UN
LONG DIMANCHE DE FIANCAILLES
Article
publié dans la Lettre n° 233
UN LONG DIMANCHE DE FIANCAILLES. Film français
de Jean-Pierre Jeunet avec Audrey Tautou, Gaspard Ulliel, Dominique
Pinon, Ticky Holgado, Chantal Neurwirth, André Dussolier, Marion
Cotillard, Jodie Foster (2004-couleurs-2h15).
Maneck et Mathilde se sont vite « trouvés »: ils avaient neuf et
dix ans. Une enfance heureuse dans un petit village de Bretagne,
pour lui dont le père était gardien de phare, pour elle, orpheline,
élevée dans la tendresse par ses oncle et tante. Il a fallu la Grande
Guerre, celle de 14, pour les séparer. Lorsque la voiture est partie
avec son amour, Mathilde a pensé: «Si j’arrive au virage avant la
voiture, Maneck reviendra vivant». Elle est arrivée trop tard.
Le 6 janvier 1917, sur le front de la Somme, les combats font rage.
Dans le froid de l’hiver et sous les trombes d’eau, les hommes tentent
de survivre dans les tranchées inondées. Cinq soldats viennent d’être
condamnés à mort pour l’exemple, par le conseil de guerre, pour
mutilation volontaire. Maneck est l’un d’entre eux: il a volontairement
attiré l'attention de l'ennemi sur sa main en allumant une
cigarette. La grâce, leur seule chance d’éviter le peloton d’exécution,
ils l’attendent du président Raymond Poincaré. Prévenue du décès
de Maneck «mort au champ d’honneur», Mathilde se refuse à affronter
cette vérité froide, écrite sur une feuille de papier. Cet amour-là
ne peut s’éteindre, le fil qui les lie n’est pas coupé, elle le
sent. Avec l’aide du notaire qui s’occupe de ses affaires et d’un
détective, elle entreprend de reconstituer les événements passés
au moment de la disparition de Maneck. Avec détermination, elle
va remonter le fil ténu mais intact qui les unit pour la vie. Elle
poursuit jusqu’au bout son enquête, avec dans le regard une inébranlable
confiance, mêlée d’un espoir fou, et découvre toute l’horreur de
la guerre, la monstruosité des uns, l’amitié et la solidarité des
autres, la constance de l’amour et l’esprit de vengeance des femmes
qui ont aimé.
Depuis longtemps impressionné par le roman de Sébastien Japrisot,
Jean-Pierre Jeunet reprend un sujet maintes fois traité, celui de
la première guerre mondiale, serti d’une histoire d’amour romantique.
Avec une formidable limpidité, il retrace le calvaire de ces soldats
morts à cause de la folie des hommes. La force de sa démonstration
tient autant au fond qu’à la forme. En grande partie produit par
la Warner, le réalisateur n’a pas lésiné sur les moyens et c’est
avec une impressionnante méticulosité qu’il reconstitue l’époque,
celle des tranchées, mais aussi celle de la vie parisienne ou campagnarde
des années vingt. Ici, l’auteur du Fabuleux destin d’Amélie Poulain
s’est surpassé. Les mots sont ternes pour qualifier l’excellence
des prises de vue, la magie du cadrage sur les scènes de vie, les
paysages et les personnages. Une myriade de comédiens chevronnés
se donnent la réplique de façon magistrale, tous profondément impliqués
dans cette oeuvre commune. Un très grand film, pour ne pas prononcer
le mot chef-d’oeuvre, si souvent galvaudé, qui gageons-le, fera
le tour du monde. Lien: http://wwws.warnerbros.fr/movies/unlongdimanche/
Retour
à l'index des films
Nota:
pour revenir à « Spectacles Sélection »
il suffit de fermer cette fenêtre ou de la mettre en réduction
|