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 ALAÏA
Article 
                publié exclusivement sur le site Internet, avec la Lettre 
                n° 360du 
                18 novembre 2013
 
 ALAÏA. Après quatre années de travaux, 
              le Palais Galliera consacre son exposition d'ouverture à Azzedine 
              Alaïa. Passer de « Sous l'empire des crinolines » en 
              2009 (Lettre 294) à Alaïa en 2013 est aussi un symbole de 
              renouveau, si l'on excepte les expositions hors les murs présentées 
              par le Musée de la Mode de la Ville de Paris durant la fermeture 
              de son site d'exposition. En effet il n'y a pas de créateurs plus 
              modernes, audacieux et maîtrisant toutes les étapes de la réalisation 
              d'un vêtement, que ce tunisien né en 1940 à Tunis, parisien de cœur 
              et naturalisé français. Alaïa commence par l'étude de la sculpture à l'Ecole des Beaux-Arts 
              de Tunis. Pour payer ses fournitures il fait des petits travaux 
              de couture (surfilage). Il fait aussi, à la place de sa sœur, les 
              exercices de couture que lui demandait son école et apprend ainsi 
              les points. De riches connaissances qui l'avaient remarqué l'encouragent 
              alors à aller à Paris et lui permettent d'entrer chez Dior, où il 
              ne reste que cinq jours, mais semble, selon ses dires, avoir tout 
              compris ! Vers 1961 il est engagé par Guy Laroche qu'il quitte deux 
              ans après pour se mettre à son compte. Sa carrière est ainsi faite 
              de rencontres de personnes qui l'encouragent, et de femmes qui lui 
              confient le soin de les habiller. C'est le cas d'Arletty, de Louise 
              de Vilmorin, de Greta Garbo et de bien d'autres. Il travaille aussi 
              en tant que créateur avec des maisons de prêt-à-porter et aide Thierry 
              Mugler à confectionner la série de smokings qui clôt son défilé 
              en 1979. Celui-ci lui rend hommage et le fait connaître à des rédactrices 
              de mode influentes qui croient en lui. Deux ans plus tard il présente 
              sa première collection dans son atelier rue de Bellechasse.
 Il crée des robes intemporelles avec toutes sortes de matériaux 
              et pas seulement ceux utilisés par la haute couture. Le cuir, le 
              jean, les crêpes de Chine, la maille stretch, les jerseys de viscose 
              et d'acétate, les laines bouillies, sont traités comme des tissus 
              nobles avec lesquels il «aime couper des robes raffinées mais 
              confortables, tels des blousons de routard». De même, il n'utilise 
              qu'exceptionnellement des broderies et des objets décoratifs mais 
              a recours aux boutons pression, aux œillets et au zip qu'il coud 
              de l'encolure jusqu'à l'ourlet, en utilisant parfois jusqu'à sept 
              mètres ! Pour lui une femme doit être belle et se sentir bien. Les 
              vêtements doivent lui coller à la peau. C'est elle qui doit être 
              remarquée, pas ses vêtements. C'est pour cela qu'il doit travailler 
              avec de vrais mannequins comme Naomi Campbell, Linda Evangelista 
              et bien d'autres, qu'il a révélés et qui sont ses plus fidèles admiratrices, 
              préférant souvent recevoir une de ses créations plutôt que de l'argent.
 Alaïa ne se prête pas au jeu de la mode. Ce n'est que dans son atelier, 
              aujourd'hui 18 rue de la Verrerie à Paris, dans le quartier du Marais, 
              où il a racheté un ancien entrepôt de plusieurs milliers de mètres 
              carrés, transformé par son ami, le peintre Julian Schnabel, qu'il 
              organise ses défilés auxquels il invite qui il veut. Pas de vitrine 
              mais une sonnette discrète. Le showroom, les bureaux et son habitation 
              sont là aussi. De même il ne se conforme pas au calendrier officiel 
              des défilés mais organise les siens une semaine ou un mois plus 
              tard … quand il en fait.
 Alaïa réalise également des costumes de scène comme ceux des danseuses 
              du Crazy Horse en 1979, où son talent d'habiller les corps fait 
              merveille, ou cette année, en 2013, où il conçoit les costumes du 
              ballet Les Nuits, d'Angelin Preljocaj au Festival de Montpellier 
              Danse et ceux de l'opéra Les Noces de Figaro au Los Angeles 
              Philharmonic. Il travaille aussi, comme à ses débuts, avec des maisons 
              de prêt-à-porter comme Tati dont il reprend en 1991 le fameux vichy 
              rose et blanc pour en faire un sac, un tee-shirt et des espadrilles.
 Mais ce ne sont pas ces créations-là qui nous sont présentées aujourd'hui, 
              dans la pénombre du Palais Galliera, ainsi que dans la salle Matisse 
              du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, de l'autre côté de 
              la rue, mais ses plus célèbres créations, depuis ses robes en cuir 
              moulant des années 1980, jusqu'à ses vestes en peau de crocodile 
              lustrée noire bordée de fourrure en agneau de Mongolie, de 2011. 
              L'ensemble est tout à fait étonnant, magnifique, unique. Les visiteurs 
              les plus curieux cherchent, souvent en vain, les coutures et s'extasient 
              devant tant de talent. Du très grand art. Palais Galliera 16e. 
              Jusqu'au 26 janvier 2013. Pour 
              voir notre sélection de visuels, cliquez ici. 
              Lien : www.palaisgalliera.paris.fr.
 
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