « suit » pas Picasso quand celui-ci aborde le cubisme. En 1914, Leo et Gertrude partagent leur collection et le premier part alors pour Florence, où il écrira de nombreux articles sur Cézanne, Picasso ou Renoir.
Gertrude est la plus intellectuelle des quatre. Elle écrit des livres avant-gardistes dont un best seller, l'autobiographie d'Alice B. Toklas, sa compagne, avec laquelle elle forme le couple lesbien le plus célèbre de ce début du XXe siècle et qui est enterrée avec elle au Père Lachaise. Son influence sur l'art moderne est indéniable et presque tous les peintres qu'elle a contribué à faire connaître, à commencer par Picasso, ont fait un portrait d'elle. Quant à Michael et Sarah, leur passion va essentiellement à Matisse avec lequel Sarah poursuivra une correspondance jusqu'à sa mort, en 1953. En 1914, ils prêtent dix-neuf de leurs Matisse à un marchand d'art berlinois pour une exposition qui ouvre en juillet. Lorsque la guerre éclate, début août, ils renoncent à rapatrier leurs tableaux et ne les reverront plus, ceux-ci étant vendus à la fin de la guerre. Ils se font également construire, en 1927, une maison par Le Corbusier et Pierre Jeanneret, à Vaucresson, mais quittent définitivement la France en 1935, Michael étant atteint du « mal du pays ».
Cette exposition permet de mieux connaître cette famille qui eut un tel retentissement sur l'art moderne et, de voir les tableaux, parmi lesquels on compte bon nombre d'œuvres exceptionnelles, qu'elle acheta pour constituer les trois collections de la famille. Grand Palais 8e. Jusqu'au 16 janvier 2012. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.rmn.fr.


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