VA, VIS ET DEVIENS

Article publié dans la Lettre n° 242

VA, VIS ET DEVIENS. Film franco-israélien de Radu Mihaileanu avec Roschdy Zem, Yaël Abecassis, Moshe Agazai, Mosche Abebe, Sirak M. Sabahat (2004-couleurs-2h20).
En 1984, Israël déploie une action clandestine, l’opération « Moïse», organisée par le Mossad, celle de rapatrier les falashas, juifs éthiopiens. Ceux-ci, jetés sur les routes de l’exode par la guerre, la sécheresse et la famine, croupissent dans des camps soudanais qui accueillent, toutes religions confondues, des centaines de milliers d’africains de vingt-six pays frappés par la famine. Le Soudan étant un pays musulman régi par la charia, la population juive doit cacher ses origines. Son unique chance de survie est l’avion qui l’emportera en Terre Sainte. Seul l’amour peut pousser une mère chrétienne à se séparer de son fils de neuf ans. Fermement, elle l’oblige à s’engager dans la file des candidats au départ, qui s’ébranle vers l’avion salvateur. « Va, vis et deviens » sont les derniers mots qu’elle lui adresse. La peur au ventre, l’enfant serre une main anonyme, celle d’une jeune femme juive qui le fait passer pour son fils, le nomme Schlomo et lui invente une famille avant de mourir à son arrivée à Jérusalem, laissant l’enfant désemparé. Une famille française séfarade l’adopte et l’élève comme son propre fils. Aux prises au racisme primaire des uns mais grâce à l’amour des autres, Schlomo va vivre et devenir, cachant toujours le secret de ses origines chrétiennes mais n’oubliant jamais le sacrifice de sa mère restée au Soudan avec, dans le coeur, l’espoir de la revoir un jour.
De 1984 à 1993, Radu Mihaileanu, cinéaste français d’origine roumaine, construit son scénario autour de l’enfance, de l’adolescence et de la prime jeunesse de son héros. Ce fil conducteur lui permet de mêler un destin individuel à l’histoire. A travers la vie de Schlomo, se détachent les principaux thèmes de l’appartenance à une religion et à une culture différentes, de l’intégration et du racisme. Remarquablement documenté, son film est une leçon d’histoire avec, entre autres, le sort dramatique des falashas, juifs d’Éthiopie, dont la majorité restera en marge de la société israélienne, ne pouvant s’intégrer à une population régie par des religieux fanatiques qui n’ont pas reconnu leur judaïté. C’est aussi une étude sur le genre humain conduite par l’amour. Le choix judicieux des comédiens donne beaucoup de vérité aux personnages qu’ils incarnent. Lien : www.vavisetdeviens-lefilm.com.

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