Parcours en images et en vidéos de l'exposition

ARTS & PRÉHISTOIRE

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°565 du 8 mars 2023



 

Les premières œuvres d’art de l'histoire de l'humanité retrouvées à ce jour datent d'il y a environ 40000 ans.
À partir de là, l'Homme n'a jamais cessé de sculpter, graver ou peindre...
Cette exposition met en lumière la diversité et la richesse insoupçonnée des arts préhistoriques, qui se conjuguent au pluriel. Elle réunit une centaine de chefs-d'œuvre réalisés par nos ancêtres, Homo sapiens comme nous, sur l'ensemble du continent européen. Ces objets, utilitaires ou purement décoratifs, sont connus sous le nom d'« art mobilier ». Ils émerveillent par la présence du geste et les représentations humaines ou animales mises en scène. Ce voyage dans l'imaginaire des populations préhistoriques se poursuit par une véritable immersion au cœur de l’art pariétal et rupestre.
Plus de 300 images, collectées sur toute la planète, dessinent un panorama mondial des arts de la préhistoire.
Ces peintures ornant les parois du fond des grottes, ces gravures réalisées à l'entrée d'abris-sous-roche ou bien visibles sur des sites en pleine lumière illustrent toutes le lien particulier que nos ancêtres entretenaient avec leur environnement naturel et le monde du vivant. Si cette histoire de l’art a un début, il est aujourd'hui difficile d'en dater la fin. Les nombreuses œuvres découvertes au cours des dernières décennies, sur tous les continents, bousculent nos certitudes et remettent en question jusqu'au terme même de « préhistoire »...
 
Texte du panneau didactique.
 
Plaquette de La Marche, tête de profil. Calcaire. Vers -17 000 ans. Grotte de La Marche, Lussac-les-Châteaux, Vienne, France. Musée d'Archéologie nationale. Domaine nationale de Saint-Germain-en-Laye.

Les traits de ce visage gravé de profil sont l'une des plus émouvantes traces parvenues jusqu'à nous de l'un de nos ancêtres du Paléolithique. Il fait partie d'un rare ensemble de portraits gravés sur plaquette découvert en 1937 au fond de la grotte de La Marche. Si la signification des marques que l'individu porte sur les joues reste un mystère (peinture corporelle ou scarifications ?), l'habileté de l'artiste se lit dans la précision du tracé et le contrôle du geste.
Scénographie. Photo Jean-Christophe Domenech.


1 - Les trois grandes périodes de l'art préhistorique en Europe

Scénographie. Photo Jean-Christophe Domenech.
 
Apparition de l'art figuratif, -43 000 à -30 000 ans.
 
Des femmes à l'honneur, -34 000 à -26 000 ans.


Les trois thèmes principaux de l’art préhistorique sont les représentations animales, les signes géométriques et les figurations humaines. En comparaison avec l’animal, sujet de prédilection des populations préhistoriques, la représentation d'êtres humains est rare. Parmi ces œuvres, la part belle est faite aux silhouettes féminines, sculptées, gravées et peintes.
Complètes ou fragmentaires, ces figures humaines témoignent de manière saisissante du lien entre elles et nous, alors que des milliers d'années nous séparent. Elles nous offrent l'opportunité de voir, dans un face-à-face vertigineux, nos semblables, comme dans un miroir. Nous ne savons rien des artistes qui ont réalisé ces œuvres, s'il s'agissait d'hommes ou de femmes...
Le sens et le rôle qu'avait, pour les populations préhistoriques, ce que nous qualifions aujourd'hui d'«art» nous échappent. Seules demeurent leurs œuvres,  qui nous invitent à plonger notre regard dans l'épaisseur du temps.
 
Texte du panneau didactique.
 
Un foisonnement artistique, -27 000 à - 14 000 ans.
Scénographie. Photo Jean-Christophe Domenech.


2 - Le corps féminin sous toutes ses formes

Scénographie. Photo Jean-Christophe Domenech.


Les sculptures féminines connues sous le nom de «Vénus» sont les représentations humaines les plus emblématiques de l’art préhistorique. Sont-elles des portraits de femmes ? Des symboles de la féminité ? Des amulettes de fécondité ? Si leur sens comme leur fonction nous échappent, ces œuvres sont des icônes, dont la puissance formelle et la beauté émerveillent. Entre - 40 000 et -15 000 ans, elles ont été produites en grand nombre sur l’ensemble du continent européen.
Leur forme a évolué dans le temps : les plus anciennes d’entre elles, pour l'essentiel de la période dite gravettienne, sont caractérisées par la rondeur de leurs seins, ventre, taille et fesses, tandis que la silhouette des Vénus de la période dite magdalénienne est plutôt longiligne et schématique.
 
Texte du panneau didactique.
 
Vénus de Lespugue. Taille : 14,7 cm. Découverte : En 1922, dans la Grotte des Rideaux, à Lespugue (Haute-Garonne). Matière : Ivoire de mammouth. Époque : Gravettien (datée entre 25 000 et 28 000 ans). © MNHN - J.-C. Domenech.

 
Vénus de Lespugue. Taille : 14,7 cm. Découverte : En 1922, dans la Grotte des Rideaux, à Lespugue (Haute-Garonne). Matière : Ivoire de mammouth. Époque : Gravettien (datée entre 25 000 et 28 000 ans). © MNHN - J.-C. Domenech.

Petite figurine féminine aux formes hypertrophiées, sculptée dans l’ivoire de mammouth, la Vénus de Lespugue est un joyau de l’art préhistorique gravettien. Tachée par les sédiments, et fracturée par le coup de pioche à l’origine de sa découverte, elle a conservé toute sa beauté (voir plus bas, une autre photographie).
 
Statuette féminine dite « Vénus brune de Grimaldi ». Stéatite brune. Vers - 26 000 ans. Grotte de Barma Grande, Grimaldi, Italie. Musée d'Archéologie nationale. Domaine national de Saint-Germain-en-Laye.

Cette statuette est représentative du style des Vénus gravettiennes. Sculpté dans une pierre tendre, le volume de ses seins, de ses fesses et de son ventre dessine une silhouette aux attributs sexuels généreux.

Lieux de découvertes de Vénus préhistoriques

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Lieux de découvertes de Vénus préhistoriques

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Scénographie. Photo Jean-Christophe Domenech.

Une centaine de sculptures féminines de la culture gravettienne ont été découvertes sur un territoire allant des Pyrénées jusqu’en Sibérie. Leur poitrine, comme leurs hanches et leurs fesses, est volumineuse. Inscrites dans un losange, elles se caractérisent par une unité formelle, malgré la diversité de leur provenance. Cette communauté de formes s’est diffusée pendant plusieurs milliers d'années. Cependant, des particularités régionales rendent unique chacune d’elles, par la précision du détail et le geste de l'artiste.

 

 

Texte du panneau didactique
 
Vénus de Tursac, -25 000 ans. © Jean-Gilles Berizzi.
 

Les représentations féminines réalisées durant la période magdalénienne évoluent vers des formes de plus en plus schématiques. La simplification des détails anatomiques qui va parfois jusqu’à l'absence de poitrine, de ventre ou de cuisses, dessine un corps presque abstrait. Cette convention figurative se développe dans toute l’Europe occidentale à partir de - 21 000 ans. La similarité de formes entre toutes ces Vénus magdaléniennes a peu d’équivalents dans les autres corpus de la production artistique préhistorique.

Tableau synoptique avec différentes Vénus préhistoriques.
 
Texte du panneau didactique
Scénographie. Photo Jean-Christophe Domenech.

Les représentations de corps humains sont rares à l’époque préhistorique, et leur sens interroge. L'absence de détails détonne par rapport aux représentations animales, plus réalistes. Les sculptures ou gravures de représentations féminines découvertes sur le continent européen sont souvent réduites à des figurations de vulves, tandis que les attributs masculins se font plus rares. Quelques œuvres peuvent associer vulves et phallus.

 
Texte du panneau didactique
 
Vénus de Trasimène. Stéatite. Vers - 35 300 / - 27 300 ans. Lac Trasimène, Italie. Museo delle Civiltà - Museo Preistorico Etnografico «Luigi Pigorini».
Scénographie. Photo Jean-Christophe Domenech.
 
Vénus de Lespugue. Taille : 14,7 cm. Découverte : En 1922, dans la Grotte des Rideaux, à Lespugue (Haute-Garonne). Matière : Ivoire de mammouth. Époque : Gravettien (datée entre 25 000 et 28 000 ans). © MNHN - J.-C. Domenech.

Cette statuette est l’une des Jocondes de l’art préhistorique. Sa structure en losange est caractéristique de la culture gravettienne qui s’est diffusée du sud-ouest de la France jusque dans les plaines de l’Oural, en Russie. Sculptée sur toutes ses faces dans de l’ivoire de mammouth, elle garde les stigmates du coup de pioche qui l’a mise au jour, en 1922. De dos, les stries gravées sous ses fesses ont pu faire penser à un pagne, lequel, la statuette retournée, deviendrait chevelure... Défiant le bon sens anatomique, Lespugue ne cesse de fasciner depuis sa découverte.
 
Vénus impudique. Taille : 7,7 cm. Découverte : En 1863, dans l’Abri de Laugerie-Basse, aux Eyzies-de-Tayac (Dordogne). Matière : Ivoire de mammouth. Epoque : Magdalénien moyen (datée entre 16 000 et 17 000 ans). © MNHN - J.-C. Domenech.

Véritable icône, cette statuette est la première représentation humaine préhistorique découverte en France, en 1863, par le marquis Paul de Vibraye, féru d'archéologie. Il la surnomme «l’idole impudique», en référence à la gravure très nette de sa fente vulvaire. Les détails corporels de cette sculpture sont d’une grande finesse : dessin du pli de l’aine, hanches modelées, jambes longues et galbées. Elle représente un corps féminin stylisé proche des formes féminines schématiques connues à la fin de l’époque magdalénienne.


3 - La nature comme première source d'inspiration

Scénographie. Photo Jean-Christophe Domenech.

Les œuvres d’art préhistorique témoignent du lien profond des populations avec leur environnement naturel. Qu'ils s'agissent du support dont elles sont issues ou des thèmes représentés, la nature est en effet à la fois pourvoyeuse de matières premières et source d'inspiration créatrice. Dans le bois ou l’ivoire, sur l’os ou la pierre, et par la finesse de la gravure et de la sculpture, l'artiste fait surgir une nature vivante. Le monde animal occupe une place de choix comme support et comme sujet de l’œuvre. Les animaux accompagnent les humains dans toutes les activités de leur vie quotidienne, pour leur subsistance mais aussi de manière symbolique. La complicité entre le chasseur et le chassé, l'artisan et la matière, l'artiste et son modèle, se lit dans chacune des œuvres présentées.

 
Texte du panneau didactique.
 
Tête de bison sur palme de renne. © MNHN - J.-C. Domenech.

 
En haut :Cheval gravé sur lissoir. Os (hémicôte). Vers -17 000 /
-14 000 ans. Abri de Laugerie-Basse (Les Marseilles). Les Eyzies, Dordogne.
Musée de l'Homme - MNHN. © MNHN - J.-C. Domenech.

Sujet principal du bestiaire paléolithique, le cheval occupe une place de choix dans l'imaginaire des populations préhistoriques. Des sculptures et des gravures de chevaux ont été retrouvées sur de nombreux sites archéologiques européens. Leur traitement stylistique est très diversifié. La manière dont sont représentés la crinière, le museau ou encore les pattes, est un indice qui permet de les rattacher à une époque, un site ou une culture particulière.

 
Contour découpé en tête de cheval. Taille : 6,3 cm. Découverte : En 1954, sur le site de Laugerie-Basse, aux Eyzies-de-Tayac (Dordogne). Matière : Os. Epoque : Magdalénien moyen. © MNHN - J.-C. Domenech.

Cette pièce découverte sur le site de Laugerie-Basse (Dordogne), fait partie des « contours découpés », des petits objets plats et minces gravés. L’artiste s’est appuyé sur la forme naturelle de  l’os hyoïde, un petit os situé dans la gorge des mammifères, et dont le contour suggère un profil de tête de cheval.  Un œil réaliste, des naseaux et des petits traits de barbe y ont été gravés. Perforée, elle était peut-être utilisée comme parure.

En bas : Bâton percé de Montgaudier. Taille : 36,5 cm. Découverte : en 1886, sous le porche d’un abri de Montgaudier (Charente). Matière : Bois de renne. Epoque : Magdalénien moyen ou supérieur. © MNHN - J.-C. Domenech.

Apprécié pour sa résistance, le bois de renne qui a servi de support pour graver ce bâton percé est un matériau fréquemment utilisé par les populations préhistoriques, pour façonner des outils ou des œuvres. Il est orné de deux phoques, dont l’œil avisé distingue les moustaches, d’un saumon et d’un reptile qui fait penser à une anguille. Deux bouquetins vus de face complètent ce bestiaire. Découvert en 1886, le bâton de Montgaudier a acquis une grande notoriété par la rareté de ces motifs

Les animaux, sujet favori des artistes préhistoriques. Photo Jean-Christophe Domenech.

Côtoyés au quotidien, les animaux sont une formidable source d'inspiration pour les artistes de la préhistoire, qui ne représentent pas l’ensemble des espèces présentes dans leur environnement mais en choisissent certaines de manière intentionnelle. On appelle «bestiaire» le corpus des espèces animales majoritairement gravées ou sculptées par les artistes préhistoriques. Quelques chefs-d'œuvre très stylisés ont été réalisés dès - 40 000 ans. Au Magdalénien, vers - 21 000 ans, le bestiaire se diversifie, et des animaux plus atypiques et moins attendus sont même représentés.

 
Texte du panneau didactique
 
Propulseur aux bouquetins affrontés. Taille : 9,4 cm. Découverte : En 1929, dans la Grotte d’Enlène à Montesquieu-Avantès (Ariège). Matière : Bois de renne. Epoque : Magdalénien (17 000 ans). © MNHN - J.-C. Domenech.

Ces deux bouquetins qui s’affrontent, dont les têtes sont manquantes, ont été sculptés dans un bois de renne. Ils constituent l’extrémité d’une arme de jet qui était munie d’un manche et qui servait à propulser des petites lances.
 
Salamandre. Taille : 10,5 cm. Découverte : En 1954, dans l’Abri de Laugerie-Basse, aux Eyzies-de-Tayac. Matière : Bois de renne. Epoque : Magdalénien (15 000 ans). © MNHN - J.-C. Domenech.

Ce petit amphibien, une salamandre ou un triton, sculpté dans un bois de renne fait figure d’exception dans l’ensemble des représentations animales préhistoriques.
 
Sauterelle. Taille : 9,9 cm. Découverte en 1929, dans la Grotte d’Enlène (Ariège). Matière : Os. Epoque : Magdalénien. © MNHN - J.-C. Domenech.

Cette représentation d’insecte (en l’occurrence une sauterelle) est remarquablement rare dans l’art préhistorique.
Tableau des animaux représentés dans les arts de la Préhistoire

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Lissoir queue de poisson. © MNHN - J.-C. Domenech.
 
Lissoir aux bovidés. © MNHN - J.-C. Domenech.
 
Petit cheval de Lourdes, -15 000 ans. © Loic Hamon.
 
Bison sculpté. Grès marneux. Vers - 17 000 / - 14 000 ans. Grotte d’Isturitz, Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées-Atlantiques. Musée d’Archéologie nationale. Domaine national de Saint-Germain-en-Laye.
Scénographie. Photo Jean-Christophe Domenech.

La nature offrait aux artistes préhistoriques un vaste choix de matières, à partir desquelles ils ont façonné leurs œuvres. Certaines sont parvenues jusqu'à nous, comme le bois de renne ou l'ivoire, tandis que les matières végétales, vraisemblablement utilisées également, ont disparu avec le temps. Les populations récoltaient ces supports surtout dans leur environnement immédiat. Leur provenance pouvait être plus lointaine, lorsqu'ils étaient transportés sur de longues distances dans des alluvions de rivières ou échangés entre populations.

 
Texte du panneau didactique
 
Matériau : bois de renne.
 
Matériaux : galet, schiste, stéatite.
 
Matériaux : Os stylohyoïde.
Scénographie. Photo Jean-Christophe Domenech.

Que leur fonction soit connue ou non, les objets du Paléolithique sont souvent très richement ornés, surtout au Magdalénien. La variété des motifs dépasse la seule représentation figurative : un grand nombre d'œuvres sont décorées de manière abstraite, par des points, des stries, des lignes, des formes géométriques. Si leur signification reste mystérieuse, la précision du geste et le soin minutieux avec lequel ces objets ont été décorés ou gravés témoignent de la place essentielle accordée par nos ancêtres à l’art de l’ornement.

 
Texte du panneau didactique
 
Galet gravé de motifs géométriques. Gneiss. Vers - 30 000 / - 27 000 ans. Abri de Laugerie-Haute, Les Eyzies, Dordogne. Musée national de Préhistoire. Les Eyzies..
 
La Vénus de l’Abri Pataud. Taille : 20 cm. Découverte en 1958, sur le site de l’abri Pataud. Matière : Bloc calcaire. Epoque : Gravettien (datée 21 000 ans). © MNHN - J.-C. Domenech.

Ce bloc de calcaire a été découvert fortuitement en1958, dans un abri qui conserve des traces d'occupation par Homo sapiens depuis l'Aurignacien (-35 000 ans) jusqu'au Solutréen (-20 000 ans). Au centre, une représentation féminine sculptée en bas-relief semble naître de la roche. La délicatesse de ses traits est remarquable. Sa silhouette s'inscrit dans un losange qui attire le regard sur le volume de ses seins, son ventre saillant et son triangle pubien gravé. Ne sont figurés ni son visage ni ses bras.


4 - L'art pariétal : un corps-à-corps avec la roche

Scénographie

A la différence des pièces d’art mobilier, les œuvres d’art pariétal sont par essence non transportables, et leur sens demeure énigmatique. Gravées ou peintes, elles ont été réalisées sur des parois d’abris-sous-roche ou à l'intérieur de cavités plus profondes. D'abord mise en doute, leur authenticité a été reconnue à partir du début du XXe siècle. Si les œuvres d’art préhistorique sont très anciennes, la préhistoire en tant que champ d’études scientifiques est une science jeune, qui a à peine plus d'un siècle.

 
Texte du panneau didactique.
 
Vénus de Laussel, dite « Vénus à la corne ». Calcaire, ocre. Vers
-29 000 / -28 000 ans. Abri de Laussel, Marquay, Dordogne. Musée d'Aquitaine, ville de Bordeaux. Œuvre classée au titre des Monuments historiques le 13/07/1926. © Lysiane Gauthier - Mairie de Bordeaux.

Cette Vénus, l'un des chefs-d’œuvre de l'art paléolithique, faisait initialement partie d’un ensemble de cinq bas-reliefs mis au jour dans l'abri de Laussel, en Dordogne, sur une surface de 30 m2. Lors de sa découverte, en 1909, elle fut volontairement arrachée de la paroi sur laquelle elle avait été sculptée. Elle date du Gravettien, période riche en représentations féminines. Sa silhouette nue, vue de face, posant une main sur son ventre et tenant un objet ressemblant à une corne, présente une posture originale et sans équivalent parmi les autres Vénus de la même époque.
 
L'abri de Laussel, en Dordogne, vers 1909-1911


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Plaquette à l’aurochs rayonnant. Schiste. Vers - 14 000 ans. Abri-sous-roche du Rocher de l’impératrice, Plougastel, Finistère. Conseil départemental du Finistère. © Nicolas Naudinot – Département du Finistère.

Depuis 2013, plus de 60 plaquettes gravées ont été découvertes sur ce site du Finistère. La plaquette gravée d’une tête d’aurochs est entourée de traits rayonnants qui lui confèrent une aura particulière ; son revers est orné d’un aurochs associé à des chevaux partiellement visibles.
 
Scénographie

Plaquettes, propulseurs, lissoirs, baguettes, sculptures, bas-reliefs : l’art mobilier est un art de fragments. Il se caractérise par le fait que les œuvres, réalisées sur des supports mobiles, peuvent circuler de mains en mains, être échangées et transportées sur de longues distances. Leur fonction utilitaire (artisanat, arme de chasse ou ornement corporel) est connue pour nombre d’entre elles. Ces pièces ont été retrouvées dans des contextes variés : abris-sous-roche, grottes, structures d'habitat.

 
Texte du panneau didactique
 
Plaquette aux chevaux. Schiste. Vers - 14 000 ans. Abri-sous-roche du Rocher de l’impératrice, Plougastel, Finistère. Conseil départemental du Finistère.
Cette plaquette est gravée d'un cheval isolé. Son revers présente davantage de motifs : deux chevaux superposés et un poulain.
Les découvertes archéologiques et leurs contextes dans la grotte d'Enlène


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Les œuvres d’art préhistorique sont les rares témoins des sociétés dans lesquelles elles ont vu le jour et le reflet des préoccupations des populations qui les ont façonnées. Les contextes archéologiques dans lesquels elles ont été découvertes nous apprennent que ce foisonnement artistique investissait de nombreux espaces : campements, habitats, abris-sous-roche, grottes, cavités... La distinction que nous faisons, aujourd’hui, entre les œuvres d’art mobilier et les œuvres d’art pariétal n'existait sûrement pas sous cette forme à l’époque préhistorique. Les thèmes chers aux artistes préhistoriques que sont les animaux, les signes et les représentations humaines se retrouvent en effet sur les deux supports et témoignent d’un imaginaire commun, aux traits formels parfois semblables.

 
Texte du panneau didactique
 
La grande plaquette d'Enlène. Grès. Vers - 17 000 / - 14 000 ans. Grotte d'Enlène. Montesquieu-Avantès, Ariège. Musée Bégouën. Laboratoire de préhistoire de Pujol. Musée de l'Homme - MNHN.

Cette plaquette est composée de plusieurs fragments trouvés entre 1930 et 1980 dans la salle du Fond de la grotte d’Enlène, puis réassemblés. Grâce à ce remontage, il est possible de mieux lire les figures, notamment un grand bison, un humain isolé, et les corps superposés d'une femme et d'un homme. Cette dernière composition a été interprétée comme une scène d’accouplement, unique dans l’art mobilier du Paléolithique supérieur.


5 - Un art foisonnant dans le temps et dans l'espace

Scénographie. Photo Jean-Christophe Domenech.

Plus d’un siècle après les premières découvertes de grottes ornées en Europe et la reconnaissance officielle de leur ancienneté préhistorique, nous savons aujourd’hui que nos ancêtres ont réalisé des œuvres d’art sur tous les continents habités de la planète. Leur production s'étend aussi dans le temps, sur une période de plusieurs dizaines de milliers d'années. L'art pariétal regroupe les peintures et gravures réalisées sur les parois de grottes, tandis que celles réalisées sur des roches en extérieur relèvent de l’art rupestre. Depuis 45 000 ans (date d'apparition des premières parois ornées), l’ornementation des sites semble ne s'être jamais interrompue : des générations se sont succédé et ont entremêlé leurs œuvres, jusqu’à des temps plus récents. Bouleversant nos repères temporels, ces œuvres conservent encore toute une part d’inconnu.

 

Datation

Sur l'ensemble de la planète, de nombreux sites d'art pariétal et rupestre témoignent de la présence et de la créativité humaines.

Ces sites ont été occupés durant des milliers d'années, sur plusieurs générations de population, et parfois même jusqu'à aujourd'hui.

Si la datation d'un grand nombre d'œuvres est connue, des incertitudes demeurent encore pour déterminer avec exactitude l'âge de la totalité de cette production artistique.

Les dates sont présentées ici en âge calibré (ou «calBP») : elles sont calculées à partir de l'an 2000, qui sert de repère à notre époque actuelle.

Texte du panneau didactique.
 
Vidéo : Un art foisonnant dans le temps et dans l’espace.


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Scénographie. Photo Jean-Christophe Domenech.

Les œuvres d'art préhistorique sont liées aux environnements naturels qu’elles ont marqués de leur empreinte. Qu'il s'agisse d’abris-sous-roche, de sites de plein air en vallée, en forêt, à proximité d’une rivière ou sur des falaises, les artistes ont choisi intentionnellement les emplacements de leurs œuvres. Ces peintures et gravures constituent les premières traces de modification humaine du milieu naturel. Leur fragilité et leur exposition aux activités du monde moderne nous rappellent que nous en sommes à la fois les héritiers et les gardiens.

 
Texte du panneau didactique.
 
Vidéo : Falaises de Huashan, Chine, -2 500 à -1 700 ans.


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Vidéo : Parc national de Serra da Capivara, Brésil, -12 000 à -3 500 ans.


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Vidéo : Grotte de Lascaux, -20 000 à -18 000 ans.


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Vidéo : Grotte de Niaux, -20 000 à -15 000 ans.


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6 - Des écoles et des styles

Scénographie

Si l’art préhistorique est présent sur tous les continents, il existe une variété de styles qui s'inscrivent dans des époques différentes et sur des territoires divers. Les multiples techniques et procédés graphiques employés témoignent, dès les plus anciennes productions connues (comme celles de la grotte Chauvet, datant de - 38 000 ans), d’une grande maîtrise des savoir-faire. Les recherches scientifiques actuelles mettent au jour l’existence d'une transmission et d’un apprentissage du geste artistique. Cette approche permet désormais de parler d’«écoles » artistiques et d'envisager ces œuvres au sein d’une démarche collective, partagée par un groupe. Loin de l'idée d'œuvres individuelles tracées au hasard, des choix graphiques précis et répétés se lisent au fil des productions. La façon de représenter devient alors le reflet d’une culture et témoigne d’une vision du monde.

 
Texte du panneau didactique.
 
Vidéo : Représenter un cheval


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Installation vidéo de Clio Gavagni : Des motifs universels. Photo Jean-Christophe Domenech.

Animaux, mains, signes, humains ou êtres fantastiques : les thèmes de prédilection de l’art pariétal et rupestre font écho à ceux figurés dans l’art mobilier. Sur l’ensemble de la planète et au cours de périodes très éloignées, ces milliers d'images éblouissent par la pluralité des motifs et par la virtuosité de leur réalisation. Bien que chacune d'elles soit unique, elles semblent faire œuvre commune - à l’image de ces mains, symbole à la fois de l'humanité à travers les âges et de la diversité des êtres qui la composent.

 

 

Des motifs universels

Réalisation Clio Gavagni
Production Nova Pista - Escalenta


Cliquer ici ou sur l'image ci-dessus pour voir le diaporama


Diaporama réalisé à partir de l'installation
présentée dans l'exposition

 

Texte du panneau didactique
 
Scénographie
 

Effets de perspective, précision anatomique ou rendu du volume : les œuvres d’art préhistorique témoignent d’une finesse d'observation et d’une ingéniosité dans les procédés graphiques utilisés. Les nombreuses représentations de chevaux illustrent cette grande maîtrise technique. Les détails d’une crinière ou d’une patte donnent magistralement vie à l’œuvre. D’autres figurations sont peu détaillées ou très schématiques. Il ne s’agit là ni d’imperfections ni de balbutiements, mais bien d’un parti pris qui donne vie à l’œuvre, à partir d'une simple évocation.

Panneau des chevaux ponctués. Grotte du Pech Merle, France. - 32 000 à - 26 000 ans. Production : Nova Pista / Escalenta. Modelage : David Ledorze.

La fresque des chevaux du Pech Merle se situe dans une salle aux vastes proportions, dont les roches et les concrétions forment un véritable décor. Avec du recul, elle peut être vue à grande distance. La découpe du rocher formant la silhouette de la tête du cheval principal est naturelle : toute la fresque en découle. Sa dimension a déterminé celle de la peinture de la petite tête du cheval, de son corps, de sa position dans le panneau, ainsi que celle du second cheval. Leurs contours ont été dessinés par le soufflage de pigments par l'artiste.
 
Texte du panneau didactique
La scène du Puits. Photo Jean-Christophe Domenech.

Si les avancées de la recherche des dernières décennies permettent de mieux analyser les images représentées dans l’art préhistorique, leur sens reste énigmatique. Les multiples interprétations de la scène du Puits, à Lascaux, en sont un parfait exemple. Ce célèbre panneau, qui présente un homme à tête d’oiseau, un bison et un rhinocéros, a été examiné sous tous les angles afin de tenter d’en saisir le sens. Mais peut-on vraiment parler de « scène » ? Notre regard, forcément subjectif et orienté, peut faire raconter à cette représentation bien des histoires !

 
Texte du panneau didactique
 
 
 

Comme pour l'art mobilier, le support sur lequel sont exécutées les œuvres d’art pariétal est partie prenante du geste créateur. Les artistes préhistoriques jouent avec la matière de la paroi, qui n'est pas choisie au hasard : les peintures ou gravures semblent être réalisées en parfaite adéquation avec le volume de la paroi. L'utilisation du relief témoigne également de l'ingéniosité des artistes, qui cherchent le bon endroit pour créer, en exploitant la richesse offerte par le support naturel. La roche accompagne le geste et engendre des images.

Bison aux cupules. Grotte de Niaux, France. - 17 000 à - 15 000 ans. Production : Nova Pista / Escalenta. Modelage : David Ledorze. © MNHN - J.-C. Domenech.

Gravé sur le sol d'une galerie de la grotte de Niaux, ce bison a été réalisé à partir de quatre petits creux naturels. Appelés cupules, ils sont formés par l'écoulement de gouttes d'eau dans l'argile du sol. L'artiste a dû voir dans l'un des creux l’œil d'un animal, dont il a ensuite gravé les contours. Cette exploitation d'un simple relief naturel fait naître le bison de façon ingénieuse.
 
Texte du panneau didactique
 
A vous de dessiner ! Ecran tactile pour les enfants...
 
A vous de dessiner ! Ecran tactile pour les enfants...