Parcours en images et en vidéos de l'exposition

AMEDEO MODIGLIANI
Un peintre et son marchand

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°579 du 11 octobre 2023



 

Entrée de l'exposition. © Sophie Crepy.
 


Un peu plus d’un siècle après la rencontre entre les deux hommes en 1914, cette exposition se propose de revenir sur l’un des moments emblématiques de la vie d’Amedeo Modigliani (1884-1920), celui où le Parisien Paul Guillaume (1891-1934) devient son marchand. Elle s’attache à explorer la manière dont les liens entre les deux personnages peuvent éclairer la carrière de l’artiste et sa renommée posthume.
Arrivé dans la capitale française en 1906, l’artiste italien d’origine juive Amedeo Modigliani peint et sculpte dans le contexte bouillonnant de l’École de Paris. Peu après le départ au front de son premier mécène Paul Alexandre en 1914, il fait la rencontre d’un jeune marchand, Paul Guillaume, qui devient son galeriste vers la fin de l’année 1915. Le peintre et le marchand fréquentent alors les cercles artistiques et littéraires de la capitale et partagent des goûts communs pour la poésie et les arts extra-occidentaux. L’appartement-galerie du marchand est à cette époque couvert de toiles du peintre. Paul Guillaume l’encourage, tente de faire connaître et de vendre ses œuvres. Alors même que Modigliani rencontre son autre grand marchand, le poète d’origine polonaise Léopold Zwoboroski en 1916, Paul Guillaume continue à promouvoir et à diffuser les œuvres de Modigliani en France et outre-Atlantique jusqu’à son décès en 1934. L’exposition met en lumière certains des grands chefs-d’œuvre de l’artiste passés par les mains du galeriste ainsi que des archives et documents témoignant de leurs liens. Toutes les œuvres présentées dans cette exposition ont un rapport étroit avec Paul Guillaume : qu’elles lui aient appartenu, aient été vendues par lui ou aient été commentées dans sa revue Les Arts à Paris.

Anonyme. Modigliani dans son atelier, rue Ravignan, 1915. Photographie, 8,5 × 5,9 cm. Paris, musée de l'Orangerie, don de M.Alain Bouret. Photo © RMN-Grand Palais (musée de l'Orangerie) / Archives Alain Bouret, image Dominique Couto.
 
Texte du panneau didactique.


1 - AMEDEO MODIGLIANI ET PAUL GUILLAUME

Scénographie


Le galeriste et collectionneur Paul Guillaume aurait découvert Amedeo Modigliani dès 1914 par l’entremise du poète Max Jacob. Il devient vraisemblablement son marchand l’année suivante et constitue l’un des premiers soutiens de l’artiste. Le marchand loue pour lui un atelier rue Ravignan à Paris, resté célèbre par des clichés photographiques où les deux hommes prennent la pose aux côtés des œuvres de l’artiste accrochées au mur. Modigliani réalise quant à lui des portraits peints et dessinés de son nouveau marchand. Trois portraits à l’huile ainsi que deux dessins sont réunis dans cette salle, ainsi que des témoignages photographiques montrant l’appartement-galerie de Paul Guillaume avenue de Villiers et l’atelier de la rue Ravignan. Outre les cinq peintures de Modigliani présentes aujourd’hui dans la collection du musée de l’Orangerie, on recense plus d’une centaine de toiles réputées être passées par les mains de Paul Guillaume ainsi qu’une cinquantaine de dessins et une douzaine de sculptures. Ce nombre indique à la fois l’implication du marchand dans la promotion de l’artiste ainsi que son goût personnel pour ses œuvres.
 
Texte du panneau didactique.
 
Paul Guillaume (1891-1934). Modigliani dans son atelier, rue Ravignan, vers 1915. Photographie, 14,5 x 9,6 cm. Paris, musée de l’Orangerie, don de M. Alain Bouret. © RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie) / Archives Alain Bouret, image Dominique Couto.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Portrait de Paul Guillaume, 1915. Huile sur carton. Toledo, The Toledo Museum of Art, achat grâce aux fonds donnés par Mrs C. Lockhart McKelvy.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Paul Guillaume, Novo Pilota, 1915. Huile sur carton collé sur contre-plaqué parqueté, 105 x 75 cm. Paris, musée de l'Orangerie. © RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie) / Hervé Lewandowski.

Entre 1915 et 1916, Modigliani réalise quatre portraits peints de son mécène. Le premier d’entre eux, conservé au musée de l’Orangerie, proclame la relation privilégiée qu’entretiennent le marchand et l’artiste à cette époque. Paul Guillaume, qui n’a alors que vingt-trois ans, est représenté en costume, ganté et cravaté comme un pilote visionnaire de l’avant-garde, avec les mots « novo pilota » peints sur la toile. Cette inscription nous laisse entrevoir l’immense espoir que le galeriste suscite chez le peintre et chez la jeune génération des artistes.
Scénographie
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Portrait de Paul Guillaume, 1916. Huile sur toile, 81 x 54 cm. Italie, Milan, Museo del Novecento. Photo (C) Archives Alinari, Florence, Dist. RMN-Grand Palais / Mauro Magliani.
 
Anonyme. Paul Guillaume en chapeau, assis, dans l'atelier de Modigliani, non daté. Photographie, 16,7 x 11,5 cm. Paris, musée de l'Orangerie. © Musée de l'Orangerie, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.


2 - MASQUES ET TÊTES

Scénographie avec, au centre, d'un artiste fang (Gabon) : Masque anthropomorphe Ngon Ntang, XIXe siècle.
Bois, pigments dont kaolin, laiton, 42 × 23 × 26 cm.
Paris, musée du quai Branly-Jacques Chirac, déposée au musée de l’Orangerie.
© Musée du quai Branly - Claude Germain © Musée du quai Branly - Jacques Chirac / Claude Germain


Entre 1911 et 1913, Modigliani se consacre presque exclusivement à la sculpture. En parallèle de ces œuvres sculpturales, il réalise plusieurs dessins élégants. Les formes simplifiées qui les caractérisent inspirent le style fragmenté ou allongé de ses peintures ultérieures, telles que les têtes de femmes, également exposées dans cette salle. Les visites de musées parisiens, dont le Louvre et le Musée d’Ethnographie du Trocadéro, incitent Modigliani, et d’innombrables autres artistes européens, à s’intéresser à l’art égyptien, khmer, africain et primitif italien. Paul Guillaume est alors l’un des rares marchands de son époque à considérer les statues et les masques africains comme des œuvres d’art, ainsi que l’un des premiers à les exposer aux côtés d’œuvres d’art moderne européen. Bien que Modigliani ait déjà arrêté la sculpture à l’époque où Paul Guillaume devient son marchand, cela n’empêche pas le jeune Parisien d’acheter des têtes en pierre ou en marbre de Modigliani et de les vendre à d’importants clients, comme Albert C. Barnes, le collectionneur de Philadelphie, après la mort de l’artiste en 1920.

 
Texte du panneau didactique.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Fille rousse, 1915. Huile sur toile, 40,5 x 36,5 cm. Paris, musée de l'Orangerie. © RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie) / Hervé Lewandowski.

 

 

Droit dans les yeux
Une tête ovale, un cou cylindrique, des traits noirs pour les sourcils, le nez et la bouche, il s'agit bien d'un portrait peint par Modigliani. Cette fois-ci, le sujet à des pupilles noires et il nous regarde droit dans les yeux. Avec peu de couleurs et des pointes de noir, le peintre la rend expressive.
Tenteras-tu d'en faire autant en fin d'exposition ?

(Cartel pour jeune public)

 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Tête, 1912. Pierre. Collection Abello.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). L'Enfant gras, 1915. Huile sur toile. Milan, Pinacoteca di Brera.
Scénographie. © Sophie Crepy.
 
Artiste fang, Gabon. Masque, XVIIIème siècle. Bois, fromager, 49 x 23 x 12 cm. Avignon, musée Angladon, collection Jacques Doucet. © Fondation Angladon-Dubrujeaud.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Femme au ruban de velours, vers 1915. Huile sur papier collé sur carton, 54 x 45,5 cm. Paris, musée de l'Orangerie. © RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie) / DR.

Drôle de regard
Observe ce tableau (
à droite) et le masque accroché à ses côtés. Trouve quatre similitudes entre ces deux visages: une tête ovale, des yeux en amande, un long nez, de simples traits pour les sourcils.
En effet, le regard vide de la femme lui donne encore plus l'aspect d'un masque. Qu'en penses-tu ?

(Cartel pour jeune public)

 

 
Ce portrait se distingue par la pureté et la stylisation des traits du visage, Avec ses yeux vides, sans pupilles, cette figure apparait comme une adaptation en peinture des expérimentations menées par Modigliani dans ses sculptures de Têtes et dans les dessins et esquisses de Cariatides. C'est un «visage-masque» qui reflète également l'intérêt de l'artiste pour les arts extra-occidentaux. La présence d'un paysage en arrière-plan, dont les tons sombres contrastent avec le visage, est inhabituelle chez Modigliani.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Tête de femme, 1911-1913. Sculpture en calcaire, 47 x 27 x 31 cm. Paris, Centre Pompidou, musée national d'Art moderne / Centre de création industrielle. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Jacqueline Hyde.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Tête de femme, 1913-1914. Marbre de Carrare. Paris, Centre Pompidou. Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle, dation en 1993, en dépôt au LaM - Lille Métropole musée d'Art moderne, d'Art contemporain et d'Art brut (Villeneuve-d'Ascq).
Scénographie


Dès l’ouverture de sa galerie en 1914, Paul Guillaume expose simultanément sculptures africaines et tableaux modernes. Il est ainsi l’un des premiers marchands français à développer le commerce des pièces africaines et océaniennes tout en contribuant à l’étude et à la connaissance de ces arts grâce à des associations de connaisseurs ou à des publications. Modigliani, quant à lui, fréquente le Musée d’Ethnographie du Trocadéro dès 1909 et manifeste un intérêt précoce pour ces arts. En 1916, l’Association Lyre et Palette propose une exposition d’artistes modernes et d’art d’Afrique montrant de nombreux tableaux de Modigliani ainsi que des œuvres africaines appartenant à Paul Guillaume.
 
Texte du panneau didactique.
 
Artiste kota Gabon. Élément de reliquaire Mbulu-ngulu, avant 1941. Bois, cuivre, 60 × 25 × 11 cm. Paris, musée du quai Branly-Jacques Chirac, déposée au musée de l’Orangerie. © Musée du quai Branly - Jacques Chirac / DR.
 
Artiste Fang, Gabon. Elément de reliquaire eyima byeri, avant 1941. Bois, perle. Paris, musée du quai Branly-Jacques Chirac, déposée au musée de l’Orangerie.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Lola de Valence, 1915. Huile sur papier monté sur bois. New York, The Metropolitan Museum of Art, legs Miss Adelaïde Milton de Groot (1876-1967), 1967.

L'aspect quasi-cubiste de cette œuvre attire l'attention sur les liens entre la production bidimensionnelle et tridimensionnelle de Modigliani. Bien que Modigliani ait cessé de sculpter la pierre au début de la Première Guerre mondiale, ses têtes peintes de 1914 et 1915, dont certaines figurent dans cette salle, présentent des formes angulaires et allongées similaires.
Scénographie. © Sophie Crepy.


3 - MILIEU PARISIEN, AFFINITÉS ARTISTIQUES ET LITTÉRAIRES

Scénographie


C’est au cœur d’un Paris cosmopolite, capitale des arts, qu’Amedeo Modigliani arrive en 1906 à l’âge de 21 ans et commence un parcours artistique singulier. Ce carrefour culturel, si vivant au début du XXème siècle, lui fournit des interlocuteurs artistiques aussi bien dans le domaine pictural que littéraire et marchand, constituant un terreau fertile à l’épanouissement de son art. Les figures de ses proches peuplent alors ses tableaux et dressent un étonnant panorama des personnalités de cette époque : Constantin Brancusi, Chaïm Soutine, Moïse Kisling, Juan Gris, Jacques Lipchitz, Jean Cocteau, Léopold Survage, Pablo Picasso, Diego Rivera, Max Jacob, Beatrice Hastings... peintes au même titre que des figures connues uniquement par leurs prénoms ou encore des anonymes. Réformés pour raisons de santé, Modigliani comme Paul Guillaume ne prennent pas part au premier conflit mondial. Ils restent dans la capitale française et fréquentent des cercles de sociabilité communs. Modigliani, qui oscille entre Montmartre et Montparnasse depuis son arrivée à Paris, reste l’un des témoins et des acteurs privilégiés de ce Paris artistique bouillonnant.

 
Texte du panneau didactique.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Antonia, vers 1915. Huile sur toile, 82 x 46 cm. Paris, musée de l'Orangerie. © RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie) / DR.

Un air de famille
Repères-tu les trois formes géométriques utilisées par Modigliani pour faire le portrait d'Antonia ? Un ovale, un cylindre et un triangle. Elles ressortent particulièrement sur le fond sombre où l'on distingue une fenêtre et le dossier d'un fauteuil sur lequel le modèle se tient bien droit !
Il y a pourtant quelque chose de nouveau dans ce portrait: le format du tableau, à la verticale, qui permet de représenter le buste et les mains du modèle.
 
Seul le prénom du modèle représenté nous est connu: Antonia. Avec le contour arrondi de son visage, son cou allongé en forme de cylindre et la stylisation extrême des traits du visage, l'œuvre rappelle les innovations stylistiques du mouvement cubiste.
Scénographie. © Sophie Crepy.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Portrait de Max Jacob, 1916. Huile sur toile. Düsseldorf, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, acquis en 1965 par une donation du Westdeutschen Rundfunks.

L'homme de lettres et poète Max Jacob est celui qui aurait présenté Amedeo Modigliani et Paul Guillaume en 1914.
Il écrit: «Le portrait de Modigliani fut peint au crépuscule au printemps dans le jardin d'une dame anglaise [Beatrice Hastings] qui était sa maîtresse à Montmartre [...]. Dans un recueil de mes vers, il y en a deux que je fis pour ce portrait: "il a l'air à la fois du juge et du forçat. Tel vers ce double but le peintre s'efforça”»
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Madame Pompadour, 1915. Huile sur toile, 61,1 x 50,2 cm. Chicago, The Art Institute of Chicago. Joseph Winterbotham Collection. Ancienne collection Paul Guillaume. © The Art Institute of Chicago.

Intitulé Madame Pompadour, ce tableau est un portrait de Beatrice Hastings. En tant que rédactrice en chef de la revue londonienne The New Age, Beatrice Hastings publie des auteurs importants, dont Ezra Pound. Elle écrit également ses propres poèmes, de la prose, des articles d’opinion politique et des critiques d’art sous d’innombrables pseudonymes. Ses récits sur les méthodes de travail de Modigliani, le marché et leur vie domestique figurent dans sa chronique du New Age intitulée «Impressions de Paris». Sa liaison de deux ans avec Modigliani, entre 1914 et 1916, coïncide avec la période durant laquelle l’artiste travaille en étroite collaboration avec Paul Guillaume.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Portrait de Moïse Kisling, 1915. Huile sur toile, 37 x 29 cm. Italie, Milan, Pinacoteca di Brera. © Photo SCALA, Florence - Courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali e del Turismo, Dist. RMN-Grand Palais / image Scala.

Les différents portraits du peintre d'origine polonaise Moïse Kisling par Modigliani datent de 1915 et 1916. Cette version, centrée sur le visage du modèle, est reconnaissable dans les photographies de la fin des années 1920 montrant le bureau de Paul Guillaume à son domicile de l'avenue Foch.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Portrait de Beatrice Hastings, 1915. Huile sur carton. Toronto, Art Gallery of Ontario, don de Sam and Ayala Zacks, 1970.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). La Belle irlandaise, en gilet et au camée, vers 1917-1918. Huile sur toile, 65 x 48,3 cm. Cleveland, The Cleveland Museum of Art. Image Courtesy of the Cleveland Museum of Art.
 
Anonyme. Modigliani souriant, debout dans la rue de trois-quarts gauche, en manteau avec une écharpe blanche, portant un chapeau, un exemplaire de L'Œil à la main, non daté. Photographie, 18,4 × 13,6 cm. Paris, musée de l’Orangerie, don de M. Alain Bouret. Photo © RMN-Grand Palais (musée de l'Orangerie) / Archives Alain Bouret, image Dominique Couto.
Scénographie

Paul Guillaume publie à partir de 1918 une revue, Les Arts à Paris, en collaboration avec Guillaume Apollinaire (1880-1918). Après la mort du poète, Paul Guillaume prend la plume et utilise cette publication pour promouvoir l'activité de sa galerie, les artistes qu'il défend ainsi que son rôle dans l'histoire de l'art. Il y rend compte de l'actualité du marché de l'art, des publications et expositions de son réseau dans un esprit ludique et engagé pour la défense de l'art moderne. Une place croissante est accordée aux reproductions d'œuvres, qui, dans les revues, jouent à cette époque un rôle important pour la reconnaissance d'un artiste. Vingt-et-un numéros sont publiés entre 1918 et 1935. Après la mort de Paul Guillaume, la galerie ferme et la revue cesse de paraître.

 
Texte du panneau didactique.
 
Anonyme. Paul Guillaume et Modigliani à Nice sur la Promenade des Anglais, 1918-1919. Photographie, carte postale. Paris, Musée de l'Orangerie, don de M. Alain Bouret, 2011.
Paul Guillaume, Mme Archipenko et Modigliani à Nice sur la Promenade des Anglais. Photographie (photo originale sur carte postale), 1918-19. 13,8 x 9 cm. Paris, musée de l’Orangerie, don de M. Alain Bouret. © RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie) / Archives Alain Bouret, image Dominique Couto.
 
Paul Guillaume (1891-1934). « Modigliani créateur de l'actuel type de beauté féminine ». Les Arts à Paris, n°21. Juin 1935. Paris, Musée de l'Orangerie, don de M. Alain Bouret, 2011.

Le vingt-et-unième et ultime numéro des Arts à Paris est publié en 1935 à titre posthume par la veuve de Paul Guillaume, Juliette, surnommée Domenica. L'article sur Modigliani écrit par son galeriste en 1933 est un hommage au peintre, désormais reconnu et coté sur le marché, plus d'une décennie après sa mort
 
Album monographique Modigliani issu de l'ensemble des albums dits de Paul Guillaume. Album relié de photographies fixées sur support papier. Collection particulière courtesy Saint-Honoré Art Consulting.
 
Modigliani « Le plus beau nu ». Collection particulière Paul Guillaume. Les Arts à Paris, n°17. Mai 1930. Paris, Musée de l'Orangerie, don de M. Alain Bouret, 2011.
 
Anonyme. Paul Guillaume assis dans un fauteuil en rotin 16, av. de Villiers, non daté. Photographie, 8,3 ×5,7 cm. Paris, Musée de l'Orangerie, don de M. Alain Bouret, 2011.


4 - PÉRIODE MÉRIDIONALE

Scénographie


En 1916, avec le soutien d’un nouveau marchand d’art, Léopold Zborowski, Modigliani se remet à peindre des nus féminins. Si Modigliani réalise ces tableaux pour des acheteurs masculins, leur sensualité évoque également l’émancipation croissante des femmes au cours des années 1910, dans un certain milieu social. Ces images sont perçues comme choquantes et en 1917, lorsque certaines d’entre elles sont montrées dans la seule exposition personnelle de Modigliani, elles finissent par devoir être retirées pour cause d’indécence, notamment à cause des poils pubiens dont les représentations de nus sont traditionnellement dépourvues. Grâce à son album d’œuvres de Modigliani, nous savons que Paul Guillaume a acquis et vendu au moins deux nus après la mort de l’artiste, un nombre relativement faible qui pourrait être lié à l’investissement personnel de Léopold Zborowski dans ces œuvres. Durant les derniers mois de la Première Guerre mondiale, alors que Paris subit des raids aériens et que l’état de santé de Modigliani se dégrade, Léopold Zborowski envoie l’artiste sur la Côte d’Azur. Modigliani est anxieux à l’idée de ce déménagement, mais comme bon nombre de ses amis citadins ont déjà pris la direction du Sud, il a bon espoir de trouver de la compagnie sur place. Sa nouvelle compagne, la peintre Jeanne Hébuterne, déjà enceinte du premier enfant du couple, l’accompagne. C’est à Nice que Modigliani réalise certaines de ses œuvres les plus fortes, peignant des portraits d’enfants, de domestiques et d’autres anonymes locaux et s’essayant même aux paysages. Paul Guillaume achète et vend plusieurs de ces œuvres phares, dont certaines figurent dans cette salle, au cours des années 1920.

 
Texte du panneau didactique.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Jeune Fille rousse au collier, dit aussi Femme Rousse portant un pendentif, 1918. Huile sur toile. Collection particulière.
Scénographie. © Sophie Crepy.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Le Jeune Apprenti, entre 1917 et 1919. Huile sur toile, 100 x 65 cm. Paris, musée de l'Orangerie. © RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie) / Hervé Lewandowski.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Elvire assise, accoudée à une table, 1919. Huile sur toile, 92,7 × 60,5 cm. Saint Louis (Missouri), Saint Louis Art Museum. Image Courtesy of the Saint Louis Art Museum.

Sculpteur avant tout
Perdu dans ses pensées, ce jeune homme semble être là depuis des heures. Accoudé à une table, son visage aux traits fins repose sur une main grossièrement dessinée. On ne se refait pas: Modigliani a d'abord été sculpteur.
Il utilise sa technique pour donner du volume et de la puissance aux mains de ce jeune travailleur. Saisissant, non ?
 
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Portrait de femme, dit aussi La Blouse rose, 1919. Huile sur toile, 98 x 64 cm. Avignon, musée Angladon, collection Jacques Doucet. © Fondation Angladon-Dubrujeaud.

La Blouse rose pourrait avoir été peinte après le retour de Modigliani du Sud de la France en mai 1919, peut-être dans l’appartement de Léopold Zborowski, alors marchand de Modigliani, rue Jacques Bara. Le rose intense du chemisier du modèle, qui confère une luminosité inhabituelle au tableau, est probablement une conséquence du séjour de l’artiste dans le Sud. Le rendu sommaire de la jupe à carreaux et des mains de la femme contraste avec les traits précis et délicats de son visage. L’œuvre est saluée comme «resplendissante» et «l’une des plus belles œuvres du maître» par Paul Guillaume dans sa revue Les Arts à Paris.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Portrait de Madame Hanka Zborowska, 1918-1919. Huile sur toile. Collection particulière.
Scénographie. © Sophie Crepy.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Nu couché, 1917-18. Huile sur toile, 66 x 100 cm. Italie, Turin, Pinacoteca Agnelli. © Pinacoteca Agnelli, Torino.

Bien que les nus de Modigliani ne représentent que dix pour cent de la production de l’artiste, ils sont largement considérés comme ses œuvres les plus célèbres. Paul Guillaume n’a pourtant vendu qu’un très petit nombre de ces œuvres, ce qui peut s’expliquer par leur relative rareté et leur valeur élevée ou par le fait que la plupart d’entre elles ont été peintes lorsque Modigliani travaillait en étroite collaboration avec Léopold Zborowski, entre 1917 et 1919.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). Jeune Fille au corsage rayé, 1917. Huile sur toile. Collection Nahmad.

Cette peinture a été vendue par Paul Guillaume au collectionneur et philanthrope américain Albert C. Barnes et a été présentée lors de l'exposition de la collection de Barnes, qui s'est tenue à Philadelphie en 1923. Albert Barnes a réagi à l'inflation du marché des œuvres de Modigliani à la fin des années 1920 en cédant certaines de ses œuvres - dont celle-ci - à des prix bien plus élevés que ceux auxquels il les avait acquises.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). La chevelure noire, dit aussi Jeune fille brune assise, 1918. Huile sur toile, 92 x 60 cm. Paris, musée national Picasso-Paris. Photo (C) RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Adrien Didierjean.
 
Amedeo Modigliani (1884-1920). La Belle droguiste, dit aussi La Belle épicière, 1918. Huile sur toile. Collection Nahmad.


5 - LES INTÉRIEURS DE PAUL GUILLAUME, 1916-1934


Une vue de la projection vidéo. © Sophie Crepy.
 
Aperçu de la vidéo.
 


Espace de médiation à la sortie de l'exposition

Scénographie
 
Permis de toucher

Comme il s'agit d'une reproduction, tu peux toucher cette sculpture. Fais-le aussi en fermant les yeux. Que ressens-tu? Tu peux même lui glisser à l'oreille ce que tu as le plus apprécié dans l'exposition.

Reproduction d'une sculpture.
 
 
Méli-mélo.
 
Méli-mélo.
Dessinatrices en plein travail
 
Une dessinatrice très appliquée.
 
Quelques dessins laissés sur place