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 UNE 
              FEMME DE MENAGE Article 
              publié dans la Lettre n° 206 
 UNE FEMME DE MENAGE. Film français 
              de Claude Berri avec Jean-Pierre Bacri, Emilie Dequenne, Brigitte 
              Catillon, Axelle Abbadie (2002-couleurs-1h30). C’est sûr et certain, l’appartement de Jacques Gauthier, ingénieur 
              du son de son état, la quarantaine bien sonnée, est celui d’un homme 
              seul et plutôt paumé depuis la désertion de sa femme Constance. 
              Trois mois plus tard, le deux pièces cuisine dépourvu de toute présence 
              féminine, logé en plein quartier latin, ressemble davantage à un 
              champ de bataille dévasté par les Huns qu’à celui amoureusement 
              cultivé par un agriculteur passionné. A tel point qu’un beau matin 
              en achetant sa baguette, Jacques décroche la petite annonce d’une 
              femme de ménage cherchant quelques heures de travail. Rendez-vous 
              pris, Laura et sa vingtaine resplendissante se profilent à l'entrée 
              du bar. Le marché est vite conclu. Elle viendra ranger, nettoyer, 
              repasser et tutti quanti, en l'absence de Jacques, dès le lundi 
              suivant. Avant la venue de sa femme de ménage, Jacques se transforme 
              en homme de ménage et débroussaille le terrain, histoire de ne pas 
              la décourager. Cette initiative part d’un bon sentiment mais se 
              révèle tout à fait inutile. Laura attaque son nouvel emploi avec 
              enthousiasme. Après sept heures de lutte à 60 francs de l’heure 
              ce fameux lundi, Jacques ne reconnaît plus les lieux, à tel point 
              qu’il lui demande de venir aussi le vendredi pour profiter d’un 
              appartement propre le week-end. Mais, le vendredi, Jacques ne travaille 
              pas... les 35 heures, on connaît. Laura ne fait aucune difficulté 
              d’autant qu’elle vient de se faire larguer par son petit ami et 
              qu’elle se trouve sans logis. De là à demander à Jacques de la dépanner 
              quelques jours, il n’ y a qu’un pas qu’elle franchit aussi allègrement 
              qu’elle franchit celui qui la conduit au lit de ce dernier. Bougon 
              et réticent, Jacques ne résistera pas longtemps à cette nymphette 
              qui vient tout à coup bousculer sa solitude, à ce coeur tendre qui 
              ne demande qu’un peu d’amour. Mais la différence d’âge est là, Jacques 
              y sera tôt ou tard confronté.
 Claude Berri fait une bien jolie adaptation du roman de Christian 
              Oster. Le scénario, les dialogues, les personnages, tant principaux 
              que secondaires, sont brossés d’un trait sûr et reflètent bien l’usure 
              de la vie commune de bon nombre de couples après quinze ou vingt 
              ans de mariage, les ruptures trop hâtives et les regrets qui s’ensuivent, 
              la réconciliation hypothétique. Jean-Pierre Bacri se glisse dans 
              la peau de Jacques avec un naturel confondant, parvenant même à 
              décocher quelques sourires inattendus chez lui, sans doute séduit 
              par une Emilie Dequenne belle à croquer, merveilleuse Rosetta des 
              frères Dardenne, que l’on a plaisir à retrouver (Lettre 206).
 
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