ARCIMBOLDO (1526-1593)

Article publié dans la Lettre n°274 du 8 octobre 2007



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ARCIMBOLDO (1526-1593). Quelle étrange carrière que celle de ce peintre, adulé de son vivant et totalement oublié jusqu’à la redécouverte, au début du XXe siècle, de ses œuvres étranges, ses fameuses têtes anthropomorphes, qui en firent pour les surréalistes un précurseur de l’art moderne.
Giuseppe Arcimboldo est né à Milan dans une famille de peintres. Son père travaillait alors, depuis 1518, à la Fabbrica, l’office en charge des travaux du dôme de Milan. Lui-même y travailla jusqu’en 1558 environ, livrant des esquisses de toutes sortes (vitraux, baldaquins, armoiries, etc.) dont il reste peu d’œuvres. En 1562 on le trouve au service de la cour des Habsbourg qu’il servira pendant 25 ans, jusqu’en 1587. Ferdinand Ier, Maximilien II puis Rodolphe II le combleront d’honneurs et lui confieront de nombreuses charges. En 1580 il est anobli et en 1592 il est élevé au rang de comte palatin. Depuis 1587 il est donc de retour dans sa ville natale, loué par ses contemporains et compatriotes lombards qui voient en lui « un prince parmi les peintres », mais continue d’envoyer des tableaux à Rodolphe II.
Tout le monde connaît aujourd’hui ses portraits anthropomorphes composés à partir de fruits, légumes, animaux, objets de toutes sortes. Il a ainsi fait plusieurs séries des quatre saisons. Nous pouvons voir côte à côte celles du musée de Vienne (1563) et celles du Louvre (1573). Dans la même veine il a fait les Eléments : l’Eau et le Feu (1566), la Terre (1570) ainsi que les Quatre saisons en une seule tête (1590) mais aussi des portraits des membres de la cour composés avec les objets ayant trait au métier des personnes concernées comme le Juriste ou le Bibliothécaire (1566). Ses fantaisies picturales vont très loin puisqu’il fait même des tableaux réversibles comme L'Homme-potager ou Le Cuisinier (1566).
L’exposition rassemble une quarantaine de tableaux, une trentaine d’objets d’art, autant d’œuvres graphiques, une tapisserie et une dizaine d’ouvrages en provenance de collections privées et publiques du monde entier. C’est dire si l’œuvre d’Arcimboldo, même si beaucoup reste à faire pour le connaître, est importante et variée. En effet à coté des œuvres décrites ci-dessus qui font sa célébrité, cet artiste était un érudit curieux de tout, comme Léonard de Vinci. Les Habsbourg l’appréciaient aussi pour les grandes fêtes, tel que le mariage d’Anne, fille de Maximilien avec Philippe II, roi d’Espagne, qu’il organisait, concevant les décors et les costumes. Il nous en reste de nombreux dessins préparatoires. Ils lui confièrent aussi la collecte d’œuvres d’art de l’antiquité ainsi que de curiosités de la nature comme ces oiseaux et animaux du Nouveau Monde. Lui-même en fit des dessins minutieux pour les scientifiques de son époque. On lui doit aussi une série de treize dessins illustrant la culture et le travail de la soie d’une extraordinaire précision. Il fit également de nombreux portraits de facture classique que l’on a beaucoup de mal à authentifier aujourd’hui (Portrait d’une archiduchesse, vers 1563).
La présente exposition, qui est la première monographie consacrée à Arcimboldo, permettra ainsi de mieux comprendre cet artiste qui reste encore un peintre mystérieux. Le visiteur ne manquera pas d’apprécier, en marge de cette exposition, une présentation d’œuvres de Bernard Pras, dont une surprenante installation réalisée d’après l’Eté d’Arcimboldo. Musée du Luxembourg 6e. Jusqu’au 13 janvier 2008 (puis à Vienne du 11 février au 1er juin 2008). Lien : www.museeduluxembourg.fr.

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