TIRE A PART

Article publié dans la Lettre n° 126


TIRE A PART. Film français de Bernard Rapp avec Terence Stamp, Daniel Mesguich, Maria de Medeiros, Jean-Claude Dreyfus, Franck Finlay (1996-couleurs-1h30).
Jusqu'à présent, Nicolas Fabry n'a écrit que des romans policiers sans importance. Mais voici qu'aujourd'hui, il confie à Sir Edward Lamb, ami et éditeur anglais, un manuscrit qu'il vient d'achever. Son nom « Il faut aimer ». Il pense avoir écrit là un grand roman, un roman très personnel, l'histoire de sa vie. Edward Lamb lit le manuscrit d'une traite. Ce qu'il va en penser, en tirer comme enseignement, nul ne le saura jamais. Mais l'histoire autobiographique qu'il vient de lire va l'obliger à agir. « Il faut aimer » sera édité. Il recevra même le prix Goncourt tant convoité. Cependant, « Un bon livre est une bombe à retardement ». Celui-ci sera coupable d'une mort.
Le roman de Jean-Jacques Fischter a diablement bien inspiré Bernard Rapp. C'est avec un savoir-faire, une intelligence éblouissante qu'il en extrait la substantifique moelle. Le scénario retrace avec précision la machination machiavélique qui va s'opérer à partir du livre. La mise en scène est d'une rigueur extrême. Le choix des interprètes a été scrupuleusement étudié. Terence Stamp, l'éditeur anglais est d'une froideur implacable. Daniel Mesguich est un Fabry désagréable à souhait. Jean-Claude Dreyfus, l'éditeur français qui ne pense qu'au profit, est d'un grand naturel. Maria de Medeiros toute à sa vengeance est éclatante. Une musique délicate est la cerise sur le gâteau. Un film captivant, longuement pensé, qu'il ne faut pas manquer. Si vous voulez savoir comment un livre peut tuer, courez voir Tiré à part, en version anglaise bien sûr, vous ne le regretterez pas.


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