VIPERE
AU POING
Article
publié dans la Lettre n° 233
VIPERE AU POING. Film français de Philippe
de Broca avec Catherine Frot, Jacques Villeret, Jules Sitruk (2004-couleurs-1h40).
Un manoir familial dans les années vingt. Madame Rézeau, grand-mère
attentive, élève ses deux petits-fils, Ferdinand et Jean, dit Brasse-bouillon,
que lui ont laissés son fils et sa belle-fille Paule, en poste en
Indochine depuis plusieurs années avec Marcel, leur cadet. Si Ferdinand
et Jean sont heureux entre leur grand-mère et leur préceptrice anglaise,
ils regrettent malgré tout l’absence de leurs parents dont ils guettent
le courrier avec impatience. Le décès brutal de leur grand-mère
va pourtant briser ce bonheur simple avec le retour d’une mère qu’ils
avaient fini par idéaliser et dont ils sont loin d’imaginer le caractère.
L’arrivée fracassante à la gare va sonner le glas des jours heureux
et donner le ton de l’avenir. Entre une mère despotique et un père
trop lâche pour leur venir en aide, Ferdinand et Jean vont voir
leur vie devenir un cauchemar. L’affrontement va prendre les allures
d’une guerre quotidienne entre mère et fils, avec Jean surtout,
qui l’a baptisée Folcoche et a décidé de lui tenir tête.
Philippe de Broca s’est lancé avec fougue dans l’adaptation du célèbre
roman d’Hervé Bazin. Sans édulcorer la méchanceté de Folcoche, il
pondère la dureté de son caractère, cherchant dans l’enfance de
celle-ci des circonstances atténuantes et une excuse à son attitude
présente. Cela lui permet d’offrir un personnage moins noir et plus
adapté à un public plus jeune, que les lecteurs du roman. Il met
également en relief les rapports conjugaux entre Paule et son mari,
incluant un amour laissé en Indochine, pour humaniser le personnage.
Chemin faisant, il s’écarte de l’intention du roman, véritable exutoire
et règlement de compte entre un fils et sa mère, cri de haine d’Hervé
Bazin, qui aurait du mal à retrouver les traits de Folcoche sous
ceux de Catherine Frot. On sent que celle-ci, au demeurant excellente
dans le rôle, se fait violence pour être crédible. Jacques Villeret
traduit bien l’ambivalence d’un père qui, telle une autruche, se
réfugie dans ses études entomologiques pour ne pas à avoir à affronter
sa femme. Le jeune Jules Sitruk orchestre très bien cette guerre
sans merci. En somme, un film à la facture très classique, académiquement
réussi. Les faits sont là, mis en scène avec de très belles images,
mais toute la hargne de la plume vengeresse de l’auteur fait défaut.
Lien: http://www.vipereaupoing.com/
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