TOSCA

Article publié dans la Lettre n° 193


TOSCA. Film français de Benoît Jacquot. Direction musicale Antonio Pappano avec Angela Gheorghiu, Roberto Alagna, Ruggero Raimondi, l’orchestre et les choeurs du Royal House de Covent Garden (2000-noir et blanc et couleurs-2h00).
Avec ou sans passion particulière pour l’opéra, on ne peut passer à côté de cette Tosca, proposée par Benoît Jacquot. Depuis le Don Giovanni de Mozart, réalisé en 1979 par Joseph Losey, Daniel Toscan du Plantier, le producteur, se devait de renouer avec le cinéma opéra pour que voie le jour sa passion pour Tosca. Il a confié cette tâche difficile à Benoît Jacquot, expert en la matière, avec une distribution de très haut niveau puisqu’elle réunit Angela Gheorghiu (Tosca), Roberto Alagna (Cavaradossi) et Ruggero Raimondi (Scarpia). Et le miracle a lieu. La musique de cet opéra prend naturellement sa place au cinéma parce qu’elle n’est que passion et qu’elle passe sans transition de la haine à l’amour, de l’emportement à l’apaisement. Il suffisait au réalisateur de ne pas manquer ces moments d’intensité et de filmer l’émotion pure à travers la musique mais aussi par l’intermédiaire de véritables « acteurs » de l’opéra. Le thème est simple. Il s’agit pour le peintre Cavaradossi, amoureux de Tosca, de sauver Angelotti, partisan évadé lors d’une campagne de Bonaparte, des griffes de l’affreux Scarpia, chef de la police, même s’il met en danger son amour et sa vie.
Dès le premier acte, les chanteurs se métamorphosent en chanteurs « actant ». La musique, constamment rehaussée par leur interprétation prend une autre dimension. Elle n’est plus musique pure, provenant de l’orchestre et de la gorge du chanteur sur une scène mais sortie de la bouche du comédien « chantant » même si le réalisateur a eu recours au play-back. L’illusion est parfaite parce qu’elle semble nous parvenir en direct, les chanteurs exprimant par leurs gestes et leurs attitudes l’intensité de leurs passions contrariées. Le point culminant reste la scène dans les appartements de Scarpia, où Benoît Jacquot se sert pour la lumière de la simple lueur des chandelles et du feu dans l’âtre. A ce moment, l’émotion est à son comble et la passion de l’oeuvre atteint son niveau le plus intense. Incarnée par les personnages dont on suit le moindre geste, elle se trouve doublement exprimée jusqu’au drame final. Il ne s’agit plus là d’un opéra classique écouté et vu de loin sur scène mais d’une oeuvre d’art complète, bouclée en deux heures, à laquelle le spectateur participe avec ses émotions propres. Une véritable réussite. Lien:
www.pyramidefilms.com/tosca


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