THE
MAGDALENE SISTERS
Article
publié dans la Lettre n° 210
THE MAGDALENE
SISTERS. Film anglais de
Peter Mullan avec Geraldine Mac Ewan, Anne-Marie Duff, Dorothy Duffy,
Nora-Jane Noone, Eileen Walsh (2002-couleurs-2h00).
La vie en Irlande en 1964 n’est guère réjouissante pour une jeune
fille. Au cours d’une noce, Margaret se fait violer par un cousin,
elle aura le tort de dénoncer ce drame. Son père, « déshonoré »,
la place immédiatement près de Dublin dans l’un des « Magdalene
homes», couvents-laveries fondés au XIXe siècle, et tenus par des
religieuses. Elle va y rejoindre Bernadette, une orpheline trop
jolie qui soutient effrontement le regard des garçons qui l’interpellent
depuis les grilles de l’orphelinat. Rose, mère célibataire, vient
d’accoucher d’un superbe garçon à la grande honte de ses parents.
Ils lui feront signer une demande d’abandon avant de la faire enfermer
elle aussi dans ce couvent. Elles vont retrouver là des compagnes
d’infortune, filles perdues comme Crispina, cette mère dont le fils
illégitime est élevé par sa soeur qui vient au bout du jardin lui
montrer l’enfant qui grandit sans elle. Frottant, rinçant, repassant
toute la sainte journée entre deux prières, le couvent où elles
sont enfermées pour leur vie devient un bagne à l’enfer quotidien.
Mal nourries, sans salaire, elles sont quotidiennement frappées,
punies et humiliées par des religieuses sadiques qui cherchent à
assouvir leurs frustrations en leur faisant expier au nom d’un Dieu
offensé des fautes qu’elles n’ont pas commises. Deux d’entre elles
parviendront à s’échapper. Margaret sera sauvée par son frère. Crispina
quant à elle, après un esclandre au cours d’une fête religieuse,
mourra dans un asile d’aliénés. Le couvent fermera définitivement
ses portes en 1993 après avoir «accueilli » plus de 30.000 jeunes
filles sans qu’un mot de regret ne soit prononcé par les autorités
civiles ou religieuses.
Tiré de l’histoire réelle vécue par quelques- unes de ces jeunes
filles, le deuxième film de Peter Mullan ne cherche pas le spectaculaire,
ne tombe pas, quoiqu’on en dise, dans la caricature. Il décrit simplement
et sans fard la triste réalité subie par des filles dont les parents
cherchaient à se débarrasser, un univers où elles ne parviennent
pas à fuir la lubricité et le mépris des hommes, forts de siècles
d’impunité. Remarquablement filmée, la scène du viol habilement
suggéré, montre à elle seule un métier déjà sûr. Les comédiennes
sont pathétiques de réalisme et de vérité. On sort consternés et
révoltés par le dédain et la méchanceté affichés, à la pensée maintes
fois constatée que le monde sera toujours partagé entre ceux qui
exercent leur petite puissance sur ceux qui n’ont d’autre alternative
de que la subir. Lien: www.marsfilms.com/film/minifiche/frame_fiche.php?IDFilm=83
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