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 ART ORIENTÉ OBJET
Article 
                publié exclusivement sur le site Internet, avec la Lettre 
                n° 363du 
                20 janvier 2014
 
 ART ORIENTÉ OBJET. C'est sous 
              cette dénomination que les artistes Marion Laval-Jeantet et Benoît 
              Mangin collaborent depuis 1991. Leurs œuvres (installation, performance, 
              vidéo, photographie) explorent le thème du vivant en questionnant 
              les relations de l'homme à son environnement. Dans la présente exposition, 
              ils ont investi la totalité du Musée de la Chasse et de la Nature 
              en présentant leurs œuvres, dont certaines ont été réalisées spécialement 
              pour cet évènement, parmi les collections permanentes du musée et 
              tout particulièrement au milieu des animaux naturalisés. Ils montrent 
              ainsi leur questionnement sur la place de l'homme dans la nature, 
              non pas au-dessus de celle-ci mais au milieu de celle-ci. En prélude aux 35 œuvres présentées, les artistes présentent une 
              reproduction du célèbre tableau de Jérôme Bosch conservé au musée 
              du Prado, le Jardin des délices (vers 1500-1505). Dans ce 
              tableau énigmatique, on voit des hommes et des femmes se livrer 
              à toutes sortes de jeux au milieu d'animaux ou de fruits gigantesques. 
              Nous en verrons des illustrations au cours de la visite.
 Après le Musée d'horreurs naturelles (1996-1997), musée miniature 
              sur piètement où l'on reconnaît certaines de leurs œuvres comme 
              l'Ersatz de maman-singe, nous sommes confrontés à la vision 
              éblouissante de La Peau de chagrin, une installation composée 
              d'une sculpture en résine et tricot représentant un ours blanc, 
              éclairée par mille ampoules fluoro-compactes (2009-2010). Cet animal, 
              qui semble désemparé, comme ses congénères qui dérivent sur des 
              blocs de glace tandis que la banquise se met à fondre, est le pendant 
              de l'emblématique ours blanc naturalisé du musée, que l'on peut 
              voir un peu plus loin. De la même manière, les artistes montrent 
              dans une vidéo l'énorme quantité de CO2 qu'ils ont produit pour 
              aller chercher une empreinte d'ours polaire, relevée dans la neige 
              du Spitzberg, pour l'exposer, dans un caisson réfrigéré, dans un 
              musée, contribuant ainsi à la destruction de l'environnement de 
              cet animal !
 Une œuvre originale et spectaculaire est posée à même le sol. C'est 
              un Cornebrame ou Machine à faire chanter les cerfs dans 
              la brume (2013), fabriqué à partir d'une peau de cerf entier 
              et de bourdons en bois travaillés pour rendre le son grave du cerf 
              au brame. Il faut deux instrumentistes face à face pour en jouer.
 Parmi les expériences et performances étonnantes de ces artistes, 
              nous avons des cultures de peau humaine, la leur, sur du derme porcin, 
              ou encore des reliquaires contenant le sang de Marion, prélevé après 
              la performance Que le cheval vive en moi ! (2011), où elle 
              s'est fait injecté du sang de cheval pour reposer la question de 
              la barrière des espèces. Le groupe présente aussi des photographies 
              montrant Marion ayant chaussé des échasses-prothèses ayant la forme 
              de jambes de cheval, en compagnie de cet animal. Nous pouvons d'ailleurs 
              voir ces échasses dans une vitrine. Plus loin une installation, 
              Transe fusion (2013), présente un squelette de cheval couché 
              sur le sol et dominé par une femme nue en cire anatomique ayant 
              à la place de la tête un crane de cheval, tandis qu'un flot de lumière 
              dévale de celui-ci sur le sol. C'est tout à fait étonnant comme 
              l'est aussi cette Machine à méditer sur le sort des oiseaux migrateurs, 
              installation constituée d'un fauteuil et de plumes d'oiseaux migrateurs, 
              récupérées dans les Dombes et possiblement infectées par la grippe 
              aviaire (2008) !
 Ce qui est remarquable dans cette exposition, c'est aussi la diversité 
              des sujets et des techniques. C'est ainsi que les têtes de panda 
              ou de tigre en tricot, accrochées au milieu des véritables 
              trophées du musée, constituent une alternative pour les collectionneurs 
              d'animaux naturalisés. Comme on le voit, c'est un parcours très 
              attrayant et qui ne laisse pas indifférent sur le sort des animaux 
              et de la nature. Musée de la Chasse et de la Nature 3e. Jusqu'au 
              2 mars 2014. Pour 
              voir notre sélection de visuels, cliquez ici. 
              Lien : www.fondationfrancoissommer.org.
 
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